Chapitre 11: Remords et colère

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Elisabeth

Je m'effondre sur le sol en serrant les dents, retenant mes larmes. Mes peurs, mes angoisses ne me quittaient pas. Ils ne me laissaient pas accéder au bonheur. Toute mon âme voulait cette étreinte, mais mon corps le rejetait. J'étais stupide, ce n'était pas nouveau, je l'ai toujours su. Il me le disait constamment.

Je me relève et essuie rageusement les larmes qui mouillaient pathétiquement mon visage. Comment allais-je le regarder en face maintenant ? Je n'arrivais déjà pas à le regarder tout simplement.

J'étais tiraillée entre l'envie d'aller le retrouver pour m'excuser ou de creuser un trou dans le jardin pour m'y cacher. Mais quelle idiote !

- Tu crois quoi petite salope ? Tu ressembles à rien, tu n'es bonne à rien ! Tu veux partir ? Tu veux trouver un autre homme ? Personne ne voudra de toi ma pauvre fille, tu ne ressembles à rien ! Soit reconnaissante d'être tombée sur un homme comme moi ! Sale pute !

Je frémis. Sa voix me hantait encore. Je m'étais promis de ne plus me laisser abattre. Mais c'était encore trop tôt.

Steven

Elle me rendait dingue ! Mais dans quel sens, je n'en sais rien ! Elle avait l'air terrifiée, traumatisée. Mais quel con j'étais putain ! Pourquoi je l'ai embrassé ? Pourquoi je lui ai sauté dessus alors qu'elle avait vécu le pire ?

Je jette mon sac sur le sofa en jurant entre mes dents. Et merde, qu'est-ce que je devais faire maintenant ? C'était bien la première fois que je me retrouvais comme un con dans mon salon à me demander si je devais aller la retrouver ou la laisser tranquille.

Et merde, qu'est-ce qu'elle m'a fait ?

J'ai eu pas mal de relation. Je n'étais pas un enfant de cœur, et des cœurs, j'en ai brisé pas mal. Combien ? Je ne m'en souviens pas. J'étais un connard jusqu'au bout et puis j'ai eu le cœur brisé à mon tour. Elle était belle, incroyablement sexy et surtout très manipulatrice.

J'étais dans mes débuts en tant que flic. Elle était la fille de l'un des plus riches trafiquant de cocaïne et moi, je pensais qu'elle était fleuriste. Nous avons eu une aventure d'un an, tout était parfait, j'étais dingue d'elle. Jusqu'à ce que j'apprenne qu'elle m'avait utilisé pour donner une longueur d'avance à son enfoiré de paternel qui doit sûrement couler des jours heureux sur une putain d'île.

Je l'ai cherché, très longtemps. Je voulais sa peau, je voulais qu'elle crève. Et puis aujourd'hui, je voulais juste l'oublier et éviter toute relation future. J'étais fatigué de tout ça. Je ne voulais plus me faire chier avec une femme. Juste en baiser une ou deux quand j'avais le temps. Et bosser, encore et encore.

Ces vacances m'ont été imposées. Je me faisais chier et il fallait que j'aille embrasser la copine de ma sœur. J'étais prête à vivre chez elle et à peut-être même la briser comme son salaud d'ex parce que je ne voulais que ça. Juste la baiser.

J'étais un vrai connard.  

 Mais j'ai promis à Emy de la protéger, de garder un œil sur elle et je le ferais. Je me lève et prends mon sac. Elle devra supporter ma présence, qu'elle le veuille ou non. Que je le veuille ou non. 

Elisabeth

- C'est hors de question !

- Tu n'as pas le choix et moi non plus. Me dit Steven en posant son sac sur le canapé.

- Non, je ne veux pas que tu restes ici, je préfère être seule ! Je n'ai pas besoin de toi !

- Écoute-moi bien, ce qu'il s'est passé était une erreur. Je n'avais pas l'intention de t'embrasser, tu n'es pas du tout mon style.

Il me dit ça en me regardant de haut en bas, comme si je le dégoûtais. Je recule, blessée, et même en colère. Son regard sévère me fit froid dans le dos. Mais je me reprends et lève le menton.

- D'accord, vis ici si tu le souhaites! Pourquoi changer ? Vous les hommes faites ce que vous voulez ! Le mâle en puissance ! L'alpha dans toute sa splendeur ! Vous prenez ce que vous voulez, vous nous modelez à votre guise ! Puis vous nous rabaissez, car c'est comme ça que vous procédez. On doit être parfaite, muette, à votre disposition. On ne doit surtout pas regarder d'autres hommes, mais vous, vous baisez d'autres femmes et vous ne faites rien pour le cacher ! Oh et parlons en de votre ego surdimensionné! Vous êtes les plus forts hein ? Indispensable ! Nous les femmes sommes faibles, pleurnichardes. Trop maigre ? On ne baise que des os ! Trop grosse ? Mais quelle grosse dégueulasse! Brune ? Non, surtout pas ! Sois belle, porte cette robe, mon repas doit être prêt à 19 heures, cette serviette est mal plié, sourit, arrête de faire la gueule. Tu ne veux pas qu'on baise ? Ce n'est pas grave, allonge toi et laisse, toi faire ! Mais vas-y Steven, installe toi ! Tu veux ma chambre ? Tu veux que ton repas soit prêt à quelle heure ? Tu préfères que tes serviettes soient pliées de quelle façon ? Dis-moi Steven !

Je reprends mon souffle. Je voulais le frapper, il me regardait comme si j'étais folle. Oui, je l'étais. J'étais folle et en colère. Je voulais tout casser, je voulais le frapper jusqu'à ce que mes poings se fracturent.

Steven ne dit rien. Tant mieux, je ne voulais pas qu'il sorte le moindre son. Je voulais qu'il se taise. Je voulais avoir le dernier mot pour une fois.

Délivre moi du MalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant