Fragments De Vies

7. Une famille pleine de ressources 🦁🎇🧪

Février 1989

Le directeur Serpentard soupira pour la dixième fois en l'espace d'un quart d'heure, sa patience était mise à rude épreuve en cette fin de semaine. Il lui restait encore une partie de son après-midi aux côté des septièmes années et la migraine pointait déjà le bout de son nez. Il fallait dire que Severus avait été passablement éprouvé par le dernier cours : les jumeaux Weasley n'avaient rien trouvé de mieux que de colorer les cheveux de Warrington en vert criard, le faisant ressembler à une énorme touffe d'herbe écossaise. Les deux farceurs n'avaient pas caché leur hilarité, jugeant que cette coupe convenait beaucoup mieux à leur victime, aux vues de son appartenance à la maison de Salazar. Severus avait manqué de peu d'éclater de rire en découvrant la tête de son capitaine de Quidditch, ne devant son salut qu'à ses compétences d'occlumens aguerri. Car bien que la victime fût un élève de sa maison, il reconnaissait volontiers que Warrington appartenait davantage au groupe des brutes aussi réfléchies qu'un veracrasse écrasé, qu'à celui des étudiants modèles ou s'illustrant par leur sagacité. Cela valait bien un petit changement de look n'est-ce pas ? N'avait-il pas lui aussi, érigé des oreilles d'âne sur les crânes vides de ses persécuteurs en cinquième année ?!

En outre, et pour être tout à fait honnête avec lui-même, l'élaboration en première année d'un philtre colorant les phanères, représentait une belle prouesse. Le maître des potions garda cela pour lui bien évidemment : il avait une réputation à tenir après tout ! Cela avait été difficile de regagner le calme dans sa classe. Severus avait dû redoubler d'autorité, et délivrer, à contrecœur, une retenue aux deux rouquins facétieux (il décida cependant de ne pas soustraire de points à la maison des lions, c'était pour lui son aveu de faiblesse face à l'ingéniosité des jumeaux).

En attendant son prochain et dernier cours, l'ancien mangemort réfléchissait à la punition qu'il pourrait attribuer à ses deux jeunes élèves Gryffondor, observant calmement les septièmes années s'installer à leur paillasse. Un sourire naquit sur ses lèvres, qu'il s'empressa de faire disparaître derrière son masque de neutralité. Il avait eu une idée : il pourrait profiter de l'heure de colle pour nourrir l'imagination fertile des deux frères. L'innovation dans le domaine de la magie était pour Severus, une qualité à encourager. Il envisageait de leur faire trier et ranger sa réserve, ce qui leur permettrait d'avoir un œil sur les multiples ingrédients susceptibles d'entrer dans la composition de lotion ou crème piégeuses. Définitivement, cela convenait à Severus. Il stimulerait l'intelligence des jumeaux Weasley.

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Le raclement d'une chaise sur les pierres nues du sol, tira le professeur de ses spéculations. Il jeta un regard noir menaçant au Serdaigle qui l'avait arraché à ses pensées, et celui-ci se contenta d'un clignement de paupières, la bouche crispée en cul de poule.

- Bien, entama Severus en se levant, je n'ai exceptionnellement pas préparé la potion du jour, afin d'éviter les effusions hormonales habituelles.

Un silence quasi religieux accueillit son introduction. Il ôta sa redingote avant de la poser sur son fauteuil de bureau. En fin de journée, la salle de potions prenait plusieurs degrés grâces aux multiples feux, cela pouvait en devenir étouffant. Il crut entendre une élève ou deux, inspirer bruyamment, lors de son modeste effeuillage, mais décida d'ignorer cette information. De toute évidence, les adolescentes s'émouvaient de peu.

- Notre création du jour est généralement l'une des préférées de votre cursus, poursuivit-il avec un rictus énigmatique.

Quelques mouvements de baguette permirent aux instructions d'apparaître sur le tableau dans son dos. Le titre déclencha des exclamations impatientes : Amortentia. La voix de Severus se fit plus onctueuse, presque taquine :