Chapitre 17: Lilibeth

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Steven

Elle était recroquevillée sur elle-même, comme si elle se préparait à prendre des coups. Jamais je n'ai levé la main sur une femme. Je n'étais pas un chien comme son mari dégénéré ! Mais j'étais trop en colère pour mettre de l'eau dans mon vin.

Mais en colère de quoi pauvre con ? Parce qu'elle fut sa femme ? Ou parce qu'elle a dansé avec ton pote hier soir ?

Ce que je ressentais était totalement contradictoire. Elle m'attirait énormément, ça ne faisait aucun doute. Pourtant, elle n'était pas mon style de femme. Elle l'aurait été physiquement si je l'avais connu il y a quelques années.

C'était sa fragilité, cette force cachée qu'elle avait en elle. Je l'ai vu surgir quelques instants quand elle m'a engueulé comme du poisson pourris. Puis elle, c'est lâcher. Seulement le temps d'une soirée, sur cette piste de danse dans les bras de Marcus. Je voulais retrouver cette femme. Mais ce gros connard de DaCosta l'avait enfermée. Et Marcus risquait de me la prendre. Petit enfoiré.

À cet instant, j'étais en colère contre moi. J'étais en train d'agir comme un salaud en espérant qu'elle réagisse. Mais elle se pliait en deux comme un petit chiot apeuré. DaCosta l'avait détruite et moi, je ne l'aidais pas.

Il y a 24 heures, j'étais pour la laisser se démerder seule. Aujourd'hui, je ne savais plus où j'en étais.

- Je me ferais discrète, Emy viendra me chercher pour aller au travail. Je ne serais pas un poids pour toi. Me dit-elle en se levant.

Elle débarrasse sa tasse dans le lave-vaisselle prend l'éponge pour nettoyer sa place.

- Je t'emmènerais au boulot. Dis-je soudain.

Je ne sais pas pourquoi j'ai dit ça en fait. Je voulais la laisser se démerder, mais au fond de moi, je n'en avais pas envie.

- Je suis en train de réunir assez d'argent pour m'acheter une voiture, tu n'auras bientôt plus besoin de m'emmener. Dit-elle en rinçant l'éponge.

- Tant mieux.

- Où sont les produit ménager? Me demande-t-elle.

- Tu es sérieuse ?

- Oui. Tu m'accueilles chez toi, il est normal que je m'occupe de la maison.

- Non, ça ne l'est pas, Élisabeth.

Elle se fige. Moi aussi. Puis elle me sourit, le regard attendri. Je lève les yeux au ciel et me ressers une tasse de café.

- On n'est plus au 19e siècle, si tu veux m'aider, je ne suis pas contre, mais je ne tiens pas à ce que tu fasses la boniche. Je ne suis pas lui.

- Je n'ai jamais dit que tu l'étais. Je tiens juste à t'aider en remerciement.

- Commence par te détendre un peu, on dirait que tu as avalé un balai!

- Pardon.

- Argh!

- Désolée ! S'exclames t'elle avant de cacher ses lèvres avec ses mains.

- Je t'avais dit d'arrêter ça !

- Excuse-moi ! Glousse-t-elle.

Je rêve où elle venait de rire ?

Elle rougit et baissa les yeux. Je ne pouvais pas m'empêcher de la fixer su regard. J'aimais ce que je voyais. Je ferais tout pour que ça devienne permanent. 

- Ma mère m'appelait Lilybeth, comme la reine d'Angleterre. Me dit-elle soudain.

- C'est sympa.

- Tu peux m'appeler Élisabeth, ça ne me dérange pas.

- Pas en public, tu es sous protection judiciaire.

- Non, évidemment. Victor le détestait, il disait que c'était un prénom de vieux. Il m'appelait ma chérie ou ma beauté, quand il était en colère.

Le gros enfoiré de merde !

- Pourquoi tu n'es pas partie ?

Elle lève un regard peiné vers moi, comme si ce n'était pas la première fois qu'on lui posait cette question.

- Je ne pouvais pas. Victor est un homme dangereux, violent. Il me disait que n'importe où j'irais, il me retrouverait toujours. Il disait que j'étais trop lâche pour m'enfuir, que je ne valais rien. Que personne ne voudrait de moi à part lui. Ses coups devenaient de plus en plus fréquents, la seule solution était de mourir pour lui échapper. Miguel et Marylin m'ont sauvé la vie, sans eux, il m'aurait sans doute tué. 

- Et tes parents ?

- Ils sont morts tous les deux. Noyés lors d'une croisière pour leur anniversaire de mariage. Depuis, j'ai peur de prendre la mer.

- Simuler un suicide en sautant d'une falaise était idéal.

- Il pensait que je ne savais pas nager. D'où cette horrible maison en plein milieu de la mer. Il savait que je ne m'échapperais jamais. C'était la seule solution pour qu'il me croie vraiment morte.

- Il y a des chances qu'il découvre la vérité, tu y as pensé ?

- Bien sûr que j'y ai pensé ! Je n'arrête pas d'y penser, j'en fais des cauchemars ! Je n'ai pas peur pour moi, j'ai peur pour Emy, pour son petit. J'ai choisi Emy, car Victor ne la connaît pas du tout, j'aurais dû m'enfuir seule, sans rien dire à personne et devenir un fantôme ! Mais Miguel savait qu'Emy avait un mari et un frère dans la police. Il veut la peau de Victor autant que vous.

- Il faut que tu nous racontes tout ça au poste, tu en es consciente ? Il faut que tu nous dises tout ce que tu sais.

- Je sais, Marcus m'en a déjà parlé.

Évidemment qu'il lui en a déjà parlé...

- Tu comptes le revoir ? Je lui demande.

- C'est gênant de parler de ça avec toi.

- Je ne vois pas en quoi.

- Si, je pense que tu sais pourquoi. Ce qu'il s'est passé entre nous était une erreur, c'est ce que tu as dit. C'est ce que j'ai vu. Je veux apprendre à vivre sans avoir peur et si Marcus est la personne capable de me sauver, alors je le laisserais faire. 

Pas moi. 

Délivre moi du MalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant