Élisabeth
- Ton seul objectif est d'atteindre son point faible. Ce n'est pas évident, mais il faut que tu saches où frapper et quand frapper. Tu comprends ?
Romain n'était plus l'ami qui me taquinait à la première occasion. Aujourd'hui, il était mon professeur. Je passais deux heures par jour avec lui dans la salle d'entraînement du commissariat. Il était le seul en qui Steven avait confiance. Moi, je pense que c'était sa jalousie envers Marcus qui ne lui laissait qu'un seul choix.
- Regarde moi, dans les yeux. Le temps où tu fuyais le regard des gens est terminé. Je ne veux plus voir ça compris ?
- Oui, Monsieur. Je lui réponds en levant le menton.
- Bien, frappe.
Je lève les gants devant mon visage et frappe dans les pattes d'ours qu'il tendait vers moi.
- Plus fort !
Je frappe aussi fort que je le peux, mais Romain ne bouge pas d'un poil.
- Tu peux faire mieux que ça Élisabeth!
Je baisse les bras et lui lance un regard mauvais. L'ombre d'un sourire sur son visage, Romain relève les bras.
- Frappe.
- Ne m'appelle pas comme ça.
- Franchement, je n'en ai rien à foutre. Tu sais pourquoi ? Parce qu'Élisabeth, c'est la vraie toi. Ce connard a utilisé ton prénom contre toi, pour t'affaiblir. Le prénom que tes parents t'ont donné. Fais de ce prénom une force, ta vraie personnalité. Ne le laisse plus t'atteindre. Si tu es ici en face de moi, c'est pour lui casser la gueule si l'occasion se présente. Alors maintenant, tu vas m'obéir, car tu n'as pas le choix si tu veux t'en sortir. Est-ce que tu veux t'en sortir Élisabeth ?
- Bien sûr que je veux m'en sortir, mais...
- Non, ce n'est pas la bonne réponse. Est-ce que tu veux t'en sortir oui ou non ?
- Oui, Monsieur !
- Alors arrête de t'apitoyer sur ton sort et frappe dans ces putains de pattes d'ours !
Je frappe en serrant les dents. J'étais en colère, mais pas assez déterminée. J'étais encore faible d'esprit, faible physiquement. Les images, les cauchemars de ma vie avec Victor ne m'aidait pas à frapper avec rage, mais m'effrayaient encore. C'est ça qui me mettait en colère. Je l'étais contre moi.
- On fait une pause. Me dit Romain en enlevant ses pattes d'ours qu'il laisse tomber par terre.
Je soupire, contrariée. Romain prend une bouteille d'eau et m'aide à boire, car pour l'instant, il n'avait pas envie de me laisser partir, tant que je ne m'étais pas décidé à l'envoyer valser contre les filets du ring.
- Assieds-toi, fermes les yeux.
Je m'exécute.
- Tu peux perdre ? Me demande-t-il.
- Non.
C'était un rituel à chacune de nos pauses. Il me posait des questions, si je répondais justement, je n'avais pas une heure d'entraînement supplémentaire. Jusqu'à maintenant, il a été assez sympa avec moi.
- Il est plus fort que toi ?
- Oui, il est plus fort que moi.
- Il est plus grand que toi ?
- Beaucoup plus grand que moi.
- Il peut te faire du mal ?
- Oui.
- Une heure d'entraînement supplémentaire.
- Quoi ? Je m'exclame en ouvrant les yeux.
- Tu m'as bien entendu. Relève-toi.
Je me redresse en soupirant.
- Si tu soupires encore une fois, je rajoute une heure de plus. C'est clair ?
- Oui Monsieur.
- On enlève tes gants.
Débarrassé de mes gants, Romain test mon équilibre en frappant et me poussant avec force avec ses mains. Je lutte pour lui résister, mais il est beaucoup plus fort que moi.
- Il est beaucoup plus fort que toi. Mais tu ne peux pas perdre contre lui et lui ne peut pas te faire du mal, car tu vas l'en empêcher. Il ne peut plus t'atteindre, physiquement et mentalement. Garde l'équilibre.
- Il sera toujours plus fort, c'est un manipulateur. Il sait toucher là où ça fait mal.
- Non, ça, c'est ce que tu te dis sans arrêt. Tu dois changer ton raisonnement et surtout ta propre vision de toi-même. Garde l'équilibre.
- J'y travaille avec une psychologue, mais elle m'ennuie tellement ! Elle me parle de conscient et de subconscient, c'est barbant. J'ai l'impression que je n'avance à rien avec elle. Et sa voix, on dirait qu'elle est sous Xanax.
- Tu devrais changer de psy, le nôtre n'est pas si mal.
- J'y penserais.
- Va contre le mur.
- Je déteste cet exercice.
- Il est pourtant nécessaire.
Il prend un ballon et me le jette dans la figure. Je l'esquive quand son petit frère me frappe l'épaule.
- Esquive-moi ces ballons !
- Si tu arrêtais de me les jeter toutes les deux secondes !
L'exercice continue durant presque qu'une demi-heure. Je savais d'avance que mon corps serait couverte de bleus. Puis il me fait remettre les gants reprends mon entraînement là où il avait commencé en me faisant appliquer les trois derniers exercices pour bien m'achever.
- La prochaine fois, je ne veux plus te voir perdre l'équilibre, je veux que tu esquives toutes mes tentatives de te toucher avec ces ballons. Et change de psy.
- Merci, j'y penserais.
- Je suis sérieux. Tu dois avoir un bon mental si tu veux être capable de casser la gueule à ceux qui te veulent du mal. Ce ne sont p as des paroles en l'air.
Et seul Dieu sait qu'il avait raison !
VOUS LISEZ
Délivre moi du Mal
RomansaÉlisabeth est jeune, belle et mariée au richissime Victor DaCosta. En apparence, elle a tout pour être heureuse. Mais personne ne sait ce qu'il se passe dans l'intimité. Battue et constamment humiliée par son mari, sa vie est en danger. Elle décide...