Chapitre 3

885 39 3
                                    

Elena

Je claque la porte sur le rustre qui vient de s'inviter chez moi et me reposte sur ma terrasse, les nerfs à vif. Je n'ai jamais porté la police de Sacramento dans mon cœur, ayant toujours estimé qu'ils avaient bâclé l'enquête sur l'enlèvement de ma sœur, et le type qui vient de m'interroger comme si j'étais une criminelle me conforte dans mon jugement. 

Je replace mes binoculaires sur mes yeux et mon cœur manque un battement lorsque je vois deux silhouettes plantées devant la maison. Tous deux portent un uniforme de policiers et j'en déduis qu'ils recherchent des indices concernant le cambriolage de mon voisin. Je les vois arpenter les alentours de la maison puis la silhouette de l'inspecteur Ducon apparaît à son tour. 

Mes jumelles s'attardent sur lui et détaillent sa carrure robuste et son visage impassible. Des yeux ténébreux, des lèvres charnues, la mâchoire carrée et recouverte d'une barbe de trois jours, je ne peux nier le charme sauvage qu'il dégage. Je l'observe s'accroupir pour examiner le sol. D'un geste de la main, il intime ses collègues de venir prendre des clichés puis, à l'aide d'une pince, il ramasse un objet que je ne parviens pas à identifier vu sa taille minuscule, avant de le placer dans un sachet en plastique et le sceller. 

Il se relève puis ses yeux arpentent les environs avant de se braquer sur moi. J'en ai presqu'un sursaut et me sens rougir lorsque je le vois décrocher un sourire en coin. Je baisse aussitôt mes jumelles et pivote pour m'engouffrer dans mon salon. Je sens encore son regard inquisiteur m'épier et m'empresse de fermer ma baie vitrée et mes stores pour couper court à ce contact. 

Si je l'ai envoyé paître un peu plus tôt, je ne veux pas maintenant qu'il croit que je l'espionne. Je décide donc d'interrompre ma séance de surveillance. Dans tous les cas, si la police fouille les lieux ce soir, personne ne s'en approchera. Je me prépare à dîner avant d'aller me coucher. Demain, c'est dimanche, et comme tous les dimanches, je passe le repas de midi chez mes parents. 

Je me lève le plus tard possible pour rattraper mes nuits courtes de la semaine et me prépare avant de conduire jusqu'à leur demeure située à quelques minutes de chez moi. Lorsque j'arrive devant, Franck, l'agent de sécurité qui surveille les allées et venues m'ouvre le portail tout en me faisant un signe amical. Je roule au pas jusqu'à l'entrée et, à peine sortie de ma voiture, mon père dévale les escaliers pour venir à ma rencontre, vision qui me réchauffe tout comme elle me fend le cœur. Le sénateur Jonathan Milez s'est toujours montré très affectueux envers moi, encore plus depuis la disparition de Célia.

-Ma petite fille, dit-il en prenant mon visage en coupe et en me fixant de ses yeux attendrissants avant de m'enlacer.

-Salut Papa !

-Viens, la table est déjà dressée, on n'attendait plus que toi, ajoute-t-il en m'entrainant à l'intérieur.

Nous dépassons deux de ses gardes du corps plantés à l'entrée de la maison avant de rejoindre ma mère qui s'affaire dans la salle à manger. Son visage s'illumine lorsqu'elle me voit et elle s'empresse de venir me prendre à son tour dans ses bras.

-Comment tu vas, ma chérie ?

-Bien et toi ?

-Viens t'asseoir, Rosa nous a préparé un poulet rôti !

Nous nous asseyons tous les trois à la table de la salle à manger et mon père me prend aussitôt à partie :

-J'ai appris qu'il y avait eu un cambriolage chez Feldmann ?

Je ne suis pas étonnée qu'il soit déjà au courant étant donné qu'il décortique chaque article presse émis dans son pays.

-Tu sais que je peux mettre mes gardes du corps à ta disposition, Elena, ajoute-t-il.

Intrusion [Dark romance stalker]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant