La table est dressée, il y a deux assiettes, des couverts, des serviettes. J'ai en face de moi un verre de jus d'orange, un autre de chocolat chaud, un pot de confitures à la myrtille, fraise, pêche. Il y a du coulis de chocolat, caramel et du sirop d'érable. Tout pour un parfait petit-déjeuner.
Mais ma question persiste. À quoi elle joue? Pourquoi elle a l'air si... normal. Pourquoi toute cette mise en scène ? À quoi ça sert?
Je suis méfiante, mais pas à tort. Je la connais, elle essaye de m'amadouer à son tour.
Elle joue un double jeu ...comme moi.
Je ne vois pas autrement. Je continue de la regarder et je reste silencieuse. J'observe ses gestes, ses mouvements, ses traits de visage. Elle est calme... beaucoup trop calme. Mais elle est belle. Très belle.
Quoi?! Mais qu'est-ce que je raconte !?
Je détourne le regard, et pose mes yeux sur la baie vitrée. Il fait beau, les premiers rayons du soleil apparaissent.
Ça me donne l'heure.
Si on est toujours en Avril...non...attendez.
On est Mai.
On est en Mai. Le mois de naissance de mon père. Je vais louper son anniversaire. À cette réflexion, les larmes montent mais je les retiens. Je continue de regarder l'extérieur et vois un oiseau se mettre sur la table qui trône sur la terrasse. Il est beau, il est petit avec le ventre blanc, le tour du bec roux, mais tout le reste est brun, un brun froid, presque triste. Il chante, il ne fait que ça, chanter. Je l'envie. Il a l'air bien, il a l'air libre. Il vole, il chante, il se pose où il veut.
Me voilà entrain de jalouser un oiseau.
Ridicule. Mais je ne peux cesser de l'observer. Il me fixe. Est-ce qu'il voit ma détresse ? Est-ce qu'il voit mon envie de partir d'ici, d'être comme lui ? Libre?
-Cora?
Je sursaute en entendant mon prénom d'aussi près de moi. Je regarde la provenance de cette voix, elle est là, à mes côtés, assise sur la chaise. Je plonge mon regard dans le sien mais je vois sue de la fureur.
Quoi encore?
Elle lève un sourcil et un flash me vient.
.
Je suis essoufflée, je cherche l'air comme je peux, mais l'oxygène me brule les poumons. Je tousse comme je peux et essaye de bouger mais tout son poids m'en empêche.
-Respire ma chérie, respire.
C'est ce que j'essaye de faire putain! Je la fixe avec un regard assassin. Je la vois lever un sourcil et remettre sa main sur ma bouche.
-Je vois que tu n'as pas bien compris.
Je secoue la tête pour me défaire de sa main mais avec l'autre elle bouche mon nez. L'air ne passe plus. Je me débats, encore et encore, cependant rien ne bouge. Ses genoux immobilisent mes bras plaqués contre le matelas. Et je ne respire plus. Les larmes coulent et je cherche de l'air en vain. Je sens quelque chose vibrer en moi. Son putain d'oeuf qu'elle a inséré de force. Ça me fait mal, ça me déchire. Mais malgré moi je sens un plaisir coupable et malsain en moi. Ce plaisir grandit puis redescend quand elle me laisse respirer de nouveau. Je déteste ça. Pourquoi je prends du plaisir?!
-Cora, où doit être ton regard?
Je reviens à moi et baisse mon regard. Mes yeux fixent l'assiette de crêpes au centre de la table et je murmure.
-Pardon madame.
Je la vois reprendre ses activités et imagine son putain de sourire satisfait. Un silence s'installe, il est pesant. Et quand je regarde la baie vitrée...il n'y a plus l'oiseau. Je soupire légèrement et j'entends.
-Que me vaut ce soupire?
Je me fige. Merde. Elle m'a entendu.
Reponds bien...reponds bien.
-Je suis déçu de ne plus voir l'oiseau madame.
Un ange passe.
-Tu voudrais être comme lui?
Je relève brusquement ma tête en l'entendant. Elle lit dans les pensées ou quoi? Je plonge mon regard perdu dans le sien. Elle ne se moque pas de moi, elle est sérieuse.
Je ne comprends plus rien.
Je perds mes repères. Elle n'a aucune réaction attendue. Là, elle se serait foutu de moi! Mais non, elle est sérieuse. Je la regarde attentivement, en quête de trouver ses véritables intentions, mais rien. Je balbuties et là, elle hausse les sourcils.
-J'ai enfin réussi à te faire taire? Amazing! S'exclame-t-elle avec un petit rire.
Je la regarde se servir de l'eau et fronce les sourcils de plus belle.
-Je...je ne comprends pas. Je souffle en regardant tout ses faits et gestes.
Elle hausse les épaules et me sert un verre d'eau à mon tour.
-Qu'est-ce que tu ne comprends pas? Me demande-t-elle.
-Toi. Je réponds le regard remplie d'incompréhension.
Elle me met une crêpe dans l'assiette et me tend la confiture de fraise. Je la prends avec réticences et essaye de l'ouvrir pendnant qu'elle me réponds.
-Tu parles certainement de mon changement d'humeur? Disons simplement...que je voudrais que les choses ne se passe pas comme la dernière fois.
Je fronce les sourcils et continue d'essayer d'ouvrir ce maudit pot!
-Comme la dernière fois?
-Oui, j'aimerais que tu évites de provoquer la punition et que tu t'enfermes dans la salle de jeu, aller passe moi ça. Deblatere Calliopée en vitesse avec un petit rire à la fin.
Je me fige. Elle....elle est entrain de dire...que c'est de ma faute là ?! Je lui laisse le pot de fraise qu'elle ouvre aisément mais moi, je suis encore choquée de la connerie qu'elle vient de balancer. J'ai envie de tout balancer, de tout casser. J'ai envie de l'envoyer se faire voir chez les Grecs ! J'ai envie de lui faire bouffer ses crêpes par le cul et de l'en tenir responsable ! Mais rapidement, une pensée me vint.
Ne t'énerve pas...joue le jeu.
Je me détends rapidement et secoue la tête en baissant docilement la tête.
-Je vois...je suis désolée madame.
En entendant le "pop" du bocal qui s'ouvre, je me lève et me mets à genoux à ses côtés.
N'en fais pas trop...
Je me mets dans une position parfaite et le silence me pèse. Il faut qu'elle y croit encore. Je sens une main dans mes cheveux, me caresser le crâne. J'ai envie de vomir en sentant sa paume contre moi...mais je ne bouge pas d'un poil. Elle tombe...elle y croit. Comme ça, je pourrais bien lui prouver quelle erreur elle a faite en s'en prenant à Cora Jones.
VOUS LISEZ
Toujours Elle. Toujours Là
Terror« J'étais perdu. La dernière fois que mes yeux étaient ouverts, j'étais dans ma chambre. Et me voilà dans une autre pièce, dans un lit qui n'est pas le mien, dans des draps que ne m'appartiennent pas, avec une odeur qui m'est familière autant qu'etr...