[Sterek] Un fil d'argent

Chapitre 15

Derek observait amoureusement son petit-ami. Stiles faisait toujours des choses qui l'exaspérait, comme courir après les enquêtes impossibles ou fouiner dans les affaires de son père alors qu'il n'avait aucun droit de le faire. Il ne pouvait jamais rester en place plus de quelques minutes et sa façon de s'exprimer avec de grands gestes et des monologues interminables frôlait l'insupportable. Pourtant Derek l'aimait, comme il n'avait jamais aimé par le passé.

- Quoi ?
- Tu en as parlé à Scott ?
- Il ne m'écouterait pas. Rien ne passe avant Malia, depuis qu'ils sont ensemble.

Derek s'avança et se pencha par-dessus le canapé pour encercler le buste de l'être humain, qu'il ramena contre lui pour le serrer tendrement. Il enfouit son visage dans le cou de son compagnon pour humer son odeur dont il était bien incapable de se lasser.

- Qu'est-ce qui t'arrive, Derek ? Fais gaffe, on pourrait croire que tu es amoureux.

Derek pouffa contre la gorge de son vis-à-vis avant de pincer doucement sa peau blanche entre ses lèvres. Stiles releva la tête en arrière pour se blottir contre la clavicule du loup, puis réclama silencieusement un baiser, que le plus âgé lui offrit sans se faire prier.
Lorsque l'humain rouvrit les yeux, il s'horrifia en remarquant des filets de sang qui coulaient sur le visage de son compagnon.

- Merde, Derek tu/

Derek continua de lui sourire un instant, puis s'écroula au sol dans un bruit sourd. Stiles se releva brusquement du canapé, sautant par-dessus le dossier pour rejoindre son compagnon sur le sol froid du loft. Le visage du loup-garou était figé par la mort, fixant éternellement le vide.
Stiles se redressa brusquement dans son lit, haletant et en sueur. Il tenta de faire le vide en se massant les tempes mais l'image du cadavre de Derek refusait de quitter son esprit. Il avait parfois l'impression d'avoir du sang jusque sur ses mains mais dès qu'il les regardait, hormis leurs tremblements, elles n'avaient rien de particulier.
Stiles quitta ses draps trempés de sueur, cherchant encore son souffle pendant de longues secondes. Il avait besoin de se changer les idées. Derek était revenu depuis plusieurs semaines, maintenant, mais ses nuits continuaient à être peuplées de cauchemars. Il se félicitait de vivre seul : il aurait culpabilisé de perturber le sommeil de Léane si elle avait été encore à ses côtés.
A travers la fenêtre du salon, le jeune adjoint regarda la ville plongée dans l'obscurité. Les nuits de Décembre étaient les plus longues de l'année.
Il était presque six heures, aussi Stiles décida de se préparer pour se rendre au poste du schérif. Même s'il aurait souhaité enquêter si ce qui était arrivé à son ancien compagnon, on avait besoin de lui ailleurs. Et puis, dans le fond, peut-être n'avait-il pas vraiment envie de tout savoir. Derek semblait se concentrer sur le présent et il avait tout intérêt à faire la même chose : le passé était derrière eux.
Alors qu'il lui restait quelques minutes d'avance, Stiles empoigna son téléphone pour contacter son meilleur ami.

- Salut Scott, j'ai vu que tu as essayé de m'appeler hier soir, je me suis effondré après le boulot. Tu as besoin de moi ?
- Je voulais te proposer de te joindre à nous vendredi soir, on va tous se rassembler au loft. Derek est plus à l'aise dans son corps d'humain, maintenant. On s'est dit qu'on pourrait juste passer un bon moment tous ensemble.
- Merci Scotty, mais je vais passer mon tour.
- Stiles, tu ne peux pas le fuir éternellement, tu sais ? Et puis il n'arrête pas de te réclamer.

Stiles émit un bref rire sarcastique.

- Ah, du grand Derek, ça. Monsieur veut et ordonne qu'on lui apporte l'objet de ses désirs.
- Tu sais bien que ce n'est pas comme ça, Stiles ...
- Scott, je ne suis pas prêt, ok ?

Scott soupira doucement, mais il acquiesça et salua son ami, respectant son choix. C'était difficile pour le jeune humain. Il avait souffert pendant huit ans, cherchant jour après jour ce qui avait pu arriver à son compagnon. Et finalement, Derek avait juste été quelque part, sous sa forme lupine, à chasser des lapins sans se préoccuper de la détresse qui pouvait détruire Stiles à petit feu.
L'adjoint donnerait n'importe quoi pour passer à autre chose, se remettre une bonne fois pour toutes de ce traumatisme. Chaque matin il se promettait que cette fois, ça irait. Qu'il passerait enfin une journée normale parce que son calvaire était enfin terminé. Mais chaque nuit le rappelait à l'ordre et le ramenait huit ans en arrière, le jour de la disparition de son compagnon. Il avait l'impression d'être pris dans une faille temporelle, condamné à revivre éternellement ces derniers instants avec son petit-ami. Obligé de le voir disparaître encore, de toutes les façons les plus morbides possibles. Parce que pour ça, son cerveau avait encore de la ressource en terme d'imagination. Les scénarios étaient toujours aussi bien travaillés que la réalité, à la seule différence que dans ses rêves, Derek finissait toujours par mourir.
Stiles s'était maintenant habitué au retour de Derek. Il savait que le loup faisait à nouveau partie du paysage et qu'il interagissait régulièrement avec la meute de Scott : ils l'avaient tous aidé à recouvrer ses habitudes d'humain, perdues pendant huit longues années. Stiles se souvenait encore avec dégoût du premier repas partagé en compagnie du solitaire : Derek avait dévoré de la viande crue devant toute la meute sans sembler perturbé par le goût du sang dans sa bouche. Isaac avait même dû s'éloigner pour ne pas vomir au milieu du loft.
Un léger sourire étira brièvement les lèvres de Stiles en repensant à ce fameux premier soir, mais rapidement ses pensées s'orientèrent à nouveau vers le désespoir et il perdit sa grimace amusée. Peut-être un jour serait-il capable de regarder Derek sans souffrir. Pour l'heure, le simple fait de penser au loup suffisait à le rendre malheureux pour des jours. Il se contentait donc des nouvelles qu'il recevait par l'intermédiaire de Scott, et ne participait aux réunions de la meute que lorsque Derek n'y était pas convié. Il savait que son humeur maussade enlaidissait l'ambiance parmi ses amis mais c'était plus fort que lui. Il n'était vraiment pas prêt à se trouver à nouveau dans la même pièce que son ancien compagnon.