Chapitre 6: Mon amie Emilie

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Elisabeth

J'ai rencontré Émilie à l'université. Nous étions ensemble en cours d'anglais en première année, mais n'étions pas amies. Elle avait ses connaissances et j'avais les miennes. Puis nous avons fait un exposé ensemble. Nous avons passé une semaine ensemble à la bibliothèque en parlant seulement de l'exposé. Puis un jour, alors que j'étais à la cafétéria, je n'avais pas d'argent sur moi pour manger. C'est là qu'Émilie est intervenue et m'a dépanné. Ensuite, nous avons mangé ensemble et fait connaissance.

Nous sommes devenues amies, pour très peu de temps, car elle devait rentrer en France afin de finir ses études. Depuis, nous nous étions perdue de vue. Et aujourd'hui, elle était là, en train de m'attendre sur le parking, adossé à sa voiture.

Elle était toujours la même, très grande, blonde aux yeux bleus. Mais pas un bleu glacial, non un bleu chaleureux. Je m'avance doucement vers elle en regardant autour de moi. J'avais toujours cette appréhension. Victor devait sûrement être au courant maintenant et très en colère. J'avais l'impression de le voir à chaque coin de rue.

- Et bien ! Je te préférais en blonde !

Émilie me regardait, les mains sur les hanches. Je ne me faisais pas non plus à ma nouvelle couleur de cheveux et encore moi au vent contre ma nuque.

- Monte, tu as quelque chose à me raconter, je crois ! Me dit Émilie en ouvrant la portière de sa Honda Civic.

J'obéis et monte en tenant contre moi mes sacs, la seule chose qui m'appartenait aujourd'hui. Émilie s'installe au volant avec un soupir de soulagement et démarre. Sur la route, je ne dis rien. Qu'est-ce que je pouvais lui raconter ?

- Ton ami m'a tout raconté. Je ne savais pas que tu étais mariée. Me dit-elle.

Je regarde mon annulaire et la trace de ma bague qui a fini au fond de l'océan.

- Je l'étais. Dis-je seulement.

- Écoute, mon mari et mon frère sont flics. Mon mari est le seul au courant en dehors de moi, il fera tout pour te protéger de lui.

- Pourquoi avoir accepté de m'aider? Je lui demande sans réfléchir.

- Pourquoi as-tu pensé à moi ? Me demande-t-elle en retour.

- Il ne connaît pas ton existence. Je lui réponds seulement.

- Parce que je suis femme et sœur de flics. J'ai ça dans le sang. Me répond-elle à son tour.

- Merci. J'espère ne pas t'avoir mis en danger.

- Tu n'as plus rien à craindre. Avec Richard, nous t'avons trouvé une petite maison, juste en face de chez mon frère. Il ne sait pas qui tu es, mais tu seras en sécurité.

- Je n'ai pas d'argent.

- Non, mais tu vas travailler avec moi. J'ai un cybercafé dans le centre-ville, d'après ton ami, tu es un petit cordon bleu. Nous avons besoin de quelqu'un qui puisse nous faire des pâtisseries maisons en plus de nos cafés et chocolats aromatisés.

- Je ne sais pas si je mérite tout ça. Dis-je, mal à l'aise.

- Après ce que tu as vécus, tu as tout les mérites. Et appelles moi Emy. Rétorque la jeune femme.

Après deux heures de route, nous arrivons dans un petit village derrière le centre-ville. Emy se gare devant une petite maison blanche. Le portail en bois m'inquiète un peu, mais je ne devais plus m'en inquiéter.

Emy ouvre ce portail et me fait traverser un petit sentier en dalle qui mène à l'arrière court. Un petit bout de terrain avec plein d'arbre et des haies assez haute pour cacher la vue. Elle se voit déjà lire sous l'un de ces arbres dans une balancelle et du thé glacé.

Puis Emy m'entraîne dans la raison.

- Elle a été vendue meublé. Ce ne sera peut-être pas à ton goût, mais ça fera l'affaire du temps que tu puisses t'en payer d'autres. J'ai fait un peu de tri dans mes vêtements, du coup, je t'ai un peu rempli l'armoire et Richard t'a fait quelques courses si tu veux manger.

J'étais tellement touchée par toutes ces attentions que je ne savais pas quoi dire.

- Je te rembourserais. Dis-je.

- Ne t'inquiète pas pour ça ! Je vais devoir te laisser ! Je dois aller travailler, je passe te prendre demain à 7 h 30 !

- Emy, merci beaucoup.

Emy me fait un clin d'œil et se dirige vers la porte d'entrée.

- Si jamais tu te sens en danger, mon frère est juste en face ! À demain !

Puis elle ferme la porte et me laisse seule. Je me sens un peu perdue, je ne connais pas cet endroit et pourtant, je m'y sens bien. Grâce à Emy et son mari. Je ferais tout pour les rembourser, je m'en fais la promesse. Aujourd'hui, je devais apprendre à dépendre de moi-même.

La maison est assez grande pour une seule personne. La salle est simple avec un canapé, une table à manger et quatre chaises. La cuisine est équipée, assez rustique, mais je l'aime beaucoup. Les portes en bois et le carrelage du plan de travail me feraient presque oublier la cuisine en marbre noir de la villa.

Le frigo est plein à craquer. Les placards aussi. Je ne méritais pas autant de générosité. À l'étage, il y avait deux chambres, une salle d'eau et des toilettes. Je m'assoies sur le lit et commence à réaliser la situation. J'étais enfin sortie de cet enfer, grâce à Miguel et sa femme. Grâce à Emy et son mari. Je ne pouvais pas joindre Miguel afin de le remercier et lui dire que j'allais bien. C'était trop risqué.

Mais je lui étais tellement reconnaissante. Il a tout risqué, sa vie et celle de sa famille pour moi. Alors je ne gâcherais pas cette chance qu'il m'a si généreusement donnée. Je ferais tout pour continuer à avancer et le rendre fier de moi. Je voudrais l'appeler, lui dire que je suis bien arrivée. Mais c'était un gros risque que je ne devais surtout pas prendre. Pour moi et pour lui et sa famille.

Puis je pense à Victor. Il était sûrement furieux et j'espérais vraiment ne rien avoir laissé derrière moi qui prouverais que je suis en vie. Sinon il fera tout pour me retrouver et je sais que je n'en sortirais pas vivante. Et pour cela, je devais être prête à affronter cette éventualité.

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