11 Avril 2009, contrôle d'anglais. Quel stress ! J'étais vraiment mauvaise dans cette matière. Autant dans les autres je me débrouillais plutôt bien, 15-16 de moyenne, c'est correct en 5 ème. Mais mes parents tenaient absolument que je m'en sorte dans ce cours. « Avec l'anglais tu pourras te débrouiller de partout Cora» me répétait ma mère. Elle avait raison, et j'en suis bien consciente. Pour autant, apprendre cette langue était une véritable épreuve pour moi à cette époque. Ce ne serait malheureusement pas la plus grande de ma vie. Heureusement, pour arranger tout le monde, j'avais cette année une nouvelle professeure : Madame Prevost. Ma progression était flagrante, pour moi comme pour mes parents, ce qui s'expliquait aussi beaucoup par les capacités pédagogiques de celle qui nous faisait cours. Contrairement à celles presque inexistantes de Monsieur Stivo, le prof d'histoire douteux auquel j'ai le droit à hauteur de 6 heures chaque semaine, ainsi qu'à ses coups d'œil et ses remarques déplacées envers les jeunes filles de ma classe. Je sais qu'il m'aimait bien, mais comme on peut s'en douter, la réciprocité n'était pas là.Enfin bref.
Je m'étais donc réveillée tôt : 6h 50, pour mon premier cours à 8h. J'étais en avance, mais ça me laisserai plus de temps à passer avec Alexia, ma meilleure amie. Elle était adorable, le coeur sur la main, d'une gentillesse et d'une bonté inégalables mais aussi loufoque, un peu tordue parfois, sans parler de son tempérament de feu. Mais c'était bien pour ça que je l'aimais. Ça faisait maintenant 5 ans qu'on se connaissait, on s'était longtemps détestées au cause de nos langues bien pendues et de notre franc parlé, mais on avait fini par s'apprivoisées et on étaient devenues inséparables. C'était nous deux, contre le monde entier. Elle devint ma meilleure amie, ma soeur, la deuxième fille de mes parents. C'était mon tout et mon contraire. Une petite italienne un peu ronde, aux cheveux courts, blonds et ondulés, face une grande grecque pas bien épaisse, les cheveux longs, raides et noirs. En revanche, impossible de dire qui avait la peau la plus pâle de nous deux, et le pire caractère, mêmes nos yeux clairs semblaient vouloir faire de nous des sœurs au delà du sang.
Mais passons. Une fois lavée, habillée et préparée, j'ai rejoins mes parents et Ulysse, mon petit frère, autour de la table du salon.
-Καλημέρα! (Bonjour!). M'esclamais-je avec un grand sourire.
Ma mère posait sa tasse de café bardée d'un grand : « Best mom ever » que je lui avait offert deux ans plus pour la fêtes des mères. Elle leva la tête en m'entendant, un grand sourire aux lèvres, et me tendit les bras.
-Γεια σου μωρό, κοιμήθηκες καλά? (Hey mon bébé, bien dormis?)
-Parfaitement bien. Je répondis en prenant des mains de mon père une tartine qu'il venait visiblement de se préparer.
-Hey ! C'est à moi ça !
-Ah bon ? Bah vient la chercher si c'est à toi ! Mais il ne me semble pas qu'il est écrit Yann dessus... Hein Ulysse ? T'en penses quoi ?
Ulysse regarda la tartine avec une grande concentration. Mes parents pensaient qu'à 8 ans, mon petit frère serait sage et honnête. Mais quand il était avec moi, c'était un vrai petit diablotin.
-Non non, je vois rien. Répondit-il avec un sourire d'ange pour mon père.
Un silence plana dans la pièce, les regards passaient de l'un à l'autre, jusqu'à ce que mon père se lève brusquement pour me courser dans la maison, hilare.
-Je vais t'attraper chipie ! Viens ici !
Ma mère et mon frère explosèrent de rire alors que je courais autour de la table pour échapper à mon paternel. Et c'était ça l'ambiance de la maison. Toujours bon enfant, toujours dans la joie et la bonne humeur. C'était ça notre vie. Et ça m'allais. Pourtant, quelque chose me chiffonnait en ce moment. Mon petit frère ... quand il était venu au monde, j'étais la plus heureuse. Mais comme tout les bébés, il prenait du temps et de l'énergie à nos parents. Je restais par conséquent souvent seule. C'était dur parfois, mais j'étais heureuse pour Ulysse et mes parents.
Après ce petit déjeuner mouvementé, ma mère m'emmena au collège sur sa moto. Elle était la plus grande pilote de GP des années 70-80. Tout le monde la connaissait sous le nom d'Athena Solomos. J'aimais quand elle m'amenait en moto ou qu'on faisait juste des balades elle et moi. C'était notre truc à nous. Malheureusement en ce moment avec Ulysse, elle n'avait plus trop le temps de faire des balades, ou juste de m'amener au collège. C'était pour ça que j'appréciait qu'elle m'emmène ce jour là.
Une fois devant le collège, j'embrassais ma mère en lui souhaitant une bonne journée et elle fit de même en ajoutant :
-Μην ανησυχείτε για τα αγγλικά, θα φτάσετε εκεί ! (Ne t'inquiète pas pour l'anglais, tu vas y arriver !)
Je lui sourie avant d'entrer dans la cours où m'attendait Alexia.
-Alooooors ? Prête pour le contrôle ? Questionna mon amie avec beaucoup trop d'entrain pour moi.
Je poussais alors un soupir et passa une main sur mon visage.
-M'en parle pas, j'ai revisé toute la nuit.
Je suivis Alex qui partait en direction du banc où nous avions l'habitude de squatter pendant les pauses.
-T'inquiète, Prevost t'as à la bonne, un peu trop d'ailleurs.
-Alex. Rallais-je.
-Quoi ? C'est vrai ! J'aime pas comment elle...
-Oh la grosse ! Cria un garçon qui arrivait avec sa bande.
Je me mis immédiatement debout et avançais jusqu'à eux. Alex tenta de m'arrêter mais rien n'y fit. Hors de question que ces crétins pourrisse la journée de ma meilleure amie.
-Dégage de là Arthur.
-Ouuuu j'ai peur. La grande Cora Jones me fait faire dans mon froque. Railla le-dit Arthur.
-Tu vas faire quoi ? Appeler ta maman pour qu'elle nous roule dessus? Ajouta un autre gars.
Le groupe se mit à rire tandis alors qu'une nouvelle venue surgissait dans leur dos.
-Ou simplement vous traîner en conseille de discipline pour harcèlement. Alors jeune homme ? Que choisis-tu ?
Elle était là. Toujours elle. Toujours là. Caliopée Prevost. Les garçons perdirent tout d'un coup leur courage.
-Euh...Non madame...On va y aller.
-C'est bien ce qu'il me semblait. Aller, hors de ma vue. Ordonna la professeure.
Les garçons repartirent la queue entre les jambes. Je lâchais un soupir en voyant Alex se cacher dans sa doudoune trop large pour elle. Mon ego reprenait le dessus. Je n'arrivais pas à la défendre seule et ça, je ne le supportais pas. Je me retournais vers la professeure qui n'avait pas bougée. Elle était grande, brune, les cheveux long et ondulée, les traits du visage assez durs mais un regard très doux. Ses yeux clairs étaient rivés aux miens.
-Je pouvais me débrouiller.
-On dit merci Cora.
Son regard, tout comme son ton était dur et cassant. Je la défiais du regard mais finis par abandonner.
-Merci.
-Ce n'est rien. Je serais toujours là pour vous protéger.
Sur ces mots, Madame Prévost me sourit presque tendrement et partit en direction du bâtiment où se trouvait sa salle. Et moi je restais là, à me demander si Alexia n'avait pas finalement raison.

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Toujours Elle. Toujours Là
Terror« J'étais perdu. La dernière fois que mes yeux étaient ouverts, j'étais dans ma chambre. Et me voilà dans une autre pièce, dans un lit qui n'est pas le mien, dans des draps que ne m'appartiennent pas, avec une odeur qui m'est familière autant qu'etr...