Chapitre 22

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Elena

Cal passe le pas de ma porte, me laissant dans un état total d'incompréhension. Pour la troisième fois consécutive, il refuse de rester dormir chez moi ou part après que je me sois endormie. Je ne le comprends pas et mon ventre se serre à l'idée qu'il ne souhaite pas passer ses nuits à mes côtés. Après son départ, je suis en proie à des insomnies redoutables. Il me manque atrocement, j'ai besoin de sentir ses bras autour de moi. Pourquoi ne voudrait-il pas dormir avec moi ? Ai-je fait quelque chose de mal ? Plongée dans mon tourment, je n'entends pas mon père s'adresser à moi. Sans trop réfléchir, j'ai conduit chez mes parents pour notre habituel repas du dimanche et tente maintenant tant bien que mal de participer à notre conversation.

-Comment ?

-Je te demandais si tu souhaitais nous accompagner au Gala de charité des Danes le week-end prochain ? répète mon père entre deux bouchées.

-Euh... non, je ne pense pas.

-Tout va bien ?

-Oui oui !

Mon père me scrute suspicieusement.

-Elena, tu sais qu'on peut t'aider si tu as des soucis, n'est-ce pas ?

-Oui, je sais...

-C'est à cause de l'inspecteur Wayce ?

-Je... quoi ? Comment tu sais ?!

-J'ai bien vu qu'il y avait quelque chose entre vous.

-Quand ?

-Quand tu es arrivée à la station pour assister à l'interrogatoire de Turner.

-Mais, on s'est disputé à ce moment-là !

-Parfois, entre l'amour et la haine, il n'y a qu'un pas. À sa manière de te scruter pendant que tu interrogeais Turner, j'ai bien vu qu'il en pinçait pour toi.

-Oui, bon, il y a en effet eu quelques... quelques trucs mais, je ne sais pas. Je ne suis plus sûre de rien. J'ai du mal à le comprendre.

Mon père se pince les lèvres avant d'ajouter :

-Cet homme revient de loin, tu sais. Quand on est ancien soldat, on trimballe un lourd bagage derrière soi. Calel a perdu son père puis plusieurs de ses camarades pendant la guerre.

-Je... je ne savais pas. Comment tu l'as su ?

-J'enquête toujours sur les personnes qui tournicotent autour de ma fille.

Mon père me lance un clin d'œil tandis que je l'assassine du regard. Depuis mon adolescence, il a toujours envoyé ses sous-fifres récolter des informations sur mes fréquentations. Je me souviens encore de sa rencontre avec Daniel. Il l'avait littéralement bombardé de questions jusqu'à savoir de quoi son chien, que ses parents avaient adopté quand il était petit, était décédé. S'il savait ce que Cal m'avait fait subir jusqu'à maintenant, je ne donnerais pas cher de sa peau.

-Écoute, ajoute-t-il, tout ce que je peux te conseiller est d'être là pour lui, d'être à l'écoute et ne pas le juger. Il essaie certainement de t'épargner ses tourments.

Je me perds dans mes pensées quelques secondes avant de hocher de la tête. Il a raison. Je dois être là pour lui, comme il l'a été pour moi. Le soir-même, après avoir convaincu mon père de me donner son adresse, qu'il était bien sûr parvenu à dénicher pour, et je cite « lui envoyer le SWAT au cas où il me briserait le cœur », je me rends chez lui. Il vit dans un immeuble dans le centre de Sacramento et lorsque je sonne à son appartement, il semble surpris de me voir.

-Elena, comment as-tu eu mon adresse ?

-J'ai mes sources aussi, répliqué-je sur un ton intriguant.

Cal me dévisage une seconde, comme encore en train d'accuser le coup. Clairement, il n'apprécie pas que je me pointe chez lui sans son accord. Oui bah, mon coco, à charge de revanche.

-Je nous ai ramené des sushis, tu me laisses entrer ? dis-je d'un sourire crispé.

Mon homme hésite une seconde avant d'ouvrir grand sa porte. Je reste un moment surprise devant son appartement minimaliste et parfaitement rangé. Il est composé d'un salon uniquement muni d'un canapé angle et d'une télévision et sa cuisine toute équipée est tellement propre que je n'y trouverai pas un grain de poussière si je la passais à la loupe. C'est comme... rafraichissant. En repensant à ma maison sens dessus dessous, je me demande comment il a pu vouloir s'y introduire si souvent. Nous nous installons sur sa terrasse pour manger tout en discutant de notre journée avant de finir dans son lit. Sa chambre est d'autant plus épurée puisqu'elle n'est équipée que d'un lit et d'un dressing. Après nos ébats, le moment que je redoute arrive lorsque Cal m'incite à rentrer. J'insiste pour rester mais il refuse catégoriquement.

-Bébé, il est tard, on doit tous les deux se lever tôt demain.

-Mais je suis plus près du cabinet, je n'aurai pas besoin de me lever tôt ! Regarde, j'ai même pris des affaires de rechange ! m'indigné-je.

Cal soupire avant de me jeter un regard sévère.

-Laisse-moi dormir avec toi, s'il te plaît, le supplié-je.

-Bébé, tu ne comprends pas, si tu restes, je risque de te faire du mal.

-Cal, je n'ai pas peur.

-Elena, je pourrais te blesser, voir pire.

-Non, tu ne me feras pas de mal. S'il te plaît, j'ai besoin de t'avoir à mes côtés.

-Bébé, je...

-Tu ne me feras pas de mal... tu ne me feras pas de mal parce que tu m'aimes, n'est-ce pas ?

Cal me toise de son regard réprobateur.

-Bien sûr que je t'aime, me souffle-t-il.

-Dans ce cas, laisse-moi entrer dans ta vie.

Il détourne son visage du mien et prend une longue bouffée d'inspiration avant de céder.

-Ok...

Je me cale alors contre lui et l'embrasse.

-Ah et au cas où tu en doutais : je t'aime aussi, lui dis-je d'un sourire entendu.

Mon homme me sourit en retour avant de me laisser me lover contre lui. Je le sens s'agiter et s'efforcer de rester éveillé mais je lui caresse doucement le visage et les cheveux. Après plusieurs minutes, ses paupières finissent par s'alourdir et il tombe de sommeil.

Intrusion [Dark romance stalker]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant