Chapitre 5: La délivrance

156 15 0
                                    

 
Elisabeth

40 heures plus tard

J'ai déjà pensé au suicide. Plusieurs fois en réalité. Mais quelque chose au fond de moi se raccrochait à la vie et à l'espoir. J'étais terrifiée, le plan de Miguel était complètement fou, et même s'il disait que seul le salon et la cuisine étaient équipés de caméras, je savais Victor capable de me surveiller jusque dans les toilettes.

Victor était déjà parti depuis quelques heures. J'avais revêtu cette robe horrible qu'il m'obligeait à porter tous les mercredi. Une robe vert sapin à bretelle. Cette couleur était horrible, je la détestais. Je détestais chaque vêtement qu'il m'obligeait à porter.

Je n'avais pas beaucoup de temps. Miguel avait établi un plan d'évasion très serré, Victor pouvait revenir d'un moment à l'autre. Il aimait l'effet de surprise et la terreur qu'il provoquait chez moi quand il rentrait plus tôt que prévu. Je paniquais dès qu'il posait ses yeux froids sur moi, en particulier quand je portais autre chose que la tenue qu'il m'avait choisie.

Non, cette fois, c'était décidé. Je devais le faire, je devais sauver ce petit espoir qui sommeillait en moi, car si je restais quelques jours de plus, il risquerait de mourir avec moi. Les coups de Victor étaient de plus en plus violents. Il était tout le temps en colère et se déchaînait contre moi pour un rien.

La porte-fenêtre de la chambre me faisait face depuis une demi-heure. J'avais peur de l'eau, mais j'avais menti à Victor. Je n'ai jamais failli me noyer, mes parents étaient morts lors de leur anniversaire de mariage. Ils faisaient une croisière qui a tourné au cauchemar. J'avais seize ans et depuis l'eau me terrifiais. Les bateaux, le jet-ski, tout ce qui s'y rattachait me faisait penser que je pouvais périr moi aussi noyée. Si j'avais su que la mer me sauverait la vie...

La main tremblante, j'ouvre la baie vitrée. Le vent balaie mes cheveux et l'eau salée m'agresse les narines. La mer était un peu agité, mais assez calme pour nager. Ils prévoyaient une tempête dans la soirée, je devais agir maintenant. Pourtant, la peur me paralysait.

- Vous savez nager Élisabeth ?

- Miguel, même si je sais nager, je ne peux pas sauter.

- Voulez-vous vivre, oui ou non ?

Les paroles de Miguel raisonnent encore dans mon esprit. Oui, je voulais vivre, mais allais-je m'en sortir ?

Le coucher de soleil était magnifique. Je le regarde, les yeux brillants de larme. Oui, je voulais vivre et si je devais mourir, je préférais que ce soit par la mer et non de ses mains. Alors je saute.

L'eau glacée me percute. Je me débats pour remonter vers la surface. Je pousse sur mes jambes en brassant dans le vide. Je n'avais pas nagé depuis des années, j'étais rouillée, mais pas totalement. J'émerge parmi les vagues en reprenant ma respiration. Miguel voulait que je nage jusqu'au port. J'avais pour repère un phare.

Je nage du mieux que je peux en avalant de l'eau salée quand les vagues me percutent entre temps. La tempête se rapprochait. Je devais faire vite, mais pas facile quand vous n'avez pas nagé depuis vos seize ans. J'aperçois le phare qui éclaire la pénombre. La nuit est en train de tomber, le temps m'était compté.

Je peine à y arriver, mais je garde mon courage et nage encore et encore jusqu'à ce que le port apparaisse. J'en pleurais de soulagement si je n'étais pas en train de boire des litres d'eau de mer entre deux brasses. Miguel m'avait bien fait comprendre que je devais longer le bord et éviter d'être vu à la lumière et des gens.

Je me hisse sur le bord en tentant de reprendre ma respiration. Il faisait froid et j'étais épuisée. Soudain, quelqu'un posa une couverture sur mes épaules. Je sursaute, mais soupire de soulagement quand je reconnais la femme de Miguel, Maryline.

- Venez, ne tardons pas. Me dit-elle en m'aidant à me relever.

Nous marchons vers sa voiture garée dans l'ombre. Une fois montée à l'intérieur, Maryline démarre et m'emmène loin de cet enfer. Je regarde la villa s'éloigner dans le rétroviseur passager. Je n'éprouve aucune émotion. Rien du tout.

- Je vais vous ramener à la maison. Je vous donnerait des affaires propres et de quoi manger. Ensuite, je vous emmènerais à l'Eurostar. Votre amie vous attendra à votre arrivée. M'explique la femme de Miguel sans lâcher des yeux la route.

Je ne réponds pas et m'endors.

Quand Maryline me réveille, nous sommes arrivés chez elle. Elle me demande de me dépêcher. Je la suis à l'intérieur sans discuter. Elle m'emmène dans la salle de bain.

- Prenez une douche chaude. Je vous ramène des affaires et de quoi vous colorer les cheveux.

Je hoche la tête et attends qu'elle soit partie pour m'exécuter. J'ai toujours obéit sans discuter. Après ma douche, Marylin revient avec un tabouret et s'occupa de mes cheveux. Elle les coiffa en secouant la tête tristement.

- De si beaux cheveux, quel dommage.

- Il voulait qu'ils soient longs pour mieux m'attraper. Je lui réponds.

- Je vais arranger ça.

Elle prend un ciseaux, puis après avoir coiffé mes cheveux arrivant jusqu'en bas du dos, elle les coupe au niveau de mes épaules. Je lui demande de couper plus, ce qu'elle fait me faisant une coupe au carré . Puis avec une coloration achetée dans un supermarché, elle me teint les cheveux en brun. Mes cheveux commençaient à frisotter. Je les lissais pour faire plaisir à Victor, les voir friser me rappelait ma mère qui avait les mêmes frisottis que moi. Je souris franchement pour la première fois depuis des années.

- Merci. Dis-je à Maryline qui me sourit à son tour.

- Vous êtes courageuse Élisabeth. Moi, je l'aurais tué.

- Lily. Appelez-moi Lily, s'il vous plaît.

Maryline hoche la tête et m'entraîne dans la pièce principale. Puis elle me tend un sac à dos et un sac de sport.

- À l'intérieur, je vous ai mis un sandwich et une bouteille d'eau. Il y a aussi vos nouveaux papiers avec votre nouvelle identité. Dans le sac de sport, je me suis permis de vous mettre quelques affaires et un manteau. Apparemment, il pleut beaucoup là où vous allez.

Émue, je la remercie encore.

- Ne tardons pas, nous avons encore de la route à faire.

Délivre moi du MalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant