Chapitre 4

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Elena

Les jours défilent et se ressemblent. J'enchaine les audiences et croule sous les dossiers de nouvelles clientes, si bien que, le vendredi soir, je suis contrainte de ramener du travail chez moi. Après avoir dîné et m'être douchée, je me cale dans mon lit pour me replonger dans mes dossiers. Laura, une jeune étudiante, a porté plainte contre son ex-petit ami pour harcèlement. Les messages incessants qu'elle a reçus de lui et la vidéo de surveillance prise de lui entrain de la suivre alors qu'elle se rendait à ses cours sont probants et me laissent penser que l'audience ne durera pas plus d'une demi-heure. Si certaines affaires sont vite pliées, d'autres sont plus fastidieuses, en cause, le manque de preuve et d'aveux. C'est le cas de Christine, présumée victime d'agression par son patron. Si elle a pu convaincre ses collègues de plaider sa cause avec leur témoignage, mis à part des e-mails douteux, aucune preuve n'a pu venir étayer sa plainte. L'aveu de l'accusé est donc primordial pour clôturer l'affaire. C'est généralement là que tout se joue. Durant mes études et ma carrière, j'ai dû apprendre à détecter les mensonges et à faire cracher le morceau aux plus récalcitrants. Cette aptitude à manipuler les esprits m'a d'ailleurs valu beaucoup de victoires.

Demain a lieu l'audience de Christine et j'étudie toutes les possibilités de scénarios mais ma réflexion est soudain interrompue par un bruit de serrure provenant de ma porte d'entrée. Je tends l'oreille et mon corps se fige quand j'entends ma porte grincer, m'indiquant que quelqu'un est en train de s'introduire dans ma maison. Je repense aussitôt aux cambriolages qui sévissent dans le voisinage. Mes yeux dérivent vers la batte de baseball de Célia que j'avais posée en haut de mon étagère et je me félicite de l'avoir ramenée de chez mes parents. Je m'en empare avant de me diriger vers la porte de ma chambre restée entrebâillée.

Je tire doucement sur la poignée pour donner vue sur le couloir qui mène vers le salon. L'intrus doit certainement se trouver encore au bas de la porte. Je m'avance à pas prudents, le cœur battant, la batte brandit au-dessus de mon épaule, prête à frapper à tout moment. Puis j'entends la porte se refermer lentement et un nouveau bruit de clé m'indique que la personne venait de verrouiller la porte de l'intérieur. Je me fige sur place. Pourquoi un cambrioleur prendrait la peine d'entrer et de s'enfermer à l'intérieur ? Je repense à mon voisin qui a été poignardé la semaine plus tôt. Et s'il s'agissait plus que d'un voleur ? Des fourmillements parcourent mes jambes, ma respiration se coupe.

Ne ferais-je pas mieux de fuir et appeler la police ? Des pas lourds et sans hâte foulent maintenant mon carrelage avant de s'interrompre. Je scrute le salon depuis le couloir dans l'attente de voir apparaître l'intrus mais personne ne se montre. Que fait-il ? Il fallait que j'en ai le cœur net. Je prends une profonde inspiration et me décide à longer le couloir. Dieu merci, je suis nus pieds et mes pas ne se font pas entendre. Arrivée à l'embrasure, je balaye le hall d'entrée puis le salon des yeux mais personne en vue. Mon cœur se met à palpiter de plus belle. L'individu se trouve forcément dans la cuisine. Mes mains se font moites et peinent à maintenir la batte mais malgré ma terreur, je décide de continuer à avancer. Qui que ce soit, j'allais le faire déguerpir de chez moi. Mais lorsque je m'approche de la cuisine, celle-ci est vide. Je fronce les sourcils. Je n'ai pourtant pas rêvé, j'ai bien entendu quelqu'un entrer.  

-Salut Bébé, résonne soudain une voix rauque derrière moi.

Je laisse échapper un cri et pivote aussitôt tout en maintenant la batte en mode de défense et mon sang se glace dans mes veines lorsque je vois une silhouette noire et immense plantée à un mètre de moi. Les faibles lueurs de la lune traversant la baie vitrée de mon salon me permettent de distinguer son visage à moitié dissimulé sous une capuche et recouvert d'un masque en forme de tête de mort et cette vision me pétrifie sur place. Il est vêtu d'un pantalon cargo, d'un brandit et de gants en cuir noirs. Il doit bien faire trois têtes de plus que moi et sa carrure me dissuade un moment de tenter quoi que ce soit. J'ai envie de lui crier de partir mais aucun son ne sort de ma bouche.

Intrusion [Dark romance stalker]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant