Chapitre 23: La fuite

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Victor

- Arrête d'y penser ! Franchement, ça fait quoi ? Trois mois que ta femme, c'est suicidé ? Passe le cap, on a du boulot !

Je fusille Eduardo, mon ami et associé depuis toujours, du regard.

- Ma femme ne se serait jamais donné la mort Ed. Elle avait une peur bleue de l'eau. Jamais elle n'aurait eu le cran de sauter. Quelqu'un l'y a forcé. Je veux retrouver le coupable.

- Et tu vas faire quoi ? Tu ne l'aimais pas, tu disais tout le temps que c'était une pleurnicharde frigide.

- J'aimais ma femme ! Je m'exclame en frappant mon poing sur la table.

- Oui, tu l'aimais comme j'aime le Whisky avec des glaçons et du coca.

- Tu n'es vraiment qu'un enfoiré.

- Un enfoiré qui te connaît depuis toujours. Écoute-moi, ça va bientôt faire un mois que Felipe, c'est fait choper avec deux millions de came chez sa mama. L'idiot. Nous devons nous retourner et rapidement ! Reprends-toi bon dieu!

- Appelles Manie, dis lui de venir en Colombie au même endroit que d'habitude. Je ne veux pas qu'il se ramène chez moi. Je n'ai pas confiance en Felipe, il serait capable de nous cafter rien qu'avec un regard de travers.

- Pas de soucis. Tu y seras quand ?

- Une semaine. Peut-être deux, j'ai des choses à régler avant.

- Une semaine, pas une de plus Victor. Ta femme n'en vaut pas la peine, crois moi, mon frère.

- Je t'interdis de dire ça, Eduardo.

- Mais je te le dis quand même hermano. Piensa bien en lo que te acabo de decir.

Je ne lui réponds pas. Il pouvait aller se faire foutre. J'aimais ma femme, même si elle était désespérante, elle était parfaite. Je l'avais modelé comme je le désirais. Obéissante, soumise, docile. Je l'ai cerné dès le début dans ce bar. En retrait, timide, muette. J'ai su à ce moment-là qu'elle deviendrait la futur madame DaCosta.

- Ya no te necesito.

Tiago hoche la tête et ferme la porte derrière lui. Je jette ma veste sur le meuble d'entrée et allume la lumière. La maison était vide. Une femme de ménage l'entretenait à la place d'Élisabeth, mais elle n'était pas elle. Le dîner était prêt, mais à réchauffer. Tout ça me rendait fou. Mais je ne pouvais pas me résoudre à prendre une autre femme. J'étais persuadé au fond de moi qu'elle était toujours là, quelque part. Mais elle pouvait être que morte. Elle n'avait pas le cran de se flinguer ou même de s'enfuir. Où qu'elle aille, je la retrouverais toujours.

Comme chaque soir, je me sers un verre et m'enferme dans mon bureau à éplucher encore et encore les caméras de surveillance. Je voulais savoir ce qui c'était réellement passé. Je voulais savoir qui avait osé ôter la vie de ma femme. Quelqu'un l'avait incité à sauter. J'en étais persuadé.

Mais il n'y avait rien sur les caméras. Putain de merde !

Après plusieurs verres, je décide d'aller me coucher. Le lit était désespérément vide. J'ai bien essayé de me taper d'autre petites putes, mais aucune d'entre elles étaient comme elle. Docile. Elle se pliait à toutes mes exigences, je pouvais m'acharner sur elle et elle ne bronchait jamais. Même une putain refusait mes petits penchants vicieux.

Impossible de dormir. Mes nuits étaient courtes et alcoolisées. Je me retournais dans le lit, les idées sombres et cette putain envie de pisser. Je me lève et titube vers la salle de bain en me cognant l'épaule contre la porte. Comme une grosse merde, je me casse la gueule sur le tapis de sol la tronche sous le lavabo.

Je grogne comme un grizzli mal léché quand des gouttes d'eau virent s'écraser sur mon visage.

- Putain, c'est quoi ce foutu bordel.

Il y avait une fuite sous mon lavabo. Je râle et tente de me relever, mais j'avais la tête qui tournait. Je reste allongé sur le dos un moment avant de m'endormir.


Je buvais mon café, un putain de mal de tête à cause de la veille. Tiago fumait au bout de la table pendant que Marco surveillait le plombier dans la salle de bain de ma chambre.

- J'ai des rendez-vous aujourd'hui ? Je demande à Tiago, la voix rauque.

- Oui, je te les annule ? Me réponds le colosse.

- Ouais.

- Je m'en occupe.

Il se lève et disparaît à l'étage. Il fait un signe de tête à Marco qui revenait avec le plombier.

- Le joint de votre siphon est mort. Je vous l'ai remplacé, cadeau de la maison. Me dit-il en refusant le pourboire de Marco.

- Merci, Anthony, mais prend ce billet. Tu m'as bien dépanné la dernière fois, donne le au petit.

- Merci monsieur DaCosta. Ah, j'ai aussi récupéré ça !

Il me montre un bijou qu'il dépose dans la paume de Marco. Mon chauffeur fronce les sourcils et pose sa main sur l'épaule du plombier.

- Viens-je te raccompagne.

Il pose le bijou sur la table et me tapote l'épaule avant de sortir de la maison accompagnée d'Anthony. Il me fallut un moment pour réaliser ce qui était en train de se passer. La petite bague en or assorti de petits diamants me narguait, je ne voulais pas y croire. C'était son alliance.

Mon sang ne fit qu'un tour et monta à mon cerveau. Je me lève en faisant valser ma chaise et cours à l'étage dans mon bureau. Je clic, encore et encore, bouillonnant. Les jointures de mes phalanges blanchissaient, à deux doigts d'exploser la sourie. Puis c'est là que je tombe sur la faille. Une petite seconde que j'ai omis de regarder. Une seconde où cette petite pute nageait comme un poisson le long de la falaise pour rejoindre le port.

- Sale garce !

Je hurle à plein poumon en envoyant valser l'écran de mon ordinateur. Cette salope s'était enfuie. Elle m'avait menti! Elle savait nager ! Putain de merde !

Marco et Tiago arrivèrent en courant sans faire attention au bordel que j'avais foutu.

- Je veux toutes les vidéo-surveillances du port ! Cette garce à pris la fuite ! Je veux savoir qui l'a aidé ! 

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