[Sterek] Un fil d'argent

Chapitre 7

Scott avait rassemblé la meute à la clinique vétérinaire, dans l'heure qui avait suivi le départ de Stiles. Il avait amèrement regretté d'avoir parlé de ce loup à son meilleur ami. Il avait proposé cette soirée avec Stiles et Isaac pour sortir un peu son ami d'enfance et tenter de lui changer les idées. Une anecdote en amenant une autre, il avait fini par évoquer malgré lui cet épisode qui l'avait amené dans cette ferme quelques jours plus tôt, et il n'avait pas réussi à endiguer l'enthousiasme désespéré de Stiles à l'idée que peut-être le loup noir aurait pu être Derek.
Après avoir tenue la meute informée de l'évènement, il avait d'abord pensé rejoindre Stiles chez lui pour essayer de le dissuader de mener des recherches dès le lendemain. Mais il avait trouvé l'appartement vide si ce n'était le téléphone de son meilleur ami posé sur le comptoir de la cuisine. Scott avait alerté la meute et avait aussitôt lancé les recherches. Stiles était humain, il fallait le retrouver vite avant que la météo ne le piège.
Ils avaient arpenté la forêt pendant des heures à la recherche de Stiles, à commencer par les endroits qu'ils avaient connus par le passé et où ils avaient partagé du temps tous ensemble. Ils étaient allés jusqu'à la propriété des Hale, supposant que Stiles commencerait ses recherches par là puisqu'il espérait tomber sur Derek. Mais la nuit avait lentement avancé et ils n'avaient trouvé aucune trace de Stiles autour de l'ancien manoir. C'est le hurlement du loup qui avait attiré l'attention des garous, poussant la meute à se diriger vers la ferme où ils avaient finalement retrouvé Stiles juste après le second coup de feu.

Stiles venait de rejeter l'aide de son meilleur ami quand Isaac les avait rejoint. Malia s'occupait de maintenir l'homme à l'intérieur de la maison, attendant sagement les ordres de Scott. Ce n'était pas l'envie qui lui manquait de faire avaler son fusil à l'habitant des lieux, mais les années avaient appris à la Coyote quelques bonnes manières, à savoir notamment qu'il n'était pas poli d'enfoncer un fusil dans la gorge de son propriétaire, aussi stupide fusse-t-il.
Isaac amorça un pas pour suivre Stiles entre les arbres mais Scott l'en empêcha d'une main sur le bras.

- Laisse-le, je le rejoindrai chez lui quand on aura terminé ici.

Scott posa son regard sur le loup à ses pieds. L'odeur de sang emplissait les lieux, et la neige rougie avait fondu sous la chaleur du corps et du liquide qui s'y était répandu. Scott afficha un air désolé en se penchant vers le loup, posa une main sous son épaule et ferma les yeux un instant pour se concentrer sur le pouls de l'animal : rien.

- Aide-moi à retirer le piège, il faut qu'on l'emmène.

Isaac obtempéra sans broncher, s'abaissant aux côtés de son Alpha pour l'aider à libérer le membre prisonnier. Il jeta un oeil aux brebis affolées parquées dans l'enclos, se demandant si le loup avait eu le temps de les attaquer : visiblement aucune perte n'était à déplorer, cette fois.

Stiles se sentait perdre pieds. Il avait perdu l'ouïe à l'instant où la deuxième détonation avait retenti à ses oreilles. L'impact résonnait à l'intérieur de lui, dans un écho sans fin, tandis qu'il titubait à travers les arbres en se retenant à peine aux troncs qu'il percutait sur son passage. Il n'avait même plus envie de s'accrocher. Plus envie de se battre. Il n'avait plus aucune raison de rester dans ce monde, maintenant que tous ses espoirs avaient été anéantis par un simple coup de fusil. Le froid lui dévorait la peau, la neige s'était insinué contre son corps et avait trempé ses vêtements : il était transit de froid. Un mal de crâne lui assaillait les tempes et l'empêchait de réfléchir. Mais dans le fond, avait-il seulement envie de réfléchir ? Il n'en n'était pas sûr. Il voulait oublier. Revenir en arrière, ne pas sortir de chez Scott. Peut-être que Derek serait encore en vie ? Comment avait-il pu perdre le contrôle ? A quel moment avait-il suffisamment manqué d'esprit d'analyse pour ne pas voir ce qui allait arriver ?
Stiles s'écroula brusquement contre un tronc blanchi par la neige, et se laissa glisser au sol dans un sanglot désespéré. Il avait fait tuer son compagnon. Voilà pourquoi Derek était parti, finalement : il avait juste compris en premier, que Stiles n'était qu'un poids et qu'il les mettait tous en danger par sa seule présence. Il n'avait jamais servi à rien. Il s'était cru intelligent, et il ne leur avait apporté que des ennuis, tout ce temps. Pour la première fois de sa vie, Stiles désirait que tout s'arrête. Il voulait découvrir le silence et la tranquillité qu'apportait la mort. Y aurait-il seulement droit, après ce qu'il venait de faire ?
Dans un ultime mouvement, il se laissa tomber complètement dans la neige. Le froid martela ses tempes à mesure que les minutes s'écoulaient. Il attendait patiemment que l'air glacial emporte ses dernières forces et lui offre enfin la paix.
Groggy par le froid, il fut réveillé par une force étrange qui lui pinçait l'épaule. Il tenta d'ouvrir les yeux mais l'énergie lui manquait et il les referma, résigné à subir cet étrange assaut sans broncher. Etait-il en train de mourir ? Non, c'était trop réel. C'était Scott, il l'avait finalement retrouvé. Ca ne l'étonnait pas, en fait : Scott ne l'aurait pas laissé mourir, il était bien trop attaché à son rôle de super-héros pour accepter que Stiles veuille abandonner. L'humain poussa de légers grognements mais son meilleur ami n'en tint pas compte et continua de le traîner silencieusement dans la neige. Stiles se demanda brièvement où étaient les autres membres de la meute, avant de sombrer à nouveau dans les méandres de l'inconscience. C'était reposant, après tout, de ne plus réfléchir. Et puis tant qu'il était là, dans l'obscurité de son esprit, il ne pensait pas au reste. Ca faisait du bien, en fait, de ne pas savoir ce qui se passait autour de lui. Il aimait cet état entre la vie et la mort, sans trop savoir où il était tout en étant suffisamment conscient pour savoir qu'il se passait quelque chose.