Chapitre 2

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La journée avait été éreintante. Lydia n'était pas ce genre de Leader qu'on a envie de défier. Chacun lui obéissait sans broncher parce que si une seule théorie avait toujours été constante dans leur vie, c'était celle-ci : ce que Lydia Martin désirait, Lydia Martin l'obtenait.

- Stiles ! Mais qu'est-ce que tu fais assis ? Va danser ! Tu ne vois donc pas que la piste est désespérément vide !?

Stiles posa son verre de justesse avant que la main impérieuse de son amie ne l'arrache à sa chaise pour lui donner de l'élan en direction de la piste de danse. Il gonfla les joues, sans trop savoir ce qu'il était supposé faire : Léane n'était pas encore arrivée et il s'imaginait mal inviter une autre fille à danser. Déjà qu'il n'avait initialement pas prévu de danser du tout ...

- Scott ! Ce n'est pas parce que tu es le roi de la soirée, que tu va rester fixé à ton trône jusqu'à demain ! Debout !

Stiles poussa un soupire de soulagement lorsque son meilleur ami tituba jusqu'à lui, l'aidant à retrouver son équilibre en lui retenant le bras. Scott lui sourit avec amusement avant de jeter un oeil autour de lui. Il repéra Malia un peu plus loin dans la foule et se dirigea vers elle pour l'inviter à danser.
Stiles se retrouva seul au milieu des invités, observant ses amis avec amusement. Il les aimait, tous. Il les aimait profondément et ils avaient été son pilier toutes ces années. Massant sa hanche douloureuse machinalement, il étira un sourire attendri. Jamais il ne pourrait faire peser le poids de ses démons sur leurs épaules. Ils avaient tous trop souffert pour ne pas profiter de cette vie paisible qu'ils avaient si durement méritée.

- Eh Stiles ! Comment tu va ? Je ne pensais pas te voir ce soir.
- Scott est mon meilleur ami. Le jour où je manquerai son anniversaire, je serai mort.

Théo lâcha un rire bref. Il voulait croire que Stiles faisait de l'humour mais l'être humain semblait on-ne-peut-plus sérieux. Le bêta s'éloigna, après lui avoir tendu son verre en signe de respect, bien décidé à ne pas discuter davantage avec lui.
Stiles reprit son propre verre sur la table où il avait été contraint de l'abandonner. Il fit tourner son breuvage dans son contenant, puis jeta un dernier regard à son ami d'enfance avant de s'éclipser discrètement, rejoignant l'extérieur dans un profond soupire de lassitude. Il s'installa sur les marches de la véranda et observa le lac où la lune reflétait ses rayons blafards. La vie continuait. Malgré ses états d'âme, malgré ses souffrances, le temps suivait son cours et ne se préoccupait pas de savoir  ce que lui en pensait. Il n'était qu'une fourmi parmi toutes les autres, sur une planète gigantesque qui ne les verrait même pas disparaître.
Il soupira une nouvelle fois. Il avait longtemps été en colère contre Derek, et contre l'Univers entier de lui avoir promis le bonheur pour le lui arracher finalement. Mais le temps avait passé. Il était simplement épuisé, maintenant. Chaque jour était seulement une marche de plus vers un deuil qu'il attendait patiemment de faire. Il s'était promis depuis longtemps, qu'un jour il parviendrait à repenser au passé sans avoir mal.
Pourtant, huit années s'étaient écoulées et rien ne semblait apaiser son coeur. Il avait mal de son absence, exactement comme au premier jour. Il souffrait de ne pas comprendre, de ne pas avoir d'explication. Derek était simplement parti. Pas un mot, pas un signe de vie. Il avait juste disparu.
Une main se posa délicatement sur son épaule et une robe aussi blanche que la lune valsa dans son champ de vision, tandis que Lydia s'installait près de lui. Elle posa son verre à côté d'elle, prit celui des mains de Stiles et le posa à côté du sien. Stiles se laissa faire sans quitter le lac des yeux. Les reflets de la lune sur l'étendue d'eau l'apaisait, faisant contraste avec le brouhaha de la fête qui battait son plein derrière lui.

- Tu veux discuter ?
- Je suis certain que tu sais déjà tout. Tu es trop intelligente pour ne pas savoir.

Les doigts de la jeune fille descendirent sur son bras et s'arrêtèrent sur son poignet pour le serrer délicatement. Bien sûr, qu'elle savait. Elle aurait aimé en savoir davantage, avoir des réponses à lui donner, mais elle n'avait rien. Ils avaient passé plusieurs mois à chercher Derek, sans succès.

- Il ne reviendra pas, Stiles.
- Je sais.
- Tu as le droit d'être heureux, c'est ce qu'il aurait voulu.
- Je sais.
- Stiles, je m'inquiète pour toi.

Stiles ne répondit pas. Il aurait pu lui dire que ce n'était pas nécessaire, mais il savait que c'était inutile. Il allait mal, son amie le savait et aucun d'eux ne pouvait rien y faire. Si seulement il pouvait juste savoir ce qui était arrivé à son compagnon.
Les coudes repliés sur ses genoux, il laissa sa tête tomber vers l'avant et poussa un profond soupire. Il était fatigué de n'être plus qu'une ombre dans la vie de ses amis. Il ne pouvait pas peser indéfiniment sur leurs épaules mais il ne trouvait simplement pas le courage de disparaître à son tour. Scott avait trop souffert de la disparition de Derek. Stiles ne voulait pas lui infliger deux fois cette douleur. Et puis au fond, peut-être avait-il quand même l'espoir d'aller mieux.

- Léane t'a parlé, n'est-ce pas ? L'autre jour, chez nous.
- Elle te l'a dit ?
- J'ai entendu la fin de votre conversation avant de vous rejoindre. Elle va partir.
- Qu'est-ce qui te fait penser ça ?
- Elles ont toutes fini par partir.
- Et qu'est-ce que ça te fait ?

Stiles haussa douloureusement les épaules, redressant sa tête pour regarder à nouveau le lac. La vérité, la triste vérité, c'est qu'il s'en fichait. Il avait éprouvé de la tendresse pour ces filles aussi longtemps qu'elles étaient resté à ses côtés, mais il n'était jamais tombé amoureux comme il avait pu aimer Derek. Il ne pourrait probablement jamais aimer quelqu'un comme il avait aimé Derek.

- Stiles, tu as besoin d'aide. Tu ne peux pas rester comme ça, ça fait trop longtemps.
- Ne dis rien aux autres.
- Pourquoi ?
- Je ne veux pas être un poids pour la meute.

Lydia se redressa en inspirant profondément. Elle laissa son regard se poser sur le lac qui leur faisait face. Elle ne savait plus quoi faire, à vrai dire. Lorsqu'elle avait pris conscience de la situation, les souffrances de Stiles duraient déjà depuis plusieurs années. Mais elle ne pouvait plus fermer les yeux, maintenant.

- Je ne vais pas te laisser sombrer, Stiles.

Elle se leva, claquant involontairement ses talons sur la marche qui lui servait d'appui. Stiles releva son regard vers elle et vit son sourire triste étirer ses lèvres avant qu'elle ne remonte et disparaisse à l'intérieur de la maison. Ses yeux ambrés tombèrent vers le sol et une larme roula sur sa pommette avant d'aller s'écraser sur le sol. A la mine défaite qu'avait affichée Lydia, il avait pris conscience que ce qu'il voulait à tout prix éviter était déjà d'actualité : il était devenu un boulet à traîner.

[Sterek] Un fil d'argentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant