Steven
- Allez, mec, viens avec nous !
- Non, je n'ai pas le temps.
Richard me lança un regard de chien battu. Je n'avais pas envie de sortir ce soir, j'avais mon rapport à finaliser. Je tenais toujours à ce que le boulot soit fini et clôturer une enquête de plus. Encore un fils de pute bouclé pour un certain temps, si la justice le veut bien.
Richard était mon co-équipier, mais surtout mon meilleur pote. Il disait tout le temps que j'étais un connard ennuyeux à mourir et que je ne pensais qu'au boulot. Mais je n'avais que ça dans ma vie. Je ne voulais que ça dans ma vie.
- Allez, ça fait combien de temps que tu n'as pas niqué ? Et je ne parle pas d'une meuf chiante comme ta tante, mais une bonne paire de fesses et de nibards que tu pourrais claquer avec ta queue mon frère ! Insiste mon pote.
- Tu me saoul enfoiré.
- Franchement, tu devrais penser à autre chose qu'au taf. C'est bon, le dossier est bouclé ! Viens fêter ça avec nous !
- Nous, Marcus, Romain et Eric ?
- Oui, comme d'habitude. La même bande de cons que tu adores allez mon pote ! Et puis Emy ! Tu ne l'as pas revue depuis quoi ? L'anniversaire de Joahn ? Elle va encore m'étrangler si je ne te ramène pas avec moi !
Emy était la femme de Richard et ma petite sœur. Oui, ma petite sœur et mon meilleur pote, il avait du mouron à se faire cet enculé. Elle était aussi tête de pioche que moi et dans le genre rentre dedans, numéro un. Ne jamais énerver une femme, surtout quand elle fait partie de ta famille.
- Tu fais chier. Je soupire en me levant de ma chaise.
- Cool, on y va, tu feras ton rapport demain !
Nous sortîmes du commissariat. Il faisait nuit, il était 19 h et j'étais épuisé. Cet enfoiré de trafiquant de drogue et violeur de mineur m'avait tiré la couenne. Des mois que nous étions sur l'affaire et aucun moyen de l'appréhender jusqu'à ce que ce petit con se pointe chez sa mère pour déposer son pognon. À l'aise comme chez mémé cet idiot.
Il n'avait pas pensé un seul instant que la baraque était sur écoute. Il ne s'était pas pointé une seule fois chez elle en un an et du jour au lendemain, bingo. Quand nous l'avions arrêté, sa mère nous avait tabassées avec sa cuillère en bois en hurlant que son fils était un petit ange tombé du ciel et que Dieu nous punirait de le lui avoir enlevé. Un ange, mon cul.
Après une dizaine de minutes, nous étions déjà devant le Rinato, un bar restaurant où se produisait des groupe de rock amateurs à l'occasion. Le patron était sympa et l'ambiance chaleureuse. Il y avait bien longtemps que je n'y avais pas mis les pieds. Cette affaire avait pris tout mon temps, pour finir aussi bêtement qu'on ne l'avait imaginé.
A l'intérieur, il y avait déjà pas mal de monde. Je n'aimais pas vraiment ça, je n'ai jamais été très sociable. Aller vers les gens, discuter de tout et de rien, ça me faisait plus chier qu'autre chose. Emy me disait tout le temps que j'étais un vieux papi aigri et qu'un jour, je finirais suprêmement seul.
Rentre-dedans.
Romain et Marcus, deux autres collègues étaient déjà assis à leur table habituelle avec Eric, notre commissaire et Emy. Mais je ne voyais qu'elle. Je ne la connaissais pas, je ne l'avais jamais vu. Des yeux verts saisissants, une chevelure brune épaisse posée sur ses épaules. Elle était incroyablement belle. Une beauté fragile et saisissante.
- Hey, mec ! Assis toi !
Je cligne plusieurs fois des yeux et regarde mon pote Romain qui me montrait une chaise vite avoisinnant la sienne. Juste en face d'elle.
- Et bien ! Cela fait une éternité ! Tu n'as pas honte ? Me demande ma sœur.
- Salut mimi. Je bougonne en tirant ma chaise pour m'asseoir.
J'étais très grand, j'avais besoin d'espace pour mes jambes. Je n'aimais pas être trop proche d'une table et je pouvais observer un peu plus facilement les gens en face de moi. Par contre, je ne tournais jamais le dos à la porte. Mais ce soir ça m'étais égale. J'étais distrait.
- Je te présente Lily, une amie de l'université. Elle s'est installée pas loin de chez toi, tu y crois ça ? Quelle coïncidence !
Emy ne disait jamais les choses au hasard. Elle prenait toujours ce petit ton autoritaire et ses gros yeux de maman pas contente, me faisant comprendre que c'était une petite amie potentielle, comme toute celle qu'elle m'a présenté jusqu'ici. Je hoche la tête poliment sans vraiment regarder la nouvelle venue dans les yeux. Je ne voulais pas lui donner de faux espoirs. Je n'étais pas fait pour la vie de famille, l'amour et toutes ces choses niant niantes que je rejette depuis des années.
Pourtant, je ne pouvais pas m'empêcher de jeter quelques petites œillades à des moments où elle ne me regardait pas. En fait, elle ne m'a pas regardé une seule fois, les yeux rivés sur ses mains. Quelque chose chez elle commença à réveiller l'enquêteur qui était en moi. Elle semblait mal à l'aise, torturée comme si tout ce qui se trouvait autour d'elle était une menace.
Elle ne parla pas une seule fois, souriait poliment au gars qui étaient adorables avec elle. Mais à chaque fois que Romain lui lançait des petites blagues un peu salaces, ses yeux s'écarquillaient légèrement et sa bouche se plissait. Comme si Romain était devenu une menace pour elle.
Oui, elle commençait vraiment à m'intéresser.
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Délivre moi du Mal
RomansaÉlisabeth est jeune, belle et mariée au richissime Victor DaCosta. En apparence, elle a tout pour être heureuse. Mais personne ne sait ce qu'il se passe dans l'intimité. Battue et constamment humiliée par son mari, sa vie est en danger. Elle décide...