Fragments De Vies

47. Au crépuscule d'une nouvelle vie

1er mai 1998

Le récit de la fuite quasi miraculeuse du jeune Potter à dos de dragon, avait parcouru tous les couloirs de Poudlard en moins de temps qu'il ne fallait pour dire Felix Felicis. La prouesse de l'Elu dont l'inconscience avait fait enfourcher l'une des créatures les plus dangereuses du monde sorcier, après avoir mis à sac la banque prétendument la mieux gardée de Londres, et de surcroit au nez et à la vue d'une horde de gobelins et de Mangemorts, ...avait arraché un rictus moqueur à Severus. Il admettait volontiers qu'il avait éprouvé une immense fierté pour le fils de Lily. Encore un élève qui outrepassait les prétendus aptitudes dictées par son blason !

Cependant cet agréable interlude s'était rapidement vu écourté par une missive que Voldemort lui avait fait parvenir dans la matinée :

« Potter va essayer de pénétrer le château. Redouble de vigilance et ne me déçois pas comme les autres ».

Un message aux allures de menace, qui tenait sur une ligne de parchemin, et que le Mage noir semblait avoir griffonnée à la hâte. Cet empressement et le fait qu'il ne l'avait aucunement dérangé de visu, laissaient Severus penser que son « maître » s'était rendu près de ses Horcruxes pour en vérifier l'état. Tout s'accélèrerait bientôt, puisqu'il découvrirait que la plupart avait déjà été détruits.

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En fin de matinée, Mia avait refusé de demeurer plus longtemps au lit. Severus avait un peu lutté pour la forme mais savais pertinemment qu'elle n'entendrait rien à ses remontrances puisqu'elle avait deviné que le dénouement de cette guerre était proche. Lorsqu'il revint dans la chambre, il la surprit plantée devant la grande glace, en pleine contemplation de son profile, caressant son ventre dont l'arrondi s'était déjà effacé. Vêtu d'une simple tunique ouverte et de sa lingerie, elle redessinait les contours de sa récente cicatrice qui lui faisait un étrange sourire sur le bas du ventre. Severus s'approcha d'elle et l'emprisonna avec douceur au creux de ses bras.

- Une cicatrice de plus, commenta Mia avec amertume.

Elle posa son front contre la mâchoire de son amant avant d'ajouter :

- Me pardonnes-tu d'avoir été incapable de garder notre enfant plus longtemps à l'abri ?

Sa voix s'étrangla quelque peu sur les derniers mots et le directeur s'empressa de capturer ses lèvres pour taire ses moindres doutes.

- Vous serez bientôt réunis, et tous les deux plus forts que jamais !

- Tous les trois !, corrigea Mia tandis que des larmes glissaient silencieusement sur ses joues encore pâles.

- Mon amour, je ne suis pas sûr de...

Cette fois-ci ce fut Mia qui emprisonna sa bouche pour lui imposer le silence. Severus s'abandonna complètement à cette tendresse, cueillant le visage de son âme-sœur en coupe, comme un assoiffé se désaltérerait du plus agréable des nectars. La fatalité lui ordonnait de savourer chacun de ces derniers instants de félicité, alors il s'exécutait sans s'interroger. Bien évidemment qu'il avait peur, maintenant qu'il avait tant à perdre. Mais il usait de ses compétences d'occlumens pour repousser ses angoisses, car elles le rendaient faible. Cette nuit, il achèverait de se racheter une conscience. Avant le petit jour, il aiderait à sauver le monde sorcier, le seul véritable et précieux héritage qu'il laisserait à son enfant.

**🍀

Mia demeura un moment perchée en haut de la volière. Elle scruta l'horizon et les petits points sombres qu'étaient désormais les chouettes et hiboux qu'elle avait envoyés aux membres de l'Ordre. Elle espérait sincèrement que sa contribution serait de taille. Elle éprouvait des sentiments contradictoires : de la crainte et de la hâte. Elle voulait furieusement que cette guerre cesse, que Severus et elle se rendent à St Mangouste près de leur fils en s'empressant de tout oublier... mais à contrario, elle appréhendait la fin de cette lutte mettant plus que jamais son compagnon en péril.