Day 19

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Croiser Livaï en quittant ma chambre le matin, avant même la sonnerie de mon réveil, ne fut pas la façon idéale de démarrer la journée.

J’avais très bien dormi, contrairement à mes attentes, mais Lois, le mec aux mêmes heures de sommeil qu’un coq m’avait appelé pour me parler d’un document dont il avait besoin et que j’avais oublié de scanner au préalable. J’étais donc contrainte de quitter mon lit douillet à cinq heures du matin, quatre heures avant le début du tournage pour me rendre dans la chambre de Clara. Par je ne sais quel moyen, mon assistante était réveillée et avait répondit presque instantanément au message où je m’excusais et lui demandais si elle avait une copie.

Ne voulant pas abuser de sa gentillesse et de sa réceptivité hors des heures du travail, je m’étais rendu chez elle récupérer le foutu papier. Elle était levée, une boisson verte à la main et en tenue de sport. Son tapis de yoga attendait sagement, et je faillis m’endormir dessus pendant qu’elle cherchait les feuilles tant j’avais sommeil. Je passais par le rez-de-chaussée, prenant un encas dans la machine pour combler mon petit creux et abandonnais le café, préférant gratter encore quelques heures de sommeil.

En cherchant à regagner ma chambre, je me retrouvais bien évidemment à attendre l’ascenseur avec la personne que je voulais le plus éviter. La vie semblait décider à rattraper nos sept ans sans contact en ces deux jours.

Je n’eus même pas la force de rouler des yeux en le voyant entrer dans l’hôtel, de retour de ce que j’assumais être son jogging matinal. L’odeur du croissant soigneusement emballé mêlée à celle du café qu’il tenait envahirent mes narines dès qu’il s’arrêta près de moi, détournant mon attention de l’homme que je détestais tant.

J’eus presque envie de le laisser là-bas et de prendre les escaliers, mais refusant de reproduire la scène d’immaturité de la nuit où il m’avait déposé, je me tins droite comme un pic. Enfin, c’était trop dire. Mes épaules étaient affaissées et ma tête inclinée alors que je combattais l’envie de m’endormir adossée au mur.

-« C’est que t’es vraiment pas matinale. »Remarqua t-il avec indifférence, les yeux fixés devant. Je me retins de lui balancer son café à la gueule.

-« C’est que t’es vraiment emmerdant. »

-« Le professionnalisme, hein ? »

-« Est-ce que j’ai l’air de vouloir papoter ? »Demandai-je en levant les yeux au ciel.

-« ça ne change pas vraiment de nos dernières rencontres. »

-« Et moi qui te croyais aveugle. C’est juste que tu t’en fous de mes désirs. »

-« Tu réalises que je suis contractuellement forcé à faire ce truc ? Tu crois que je n’ai rien de mieux à faire que de raconter ma vie à des caméras ? »

Un soupir d’exaspération m’échappa.

-« Raconter ta vie, c’est un peu abusé. J’ai rarement eu à faire des interviews avec des personnes aussi fermées. »Fis-je remarquer.

-« Parce ce qu’il y’a pire ? Faudrait que je m’améliore alors. »

A contre cœur, un rictus étira mes lèvres, mais je m’empressais de le chasser.

-« Si tu pouvais répondre en plus d’une phrase, j’aurais peut-être un peu moins envie de te gifler. »

-« Tant de violence. »commenta-t-il.

-« Et encore, je me retiens. »

-« En même temps, t’es pas très menaçante comme femme. »

Mais qu’est-ce qu’il me cherche à cette heure lui ?!

100 Days 《Livaïxreader》Où les histoires vivent. Découvrez maintenant