[Sterek] Un fil d'argent

Chapitre 5

La nature était incroyable, à cette époque de l'année. Stiles ne s'était jamais vraiment intéressé à elle et n'avait jamais vraiment pris plaisir à faire des balades ou quoi que ce soit qui ne soit pas en rapport avec des enquêtes de police. Mais il devait bien reconnaître que ce soir, il se rendait compte de la beauté du monde qui l'entourait.
Tout était d'un blanc immaculé. Quelques nuages parsemaient le ciel mais il parvenait tout de même à voir où il marchait grâce à la proximité de la lune. La neige recouvrait non seulement le sol, mais aussi les troncs et les branches des arbres. Il percevait sans mal les traces de passages d'animaux sauvages et mêmes les empreintes de quelques humains qui s'étaient baladés là dans la journée. La neige avait cessé de tomber depuis plusieurs heures, le vent avait fouetté les sols le restant de la journée et avait ainsi cristallisé les marques de passages dans la neige glacée.
Stiles n'eut ainsi aucun mal à trouver les traces de pattes d'un énorme canidé et vu la largeur des empreintes, l'animal devait effectivement avoir un gabarit impressionnant. L'être humain s'était muni d'une lampe torche et de gants pour garder ses mains au chaud. Il avait précautionneusement abandonné son téléphone à son appartement pour ne pas être retrouvé par son fouineur de meilleur ami et il s'était empressé de rejoindre la ferme à la sortie de la ville, celle-là même qu'il connaissait pour y avoir déjà vu paître des moutons par le passé.

- Où est-ce que tu es, Derek ?

C'était peut-être seulement l'air froid qui s'engouffrait dans ses poumons à chaque inspiration, mais il eut l'impression que le prénom lui brûlait le coeur. Il ne l'avait pas prononcé depuis tellement longtemps que le mot semblait étrange dans sa bouche. Il alluma sa lampe torche et entama une longue et fastidieuse randonnée à travers les bois gelés, suivant la piste de l'animal qui semblait dater du matin. Il avait peut-être à peine plus de douze heures d'avance sur Stiles et ça suffisait à l'humain pour le remplir d'espoir. Il allait enfin avoir des réponses à ses questions. Il allait enfin pouvoir comprendre.
C'était fou pour lui de se sentir si vivant. Il était galvanisé par le froid et l'excitation, et malgré les températures basses, il avait l'impression de se consumer de l'intérieur. Un sentiment d'impatience le forçait à avancer toujours plus vite et toujours plus loin, suivant les traces du loup comme il aurait suivi la piste d'un suspect. Il avait tant de questions à poser à son ancien compagnon. Il voulait savoir pourquoi il était parti. Pourquoi sans prévenir personne et même, comment il avait réussi à effacer ses traces pour qu'ils soient incapables de le retrouver.
Stiles écoutait les bruits de la nuit sans éprouver d'inquiétude. Derek était là, quelque part. Il ne pouvait rien lui arriver de mal, n'est-ce pas ? Stiles n'avait aucune inquiétude à se faire au sujet du froid, ou de la distance qu'il parcourait ni même des directions qu'il prenait : de toute façon, il allait droit vers l'homme qu'il aimait et c'était le plus important. Dès le lendemain, tout irait mieux.
Lorsque sa lampe torche le lâcha, Stiles émit un grognement agacé et la frappa dans sa main plusieurs fois dans l'espoir de lui redonner un peu d'énergie. Ca ne pouvait pas lui arriver si près du but ! Il la fourra dans la poche de son manteau dont elle dépassa en grande partie, menaçant de tomber à chaque nouveau pas qu'il faisait. Tant pis, il se fichait pas mal de la perdre, elle ne lui était plus d'aucune utilisé sans ses piles. Par chance, les nuages se faisaient relativement rares et la clarté de la lune, quoi que moins efficace qu'une lampe, lui permettait de suivre encore les traces le long des pistes qu'avait creusées Derek dans son sillon.

- Derek ?

Stiles l'appelait régulièrement, tentant d'attirer son attention vers lui. Il était convaincu que si Derek l'entendait, il viendrait jusqu'à lui, peu importe les raisons qui l'avait poussé à partir huit ans plus tôt. Le loup ne le laisserait jamais passer une nuit dehors par un temps pareil. Il allait lui venir en aide, de gré ou de force. Et dès qu'ils seraient réunis, il n'y aurait plus qu'à réparer ce qui avait été abimé par le temps. A ce stade, Stiles était prêt à tout pardonner, même une double vie au fin fond des Etats-Unis. Pourvu qu'ils soient enfin réunis, l'humain était capable de tout accepter. Et si la faute lui revenait, il ferait amende honorable et s'excuserait dignement auprès de cet homme qu'il aimait tant. Il n'avait qu'une envie : serrer le loup dans ses bras, sentir son odeur autour de lui, et pouvoir enfin toucher sa peau, embrasser ses lèvres. Bon sang ce qu'il l'avait aimé, durant tout ce temps. Bon sang ce qu'il lui manquait !

- Derek ! C'est Stiles, tu m'entends ? Par ici !

Aucune réponse ne lui parvenait malgré le silence de la nuit. Tout juste entendait-il le ululement d'un rapace nocturne que sa voix dérangeait, ou quelque amas de neige tombant d'un arbre quelque part dans l'obscurité. Où qu'il soit, Derek n'était visiblement pas dans son périmètre direct. Stiles se fit la réflexion qu'il commençait à faire drôlement froid, malgré l'engouement qu'il éprouvait à l'idée de retrouver son ancien ami. Le temps passait et emportait son énergie comme il avait emporté celle de sa lampe. Il n'avait même pas de moyen de savoir combien de temps il avait passé là, à marcher au hasard de la forêt.
Son enthousiasme commençait doucement à s'effriter, lorsqu'un cri strident déchira la nuit. La voix d'un loup en détresse. Stiles redressa la tête, écoutant attentivement autour de lui pour situer le son. Il chercha à se repérer, guettant les grognements de l'animal mêlés aux tintements métalliques d'une chaîne.
Derek lançait des grondements furieux entre les arbres, permettant à Stiles de suivre sa voix pour le rejoindre. L'être humain se mit à courir dans la neige, perdant sa lampe torche sur le chemin sans même s'en rendre compte. Il couru de toutes ses forces, aussi vite qu'il était capable de le faire, tentant de rejoindre au plus vite son compagnon. Tout allait bien se passer, maintenant. Il avait déjà désamorcé l'un de ces pièges avec Lydia, il y arriverait une seconde fois. Pour Derek.