Fragments De Vies

27. In Noctem

Février 1997

Contexte : ce court chapitre se déroule après la célèbre scène "After all this times" partagée par Dumbledore et Rogue. Mes inspirations demeurent les livres, bien que l'interprétation d'Alan ne soit plus à commenter tant elle brille de justesse ! Ainsi les paroles en italiques sont de vraies répliques du livre. 

J'imagine ici une brève introspection de Rogue, après avoir pris conscience qu'Harry devrait mourir. 

Dans les films, il existe une scène coupée où l'on voir Rogue juché en haut d'une tour de Poudlard, le visage plongé dans l'obscurité, avant que la lumière de la lune ne l'éclaire à nouveau. Cette séquence toute en symbolique (la lumière chassant la nuit pour ce mangemort repenti) est magnifiquement accompagnée du chant In Noctem. D'où mon titre...

Bonne lecture :)

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Le ciel de Poudlard s'assombrissait petit à petit, les derniers rayons du jour disparaissaient derrière les montagnes écossaises, volant avec eux quelques degrés pourtant fort appréciables. Le directeur des Serpentards se tenait en haut de la tour d'astronomie, aussi droit qu'une statue de pierre, ses robes noires se fondant parfaitement dans l'ombre de l'architecture. Sa chevelure corbeau dansait avec légèreté à chaque nouvelle rafale du vent tombant, il ressemblait plus que jamais à un spectre. Un soupire de lassitude échappa à son contrôle.

Décidément cette nouvelle année à Poudlard ne se déroulait absolument pas comme Severus l'avait espérée !

Pour commencer, jouer les chaperons auprès de l'héritier Malfoy s'avérait plus ardu que jamais. Draco ne lui faisait plus confiance. Peut-être parce qu'il s'imaginait que Severus avait pris la place de son paternel. Ou bien tout simplement parce qu'il subissait la mauvaise influence de sa tante Bellatrix. Peu importait les raisons, le résultat restait malheureusement le même : Severus peinait à anticiper les agissements de son filleul et Poudlard avait échappé de justesse à deux catastrophes : une malédiction et un empoisonnement. Il avait bien évidemment tenté la légilimencie pour remédier à tout cela, mais c'était sans compter sur les talents d'occlumens de son protégé. S'ajoutait à cela une fâcheuse tendance à la fuite qui ne ressemblait pas du tout au jeune Malfoy. Lui qui auparavant s'illustrait dans la démonstration permanente de sa supériorité, invariablement flanqué de ses acolytes et ne manquant jamais une occasion de rabaisser ses Némésis de Gryffondor, disparaissait à présent, parfois des heures durant, sans que le Maitre des potions n'en retrouva la trace.

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L'autre point fâcheux, ou du moins qui minait Severus plus que de raison, était la méconnaissance des plans de Dumbledore. Ce dernier multipliait les réunions nocturnes avec le gamin à la cicatrice pour le « préparer » à la suite, mais avait refusé de mettre son espion dans le secret.

- Je préfère ne pas mettre tous mes secrets dans le même panier, surtout dans un panier qui passe autant de temps accroché au bras de Lord Voldemort.

Cette réplique acérée comme la lame d'un couperet continuait de tourmenter le professeur. Il comprenait les motivations du directeur, néanmoins endosser le rôle du soldat de l'ombre sans véritablement connaître toutes les cartes en jeu lui était de plus en plus insupportable. Pièce maîtresse ou simple pion, il savait que les deux pouvaient être sacrifiées pourvue que la partie fusse remportée...

La brise du soir mourut, et un silence glaçant prit sa place. Severus s'enroula un peu plus dans sa cape. Le froid ne le quittait plus depuis quelques temps. Il se sentait gelé jusqu'à l'os. La seule chose qui le réanimait brièvement était la présence de Mia. Ses sourires enivrants, son insatiable curiosité, ses renversants yeux outremer, la douceur de sa peau, l'éclat de son intelligence, la tendresse de ses lèvres, le feu de leurs ébats, sa fidélité à toute épreuve, sa crinière aussi indomptable que sa propriétaire... demeuraient autant de choses qui maintenaient la tête de l'espion hors de l'eau. Et même si chacun de ses départs plongeait à nouveau Severus dans une froide solitude mêlée d'inquiétude, il savait qu'elle reviendrait près de lui.

En ce sens Dumbledore s'était trompé. Il avait jugé trop rapidement l'impact d'une relation sentimentale dans les agissements de son professeur. Il y avait vu une faille, alors qu'elle n'était qu'armure.

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La voûte céleste revêtit sa parure d'étoile et l'espion les contempla avec mélancolie. Son cœur se serra douloureusement en repensant à la discussion qu'il venait d'avoir avec son vieux mentor.

- Voldemort devra le tuer de sa main, Severus. C'est essentiel.

Imaginer que le jeune Potter devienne l'ultime sacrifié, lui avait retourné les entrailles. La peine qu'il avait éprouvée pour le garçon, et par extension pour sa défunte amie Lily, avait été d'une telle intensité que son patronus en avait retrouvé sa forme originelle : celle d'une biche.

- Par Salazard..., jura Severus à voix basse.

Il ne pouvait se faire à cette idée. Comment la fin d'une guerre pourrait reposer sur le meurtre d'un enfant ?! Comment Dumbledore avait-il pu former, instruire, accompagner Harry de la sorte, comblant sciemment la place de parent que l'enfant lui offrait sur un plateau...tout en ne tentant rien pour le sauver véritablement ?! Pire que cela : le directeur semblait tout à fait à l'aise avec cette idée. Alors pourquoi Severus, lui, en était malade ? Peut-être parce qu'il trouvait que le destin s'acharnait assurément trop sur le jeune Potter, que cette chienne de fatalité pourrait changer de cible parfois, et que la vie d'un jeune homme n'aurait jamais dû être enchaînée à celle d'une mage noir sanguinaire.

Les mains du potioniste se refermèrent sur son visage pâle.

Pardonne-moi Lily... murmura-t-il entre ses doigts.

Puis repensant à Draco :

- Décidément, je n'honore aucune de mes promesses faîtes aux mères...

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Un chapitre très court avant le suivant...

J'ai aimé l'écrire bien que la version publiée pour le moment ne me satisfasse pas complètement. Quel est votre avis ?

A très vite pour la suite !!