Intrusion [Dark romance stalker]

Chapitre 15

Calel

Je retourne à mon SUV, les nerfs à vif. Quand Carter m'a prévenu de l'agression d'Elena, j'ai cru devenir fou. J'ai revisualisé la vidéo de surveillance du parking de son cabinet et lorsque j'ai vu ce type l'asséner de coups, j'ai dû serrer les poings pour ne pas tout casser autour de moi. Même si je n'aurai pas pu empêcher ce qui s'est passé, je me sens atrocement coupable et je me promets de retrouver le fils de pute qui lui a fait ça. Son agresseur dissimulait son visage, il m'était donc impossible de savoir qui c'était.

Sur la vidéo, on ne l'entend pas mais elle s'est adressée à lui, ce qui me laisse suggérer qu'elle le connaissait. J'ai passé en revue les menaces qu'elle avait reçues au cours de sa carrière et qu'elle avait signalés à la police. Tous provenaient d'adresse IP différentes, certaines envoyées depuis des cybercafés, d'autres depuis des adresses personnelles. Si certains auteurs sont aujourd'hui en prison, d'autres sont encore en liberté. Je pourrais les visiter un par un mais je gagnerais un temps précieux si elle consentait à me révéler l'identité de son agresseur.

Je suis resté au bureau toute la journée pour pouvoir être là lorsqu'elle viendrait déposer plainte, sauf qu'elle ne s'est pas pointée. À quoi m'attendais-je ? Cette nana est trop bornée pour être convaincue de quoi que ce soit. Je jette un œil sur les vidéos de surveillance planquées dans sa maison et je la vois rentrer chez elle le soir-même. Ces gestes lents et affaiblis et les grimaces qu'elle fait au moindre mouvement m'indique qu'elle souffre le martyre. Je repasse alors chez moi pour m'équiper et pars lui rendre visite.

Elena

Je fouille ma salle de bain à la recherche de mes antidouleurs. Ce fils de chien ne m'a pas loupée. Déjà à l'époque, alors qu'il était à la barre, il ne m'avait pas épargnée. Tandis que je le cuisinais pour qu'il puisse avouer avoir abusé de sa femme, il s'était jeté sur moi et m'avait asséné d'un coup de poing en plein visage avant que des agents de police ne s'interposent, le tout dans une salle remplie de témoins. Cela avait suffi pour l'envoyer en détention.

J'examine mes blessures dans le miroir de ma salle de bain. Ma joue a viré au violet, ma tempe a doublé de volume et mes côtes me font un mal de chien. Alston m'a imposé une semaine de congé, pour autant, je n'allais pas me laisser démonter et rester chez moi à me tourner les pouces. C'est une promesse que je me suis faite, je n'arrêterai que quand je serai morte. Alors que j'imbibe une serviette d'eau chaude et la dépose sur mes côtes pour apaiser mes douleurs, la silhouette de Ghost se dessine à l'embrasure de ma salle de bain.

-Tiens, un revenant, lui lancé-je d'une voix pleine de rancœur.

-Qu'est-ce qui t'est arrivé, Bébé ? me demande-t-il de sa voix grave.

-Une mauvaise chute.

-Tiens donc, sur un gorille ?

-Vous parlez comme mon ex.

Je vois ses épaules se tendre, me laissant penser que la comparaison n'est pas à son goût, ce qui me fait jubiler. Car oui, je lui en veux de ne pas m'avoir rendu visite pendant tout ce temps et de réapparaître comme par magie après l'action.

-Ce type doit être charmant, dit-il d'une voix cinglante.

Je lui lance un regard noir avant de lui balancer :

-Rendez-vous utile et fichez-moi la paix.

-Ce n'est pas avec de l'aspirine que tu vas atténuer tes douleurs, me fait-il remarquer alors que je mets enfin la main sur mes médicaments.

Ghost me tend deux comprimés blancs. Je le regarde avec dédain avant de m'en emparer et les avaler. J'ai trop mal pour tergiverser.

-Qui t'a fait ça ?

-Je n'en sais rien, je n'ai pas vu son visage.

-Tu mens tellement mal, Elena.

-Croyez-le ou non, ce n'est pas la première fois que ça m'arrive et ce ne sera pas la dernière.

-Raison de plus pour y mettre fin.

-Que voulez-vous, je fais un métier dangereux.

-Dans ce cas, il serait peut-être temps de lever le pied.

À ces mots, je sens la colère monter. Alors c'est ça sa solution ? Me retirer du terrain ? J'en regretterais presque la réaction de Wayce et de mon ex.

-Certainement pas ! J'aime ce que je fais, plus que tout au monde et il y a des femmes qui comptent sur moi. Parce que oui, contrairement à vous, moi au moins, je fais des choses utiles.

En lui balançant ses mots, je n'ai qu'un but, le blesser, comme il m'a blessée moi en m'ignorant ces dernières semaines.

-Tu me connais tellement mal, Elena.

-Quoi, vous allez me faire croire que vous êtes un bon samaritain ?!

-J'essaie durement.

-Mettez-y plus d'effort, dans ce cas.

Ghost laisse échapper un rire cynique puis il reprend son sérieux et me bloque le passage tandis que je m'apprête à le dépasser pour me rendre dans mon salon.

-Une question pour toi Bébé... son nom ?

-Pour faire quoi ?

-Jouer à la marelle.

Je lève les yeux au ciel avant de répliquer :

-Je vous l'ai dit, je ne sais pas qui c'était.

-Et j'imagine que tu n'as rien dit à ton cher Inspecteur ?

-J'ai besoin qu'il se concentre sur autre chose.

-Je ne te pensais pas aussi stupide, Elena.

-Je vous retourne le compliment.

-Je n'ai rien en commun avec ce genre de tocard et tu le sais très bien !

-Non, c'est vrai, lui au moins a eu la décence de montrer son vrai visage !

-Donc tu l'as vu.

Je serre les dents et me fustige pour mon manque de discernement.

-J'ai besoin de me reposer, alors merci de partir ! lui rétorqué-je d'un geste agacé.

Mais Ghost fait un pas de plus vers moi et fulmine :

-Tu ne t'en sortiras pas comme ça, Elena ! Certes, je ne me suis pas montré des plus tendres avec toi mais je suis obsédé par ta sécurité et putain ça me tue de ne pas avoir été là quand tu en avais le plus besoin, alors je ne te le redemanderai pas, QUEL.EST.SON.NOM ?!

Son regard se fait menaçant, son corps se gaine, comme prêt à tout casser autour de lui. Je ne veux pas lui révéler le nom de mon agresseur, de peur qu'il s'en prenne à lui ou qu'il finisse en prison à cause de lui. Pourtant, au fond de moi, j'ai envie que Sanchez paye, je ne veux plus qu'il s'approche de moi ou qu'il se venge sur son ex-épouse. Mes yeux dérivent sur le sol et je déglutis avant de prononcer un faible :

-Thomas Sanchez.

Sans ajouter un mot, Ghost s'éloigne de moi mais je le retiens en lui saisissant le bras.

-Attendez, faites attention, c'est... c'est un ancien boxeur.

Il me fixe une seconde avant de laisser échapper un rire sardonique.

-Il en faudra beaucoup plus pour m'impressionner.

Ma gorge s'assèche et mes doigts se resserrent sur son bras malgré moi. S'il lui arrivait quelque chose, je ne le supporterai pas et je me fustige d'avoir eu ce moment de faiblesse. Mes lèvres frémissent et des larmes s'échappent du coin de mes paupières.

-Hey Bébé, murmure-t-il en essuyant mes joues de son pouce, regarde-moi.

Il relève mon menton pour me forcer à lever les yeux vers lui.

-Il ne m'arrivera rien, je te le promets.

Je finis par hocher la tête et il se détache de moi avant de sortir par la baie vitrée et disparaître dans l'obscurité.