Chapitre 8: Laisser le passé

147 12 0
                                    

Elisabeth

Une fois mon poste de travail propre, je prends mes affaires et sors en fermant bien la porte de derrière à clef. Je vérifie à plusieurs reprises pour être sûre quand une main m'attrapa l'épaule, suivie d'une voix masculine.

Paniquée, je hurle. Accroupie contre la porte, je me protège le visage, les paupières serrées, les ongles plantés dans mes paumes.

Deux mains m'attrapent fermement les poignets. Je gémis en attendant le coup.

- Hey, regarde moi Lily! C'est moi, Steven !

J'ouvre les yeux.

Steven me regardait comme si j'étais folle à lier. Je me sens tellement honteuse que le rouge monte à mes joues. Je détourne le regard, mais il m'oblige à le regarder, en m'attrapant doucement le menton.

- Regarde-moi Lily.

J'obéis. J'obéis toujours.

Je lève les yeux vers les siens. Je n'avais jamais remarqué à quel point ils étaient beaux.

- Tu n'as pas à avoir peur de moi. Me dit-il doucement.

Je n'arrive pas à répondre. Même si j'étais soulagée que ce soit lui et pas un autre, je tremblais comme une feuille de terreur.

- Je vais te ramener chez toi. Dit Steven en se redressant.

Il me tend la main. Je l'accepte en glissant la mienne encore tremblante.

Il m'emmène jusqu'à sa voiture sans la lâcher et m'ouvre la portière. Je m'installe et attends sans oser regarder dans sa direction.

Nous roulons dans le silence. J'étais une personne très sociable avant d'être brisée par Victor. Aujourd'hui, parler à des gens que je ne connais pas où pas très bien était difficile pour moi. Steven avait l'air d'être dans le même cas que moi, car il ne me posa pas de question.

Pourquoi ce silence me pesait autant ?

On arriva très vite chez lui. Il se gara dans son allée et coupa le moteur.

- Je t'offre un café.

- Non, merci, c'est gentil. Je lui réponds en ouvrant ma portière.

- Ce n'était pas une question. Me dit-il en souriant.

Il ne me laisse pas répondre, car il était déjà devant sa porte d'entrée.

- Je te remercie, mais je ne peux pas. J'insiste désespérément.

- Et pourquoi ça ? Me demande-t-il en fronçant les sourcils.

- Je ne peux pas, c'est trop tôt.

- Ce n'est qu'un café.

- Pour moi, c'est plus qu'un café. C'est entrer chez un homme, seule. Je réponds sans oser le regarder dans les yeux.

Steven décroise les bras et paraît soudain en colère. Je frémis.

- Qu'est-ce qu'il t'a fait ? Me demande-t-il soudain.

- Je n'ai pas à répondre à ça. Merci de m'avoir ramené. Je lui réponds avant de m'éloigner.

Je cours jusqu'à chez-moi et ferme la porte derrière moi. Il ne m'a pas suivie, ni frappé. Je me sens toujours honteuse, des larmes de rage me montent aux yeux. Je m'étais promis de ne plus laisser qui que ce soit me faire du mal. Mais j'avais peur de n'importe quel homme qui me regardait mal ou me touchait.

Je me déshabille et me passe sous la douche avant de me glisser dans des vêtements confortables. Quelques cicatrices que je balaye furtivement du regard me rappellent ce qu'était ma vie avec Victor.

Je vais dans la cuisine. Il était 19 h 20. J'avais encore dix minutes pour me préparer à manger. J'ouvre le frigo et prends ma viande qui était en train de mariner. Puis je la range et claque la porte du frigo.

Non. Ce soir, je ne mangerai pas à 19 h 30. J'ouvre mes placards et déplace quelques boîtes que j'avais rangées en ligne. Je déplie mes torchons. J'en avais un pour les mains, un pour la vaisselle et un autre pour la table. Je décide d'en garder qu'un.

Ensuite, je monte à l'étage ouvre mes armoires et range mes vêtements dans le désordre. Finis le rangement par couleur. Finis de vivre comme si j'étais encore sa femme.

J'enlève mes vêtements, enfile un jean taille haute et un chemisier jaune canari et descend dans la cuisine prendre ma viande marinée dans le frigo.

Deux minutes plus tard, je sonnais chez Steven. Je ne sais pas quel mouche me pique, mais je sonne.

J'avais encore le temps de faire demi-tour, mais c'est déjà trop tard. Steven ouvre la porte et paraît surpris de me voir alors que je l'ai rembarré il y a quelques heures.

- Une heure, ça laisse le temps de boire un verre. Je lui dis en tentant de prendre un ton assuré.

Steven prend mon plat et ferme la porte.

Mais quel culot celui-là !

Je lève la main pour frapper quand la porte s'ouvre de nouveau.

- Je t'emmène au restaurant. Dit il en fermant sa porte à clef.

- Il y a du monde au restaurant. Je riposte en le suivant.

- Pas là où je t'emmène.

- Et où tu m'emmènes ?

- Tu verras bien. Tu me fais confiance ou pas ? Me demande-t-il en ouvrant la portière passagère de sa voiture.

Il y a quelques heures, je ne voulais pas rentrer chez lui. J'ai pris le risque d'accepter d'y entrer. De ne plus me laisser guider par mon passé.

- Oui. Je réponds en montant dans sa voiture.

Délivre moi du MalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant