8. La ronde 🧥🍷🔮

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novembre 1989

Severus laissa échapper un juron, balayant l'entièreté de son plan de travail d'un geste furieux. Il jeta un regard venimeux aux ingrédients éparpillés sur le sol de pierre froide, comme s'ils étaient responsables de son échec. Sa vue se troubla de larme rageuses. Il enfouit ses doigts dans sa chevelure de jais, agrippant quelques mèches et serrant les dents fermement pour s'empêcher de hurler sa déception.

Par Merlin et tous ses ancêtres réunies, pourquoi était-ce si compliqué ? Cela faisait au moins la dixième fois qu'il reprenait tout à zéro et que sa création échouait à la même étape. Il en avait la certitude désormais, il lui faudrait fouler l'allée des embrumes pour obtenir un une peau d'amphibe de meilleure qualité. La perspective de cheminer dans ses ruelles mal famées, remplies d'anciennes connaissances en cavale et d'aurors en filature, lui minait déjà le moral.

Severus se massa les tempes avec lenteur, en réfléchissant déjà à la meilleure façon pour y faire un passage discret mais efficace. Nom d'une gargouille, et cette douleur qui lui vrillait l'épaule et le cou. Comment réfléchir convenablement lorsqu'une mâchoire invisible prenait possession de votre chaire sans crier gare. Cette sensation de déchirure plus ou moins lancinante faisait régulièrement son apparition depuis qu'il avait vendu son âme au Djinn. Ça, et les cauchemars.

Severus, se frotta vigoureusement la nuque, grogna encore une fois pour la forme puis invoqua un evanesco bien senti sur son semblant de potion. Il quitta alors son laboratoire pour gagner sa bibliothèque. Un feu mourant l'accueillit. La fraicheur des cachots avait pris possession de la pièce. Le potionniste ne sembla pas y prêter attention. Il ouvrit l'une de ses vitrines, saisit un verre et une bouteille poussiéreuse de liqueur à la poire, pour s'en servir un fond. La première gorgée qui inonda son palais lui arracha une inspiration profonde, puis un grondement de pure délectation. Les traits de l'ancien mangemort se détendirent instantanément. Il se laissa tomber, sans délicatesse aucune, dans son vieux fauteuil. Ses pensées devinrent moins cohérentes, à mesure que l'alcool sucré disparaissait du verre, traçant des sillons brûlants dans son œsophage. Bientôt un troisième verre fut servi d'un coup de baguette. Severus accueillait à bras ouvert cette plénitude qui l'enveloppait progressivement, aussi savoureuse qu'un tapis de plumes. La seule maîtresse qui pouvait rarement remplacer Mia, demeurait l'ivresse. Et puisque ce soir il avait échoué une nouvelle fois dans l'élaboration du remède contre la malédiction de son âme sœur, il se tournerait vers l'ébriété pour oublier.

**🍀

Plusieurs coups frappés à sa porte le tirèrent brutalement de sa léthargie. Severus se redressa péniblement. La bouteille de Xanté gisait vide sur le tapis, non loin de l'âtre, où quelques braises tentaient vainement de survivre. Le professeur passa une main sur son visage. Qui pouvait donc venir le déranger à cette heure-ci ? Comme pour répondre à ses interrogations, une nouvelle salve de martellements résonna. L'ancien mangemort grommela une insulte qui avait un rapport avec l'anatomie des trolls, saisit un philtre de dégrisement qui se trouvait dans son armoire, avant de l'ingurgiter d'une traite, puis gagna son entrée, alors que l'on tambourinait pour la troisième fois.

- Ah Professeur Rogue enfin !

Severus se retint d'hurler sur le vieux concierge qui se tenait dans l'encadrement de sa porte. Rusard portait un accoutrement pour le moins inhabituel. Sa tête de vautour décharné disparaissait sous un bonnet de nuit parfaitement grotesque, tandis que le reste de son corps avait revêtu à la hâte un pantalon élimé et une chemise grisâtre débraillée. Le regard impassible du directeur Serpentard tomba sur une magnifique paire de pantoufles licorne et le gardien sautilla d'un pied sur l'autre en s'en apercevant.

- Hum, s'ébroua-t-il, je suis venu vous chercher le plus vite possible.

- De toute évidence, releva Severus sans quitter des yeux les chaussons féériques.

- Miss Teigne a repéré quelqu'un dans l'aile Nord du château.

La susnommée vint se frotter sur les jambes maigres de son maître, arrachant le potionniste à sa contemplation. Il planta ses orbes noirs dans le regard soucieux du vieux concierge.

- Et puis-je savoir pourquoi, de toutes les figures d'autorité présentes dans ce château, vous avez jeté votre dévolu sur ma personne, grinça-t-il

- Euh, vous êtes le plus proche de mes appartements Professeur, s'excusa Rusard en exécutant un simulacre de révérence à la hauteur de ses capacités fourbues par les rhumatismes.

- Merveilleux...commenta le Serpentard en saisissant sa cape. Eh bien allons trouver cet élève récalcitrant !

Il verrouilla l'accès à son habitation d'un informulé et passa devant Rusard d'un pas pressé.

- Plus vite nous aurons élucidé cette histoire, et plus vite nous retrouverons la chaleur de nos lits !, ajouta-t-il.

Et l'autre de trottiner derrière lui en brandissant sa lanterne.

**🧙‍♂️

Et nous voici réunis comme chaque weekend pour une nouvelle histoire.

Des pronostics sur l'origine du raffut qui a attiré Rusard ?

Que pensez-vous de ce personnage d'ailleurs ? Moi je le place assez aisément dans le groupes des pénibles. Et c'est pourquoi je trouve son adaptation cinématographique assez réussie :)

La suite arrive !!

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Fragments De ViesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant