Chapitre 14

688 39 8
                                    

Elena

Je n'ai pas eu le droit à un « à bientôt Bébé » cette fois. Je ne saurai donc dire s'il a l'intention de revenir me voir. Il ne se montre d'ailleurs pas les jours suivants, ni la semaine d'après. S'est-il lassé de moi ? À cette idée, mon ventre se tord de douleur. Si ses intrusions ont été source d'angoisse et d'appréhension, l'attention qu'il me porte et sa capacité à me plonger dans la jouissance m'incitent à vouloir le revoir. Le soir, je laisse ma porte d'entrée ouverte et me prends à l'attendre dans mon salon. À chaque jugement, je jette un œil parmi l'audience afin de voir si un homme pouvant correspondre à sa corpulence s'y trouve mais non.

Ce besoin viscéral de le voir ne fait que confirmer ce que je redoutais depuis le début : je suis bel et bien tombée pour mon tortionnaire. Son côté protecteur, son toucher, sa possessivité... tout en lui me rend addicte de lui. J'ai besoin de sentir sa présence, de l'enlacer et je me déteste pour ça mais mon attirance pour lui est plus fort que tout. Je ne sais même pas si j'ai envie de connaître son identité, je veux juste qu'il soit là, à mes côtés, qu'il parcourt mon corps de ses mains viriles et qu'il me couvre de baisers brûlants. Je peine à me concentrer sur mes dossiers et ce soir, je quitte le bureau, en proie aux doutes et à la frustration. Je me prends à espérer le voir en rentrant afin de mettre les choses à plat une bonne fois pour toute. Je regagne ma voiture dans le parking sous-terrain quand je sens soudain une main agripper mes cheveux et me plaquer brusquement face contre le mur.

-Bonsoir Maître Milez, me lance une voix lugubre.

L'homme qui me maintient porte une capuche et un bandana recouvre la moitié de son visage. Pour autant, sa voix et sa silhouette me sont familières.

-Tu te souviens de moi, n'est-ce pas ?

Je tente de me concentrer puis un souvenir me revient.

-Sanchez...

-En personne. Tu m'as bien eu il y a cinq ans, hein, sale pute ?! J'espère que t'es fière de toi, ma femme m'a quitté, j'ai perdu la garde de mon gosse et j'ai passé les cinq dernières années dans un trou à rat.

-Il fallait réfléchir à deux fois avant de les tabasser, fustigé-je en tentant vainement de me dégager de sa poigne.

L'homme me replaque avec violence contre le mur, avant de me cracher à l'oreille :

-Tu vas pas t'en tirer comme ça, Milez, ce soir, tu vas payer pour ce que tu m'as fait.

L'homme m'oblige à lui faire face puis m'envoie son poing en plein visage, me propulsant contre une voiture garée là et dont l'alarme se met à résonner dans tout le parking. Étourdie et le corps endolori, je ne peux qu'adopter une position de défense en me recroquevillant au sol tandis qu'une pluie de coups s'abat sur moi. Je crois entendre la voix de Camille crier mon nom puis mon agresseur me cogne une dernière fois et je perds connaissance.

***

Un bip me parvient aux oreilles. Je suis allongée sur un lit dans une chambre faiblement éclairée par une lampe de chevet. Le décor épuré et l'odeur qui émane de la pièce m'indiquent que je me trouve à l'hôpital.

-Salut Beauté, m'interpelle une voix douce.

Mon cœur manque un battement quand j'aperçois mon ex assis sur un fauteuil à l'autre bout de la pièce.

-Daniel ?

Je me redresse sur mon oreiller mais une douleur m'assène les côtes.

-Doucement, ne bouge pas, dit-il en se levant et en m'incitant à me rallonger, tu es à l'hôpital.

-Mais qu'est-ce que tu fais là ?

-Apparemment, je suis toujours ton contact d'urgence.

-Je... j'ai dû oublier de le mettre à jour sur mon assurance.

Intrusion [Dark romance stalker]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant