Chapitre 10 Un petit écart

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Steven

Je ne pouvais pas la repousser. Elle pleurait contre mon épaule en serrant mon t-shirt dans ses petites mains comme si elle venait de voir le diable en personne. Emy m'avait demandé d'aller vérifier si personne ne s'était introduit dans la maison, mais s'en m'en dire plus.

Je m'étais précipité aussitôt sans demander plus d'explications. Quelque chose en Lily me donnait envie de la protéger. Même si personne ne voulait me dire ce qu'il se passait, je me doutais bien qu'elle eût un passé de femme battue. Tout en elle le criait fort. Et son petit corps tremblant contre le mien me confortait dans cette direction. Et me donnait très chaud.

Une sensation agréable en bas du ventre me saisit. Elle n'était pas mon genre, elle était même tout le contraire. Brune, cheveux au carré et toute fine. Je préférais les blondes plantureuses aux cheveux très longs. Mais je ne pouvais pas m'empêcher de l'imaginer nue contre moi en ce moment même, et ce, depuis que je l'ai rencontré pour la première fois au Rinato.

Ses cheveux sentaient le citron et son parfum enivrait mes sens. Elle s'arrête en reniflant contre mon t-shirt qu'elle venait de tremper de larme et de morve. Il y a un monde où ça m'aurait bien saoulé, mais je me surpris à trouver ça attendrissant.

Putain.

- Je suis désolée. Dit-elle en essuyant ses larmes avec la paume de ses mains.

- Emy m'a demandé de faire le tour de la maison, je peux ? Je lui demande en tentant de cacher mon trouble.

- Oui, merci. Me répond Lily en s'écartant pour me laisser le passer.

Sa déco n'était pas si mal. Très simple, très féminine. Tout était cline, pas un pète de poussière, tout était rangé au carré. Je vérifie chaque pièce jusque sous le lit et dans la baignoire. Je reviens quelques minutes plus tard, elle était toujours dans la cuisine, calée contre la porte d'entrée.

- Rien à signaler. Dis-je simplement.

- Je suis désolée de t'avoir dérangé.

- Ne t'excuse pas, ça devient agaçant. Je gronde, excédé.

Elle écarquille les yeux et les baissent vers le sol. Mais putain, qu'est-ce qu'il lui a fait cet enculé ?!! Je m'approche d'elle et l'oblige à me regarder dans les yeux. Les siens étaient brillants, elle était terrifiée.

- Je ne me suis pas énervé Tu n'as pas à avoir peur de moi, je te l'ai déjà dit.

- Pardon.

Je soupire en levant les yeux au ciel. Puis je ne sais pas ce qu'il me prend...

- Tu dors chez moi ce soir.

Elle blanchit et secoue la tête complètement paniquée.

- Alors c'est moi qui dors ici.

Je ne lui laisse pas le choix et part chercher mes affaires.


Elisabeth

Il n'allait pas faire ça ! Si?

Je le vois partir à grandes enjambées vers sa porte d'entrée, déterminé. Un homme que je connaissais à peine allait dormir chez moi, dans la chambre à côté de la mienne. Mais cet homme était inspecteur de police et ce soir, je ne me voyais pas dormir seule dans cette maison avec des boîtes de conserve rangées à la perfection.

J'ouvre mon placard et commence à tout mettre en bordel quand Steven revient avec un sac balancé sur l'épaule. Il ne dit rien et le pose sur la table de la cuisine. Puis il ouvrit un placard et commença à tout sortir.

Nous rangeâmes en silence tous les placards de la cuisine. Je lui étais à ce moment-là très reconnaissante. Il ne me posa aucune question et se contenta de tout mélanger. C'était assez amusant et libérateur.

Il était trois heures du matin quand je fermai le dernier placard en soupirant de soulagement. Steven, toujours silencieux planta son regard noisette dans le mien. Je lui souris. Je crois bien que je n'avais pas souri comme ça depuis des années. Mais je me sentais plus légère, comme libéré d'un premier poids.

- Merci. Dis-je reconnaissante.

Il ne répond pas et fond sur mes lèvres qu'il captura sauvagement. Je gémis, surprise. Mais ne le repousse pas. Je ne pouvais pas, car je me surpris à aimer ça. Une douce chaleur envahit mon bas-ventre et réchauffa mes joues. La sensation de ses lèvres chaudes sur les miennes me faisait un drôle d'effet. Je n'avais jamais ressenti ça.

Ses mains empoignèrent mes hanches et me soulevèrent sur les siennes. Il était fort, imposant mais si rassurant. J'enroule mes bras autour de sa nuque et approfondissant notre baiser. Il grogne et me pose sur la table en envoyant valser son sac. Puis ses mains remontèrent sous mon t-shirt.

Des images de Victor en train de me frapper tout en prenant possession de mon corps revinrent en petite coupure dans mon esprit. Je tente de les chasser. Mais elle étaient beaucoup trop présente. Je pouvais encore sentir ses coups, ses hurlements. Son odeur. Sa rage.

Je repousse Steven, qui sembla surpris sur le coup.

- Je ne peux pas. Je suis désolée, mais je ne peux pas faire ça.

Je descends de la table ramasse son sac et le repose sur la table.

- Tu ne peux pas rester ici ce soir. Tout ça, le dîner, c'est beaucoup trop tôt. Je ne peux pas.

- Qu'est-ce qu'il t'a fait, Lily ?

- Je ne suis pas obligée de t'en parler. On ne se connaît pas.

- Je ne lâcherais pas.

- Il va falloir que tu le fasses. Je ne veux pas d'une relation, j'ai trop donné. J'ai absolument tout donné.

Mon âme y est restée.

- Tu ne peux pas rester sur un échec.

- Tu devrais partir. On devrait en rester là.

- Bien.

Il pris son sac et parti en claquant la porte derrière lui. 

Délivre moi du MalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant