Chapitre 6

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Elena

Le matin suivant, j'embarque avec moi un sac rempli d'affaires de rechange et de toilette. Mais tandis que je sors de ma maison, je me percute à la silhouette de l'inspecteur qui se tient droit comme un piquet sur mon perron. Ses traits sont tirés et son regard est bourré de remords. Je sais ce qu'il va me dire mais je ne tiens pas à l'entendre.

-Je vous dois des excuses, Elena, dit-il le ton morne.

-Ce n'est pas la peine, vos hommes ont failli, il n'y a rien à ajouter.

-Je l'ai sous-estimé. Si j'avais su, je...

-Vous n'auriez pas pu savoir, Inspecteur, le coupé-je, maintenant, excusez-moi mais je suis attendue au tribunal.

Wayce se pince les lèvres et je le dépasse sans ajouter un mot.

-Qu'est-ce que vous allez faire ? me demande-t-il.

-Me mettre à l'abri, dis-je avant de m'engouffrer dans ma voiture.

Je sens son regard me scruter tandis que je démarre loin de lui. Même si je ne devrais pas le blâmer, je ne peux m'empêcher de ressentir de l'aigreur envers lui. Lui-même avait insisté pour me protéger, sans succès. Peu importe, il s'en veut clairement, pas la peine d'en rajouter une couche. Ces derniers jours ont été plus qu'éprouvants pour moi, je manque cruellement de sommeil et je dois redoubler d'efforts pour ne pas perdre la face pendant mon audience. Je parviens tout de même à me concentrer sur ma plaidoirie et suis soulagée de voir que Christine a remporté son procès.

-Tu pars en week-end, ma biche ? me lance Camille en me voyant arriver au cabinet avec mon sac.

-Euh non, j'ai eu un dégât des eaux chez moi, du coup, je passe la nuit ici.

-Tu veux venir dormir à la maison ? me propose-t-elle.

-Non, ne t'inquiètes pas, j'ai du travail à rattraper dans tous les cas et j'ai besoin de la salle des archives.

-Ok, comme tu voudras, répond ma collègue, l'air contrite.

Lorsque j'ai prévenu Alston, mon chef et directeur du cabinet, il a été surpris de ma requête mais après tout, comme je lui ai très peu demandé de faveurs en cinq ans de collaboration, il n'a pas bronché. Je sais cependant que ce n'est pas une solution à long terme et même si ça me fend le cœur, il est grand temps que je songe à déménager. J'ai donc commencé à éplucher les annonces immobilières et contacté l'agent qui m'avait trouvé ma maison à l'époque pour me faire de nouvelles propositions au plus vite.

L'idée de quitter mon chez-moi et ne plus pouvoir garder un œil sur la maison abandonnée m'emplit de désarroi mais il fallait avant tout que je pense à ma sécurité. Cela fait trois jours maintenant que je passe mes nuits chez Alston. Même si le clic-clac de la salle de repos n'est pas de tout confort, au moins, je parviens à dormir un peu plus sereinement. Ce soir, je m'attarde sur un dossier lorsque j'entends la porte automatique s'ouvrir. Je me fige un moment avant de me décider à aller vérifier. Mais lorsque je scrute le couloir et la réception, je ne vois personne. Le silence règne, pourtant, je n'ai pas rêvé, j'ai bien entendu les portes s'ouvrir. Et s'il était parvenu à pénétrer dans l'immeuble malgré tout ? Impossible, l'entrée est gardée et seules les personnes munies d'un badge peuvent accéder aux étages. Je m'apprête à rebrousser chemin mais sursaute en voyant la silhouette de Stan apparaître devant moi.

-Bon sang, Stan, tu m'as fait peur !

-Désolé Elena, je savais que tu passais tes soirées ici et je ne voulais pas te déranger, je venais juste chercher un dossier que j'avais oublié pour mon audience de demain.

Intrusion [Dark romance stalker]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant