Intrusion [Dark romance stalker]

Chapitre 23

Elena

Les jours défilent et aucun ne passe sans que l'on ne se voie. Comme son appartement se situe dans la capitale, on reste la plupart du temps chez lui. Outre qu'il soit un maniaque de la propreté, j'en découvre plus sur lui : il a la phobie des chiens, il est allergique aux œufs (le comble pour quelqu'un qui cuisine aussi bien les omelettes) et adore écouter du hard rock. Comme moi, c'est un workalcoolique, si bien qu'on quitte toujours son appartement en même temps tôt le matin et qu'on s'y retrouve tard le soir.

Durant le week-end, à part le dimanche qu'on réserve à notre famille, on passe le plus clair de notre temps au lit. Jamais un homme ne m'a autant faite vibrer que lui. Derrière son masque se cache un homme généreux et humble. Au fil des semaines, il se dévoile peu à peu et me raconte ses années dans l'armée, l'embuscade dans laquelle sa section s'est retrouvée et la perte de son meilleur ami. Je l'écoute tout en me faisant violence pour ne pas craquer. Puis il me parle de sa famille, tous au service des forces de l'ordre et qu'il adorerait me les présenter un jour.

Notre relation a pris un sérieux tournant, si bien que je ne me vois en aucun cas faire ma vie sans lui. Il ne me cache d'ailleurs pas ses aspirations concernant notre couple. Selon lui, on se mariera dans un an et on aura trois enfants, une fille et des garçons jumeaux. Notre fille sera avocate et nos fils agents de police. On vivra dans un pavillon non loin de notre famille puis on voyagera autant qu'on le pourra. Si j'éclate de rire à ses propos, je n'en pense pas moins. C'est avec lui et personne d'autre que je veux vivre tout ça. Ce soir, on a décidé de passer le week-end chez moi.

Le vendredi soir, je pars plus tôt du travail pour mettre un peu d'ordre dans ma maison. Mais alors que je quitte le périphérique pour m'engager sur la nationale, un fourgon apparaît soudain sur ma droite et me percute de plein fouet. Mon airbag s'enclenche et me comprime contre mon siège. Sonnée, je lutte un moment pour reprendre mes esprits puis je distingue la silhouette d'un homme approcher et ouvrir ma portière. Son visage émacié me semble familier et c'est au moment où je le reconnais qu'il plaque un tissu imbibé d'une odeur chimique sur ma bouche. Très vite, ma tête me tourne et je perds connaissance.

***

Les cris de ma sœur me parviennent jusqu'aux oreilles. Je la vois se débattre entre les mains d'un homme tout en hurlant de terreur. Je me réveille en sursaut et jette des coups d'œil apeurés tout autour de moi à sa recherche quand je réalise que les cris proviennent d'un oiseau enfermé dans une cage à quelques mètres de moi. Ma tête me fait un mal de chien et mon corps est complètement engourdi. Je me redresse et découvre avec horreur que je me trouve également dans une cage et complètement nue.

Ma main vient instinctivement plonger dans mes cheveux puis entre en contact avec une texture dure puis douce. Des plumes... accrochées à mes racines à l'aide de cire. Je tente d'ouvrir la cage dans laquelle j'ai été enfermée mais la porte est cadenassée. Celle-ci est suspendue à une longue chaine pendant d'un plafond et tangue au moindre de mes mouvements. Lorsque mes yeux balayent la pièce, j'y vois d'autres oiseaux enfermés. J'y reconnais un grand-duc, un faucon pèlerin et des perruches.

-Bonjour Petit Oiseau, dit une voix macabre derrière moi.

Je pivote sur moi tout en me repliant sur moi-même pour cacher mes parties intimes. Les rayons du soleil provenant d'une fenêtre m'éblouissent un moment, puis une silhouette d'un homme s'avance vers moi. D'une cinquantaine d'années, dégarni, il me scrute derrière ses lunettes et de ses yeux perçants en me souriant cyniquement. Je reconnais l'homme qui m'a percutée de son fourgon et devine aussitôt à qui j'ai à faire.

-Birdman...

-En personne ! Ravi de voir que je n'ai pas à me présenter, dit-il en me toisant avec amusement, navré que mon oiseau-lyre t'ait réveillée. Il a la fâcheuse tendance à reproduire les sons qu'il entend.