Chapitre 9

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- Je pense que c'est une mauvaise idée.
- Je sais, Isaac. Je vous ai tous entendus et on est tous d'accord là-dessus. Mais je n'ai plus d'option. Il a sauvé Stiles l'autre nuit, je ne vois pas d'autre option.
- Et si c'était un hasard ? S'il avait juste voulu le mordre mais que votre arrivée l'avait interrompu ?

Scott poussa un long soupire et posa ses yeux dans ceux de Lydia : la banshee était inquiète, elle n'aimait pas le plan qu'il avait exposé à la meute. Lui non plus à vrai dire, mais il manquait sérieusement d'options.

- Non, il a eu tout le temps de le mordre et ne l'a pas fait. Et s'il avait voulu le transformer, il n'aurait pas fuit à notre arrivée, il aurait tenté de nous dissuader de rester.
- Oh arrêtes, Scott ! Je n'ai pas besoin d'être une louve pour savoir compter. Vous étiez trois contre un, il n'avait aucun intérêt de rester pour défendre sa proie !
- Lydia, s'il te plait, je te demande de me faire confiance. Je vous le demande à tous.

Scott observa un à un ses bêtas. Tous l'écoutaient avec attention, mais il pouvait aisément sentir leur désaccord. Ils ne voulaient pas le contredire, mais ils n'approuvaient pas son idée.

- On ne le laissera pas tomber. Si ce n'est pas Derek, on sera tous là pour protéger Stiles.
- Et après !? Tu es vraiment prêt à briser le coeur de ton meilleur ami pour un Oméga qui traîne dans la forêt ?
- Ce n'est pas un Oméga, tu as vu ses yeux comme moi, Lydia.
- Oh et après !? Le problème reste le même, Scott ! Si ce n'est pas Derek, tu va juste anéantir Stiles avec de faux espoirs !

Scott baissa la tête en serrant les dents : Lydia avait raison, il le savait. Mais il n'avait pas le choix. Un Alpha dans les parages n'était pas une bonne chose, il devait protéger la ville. Si l'animal cherchait à créer une meute, ils auraient bientôt de gros problèmes sur les bras. Il devait à tout prix essayer d'empêcher ça avant que la situation ne dérape vraiment.

- Je vais voir Stiles. Préparez-vous : le connaissant, il n'attendra pas pour retourner en forêt.
- Tu es un crétin, Scott McCall ! Et si tu fais du mal à Stiles, je ne te le pardonnerai jamais. J'espère que c'est bien clair.

Le jeune Alpha ferma les yeux de résignation, puis quitta son appartement avec le sentiment d'avoir une chape de plomb sur les épaules. Il savait qu'il prenait un risque énorme. Stiles avait énormément souffert toutes ces années et il s'apprêtait à lui vendre un espoir qui avait toutes les chances d'être vain.

Scott dû s'y reprendre plusieurs fois avant de trouver assez de courage pour toquer à la porte de Stiles. Son ami d'enfance vint lui ouvrir après de longues secondes, mais Scott avait attendu : il avait entendu les mouvements de son presque frère à travers la porte, et savait qu'il était chez lui.

- Scott ? Si c'est pour me demander de retourner à l'hôpital, je/
- Non, ne t'en fais pas. Je savais que tu en sortirais vite et je me suis dit que tu serais mieux chez toi pour te reposer. C'est pour ça que j'ai demandé à la meute de ne pas te déranger ces trois derniers jours.
- Ah ... Moi qui pensais que vous étiez juste occupés à traquer des loups dans la forêt.

Scott leva sur Stiles un regard coupable, lui signifiant qu'il avait visé juste, sans pour autant être capable de le formuler avec des mots. Stiles avait toujours été trop intelligent pour qu'on lui cache quoi que ce soit.

- Allez Scotty, ne reste pas planté là. Tu veux boire quelque chose ? J'ai du soda, du jus de fruits, de la bière ...
- Un soda, merci.

Tout en observant le dos de son meilleur ami, Scott s'installa dans le canapé vieilli qui trônait au milieu du salon. Il prenait seulement conscience à quel point l'appartement était vide, sans la présence de Léane. Elle avait toujours fait partie des murs et même si Stiles ne semblait pas marqué par son départ, l'absence de la jeune femme se ressentait à travers le silence des lieux.

- Pourquoi est-ce que tu n'es toujours sorti qu'avec des filles ?
- Comment ça ?
- Eh bien, quand ... quand Derek a disparu, tu n'as fréquenté aucun homme après lui, seulement des filles. Tu n'as jamais envisagé de rencontrer d'autres hommes ?
- Je n'aime pas les hommes, Scott.
- Oh ...

Stiles rejoignit son ami d'enfance et déposa un soda sur la table basse, juste devant lui. Mais Scott sentait une tension s'élever dans l'atmosphère et plissa légèrement les yeux en observant son presque frère : quelque chose était sur le point de se passer et il ne parvenait pas à mettre le doigt dessus. C'était comme une intuition, un mauvais pressentiment. Il n'avait même pas encore abordé le sujet de sa visite et il se sentait déjà en terrain miné.

- Quoi "oh" ? Parce que j'ai aimé Derek, tu pense que je pourrais simplement me taper un autre mec et l'oublier ? Tu crois quoi, Scott ? Que je suis juste un putain d'homo' refoulé ? Qu'il suffirait que j'aille me déhancher dans un bar gay pour oublier ma peine ?
- Stiles, arrêtes ...
- Non mais dis-moi, parce que tu semble tellement mieux informé que moi !
- Ce n'est pas ce que je voulais dire, Stiles, excuses-moi.
- Oui, eh ben réfléchis un peu plus avant de parler, la prochaine fois.

Scott se sentait tendu, complètement stressé. Lui qui d'habitude avait le sentiment de gérer plutôt bien les situations de crise, il se sentait complètement dépassé. Il n'arrivait pas à savoir comment il pourrait aborder le problème sans faire exploser Stiles : son meilleur ami semblait au bord de la rupture.

- Bon, et sinon, pourquoi tu es venu ? J'imagine que ce n'était pas que pour me demander à quand remontait ma dernière relation sexuelle, si ?
- Non ...
- Alors vas-y, accouche !
- Bon, écoutes ... quand on t'a retrouvé dans la neige l'autre matin ... Est-ce que tu te souviens de ce qui est arrivé après l'abattage du loup ?
- Non.

Avec les années, Stiles était devenu sacrément doué pour mentir. A tel point que son rythme cardiaque ne trahissait plus sa culpabilité : il n'avait plus peur d'être pris au piège face aux loups, il avait appris à utiliser les mots pour survivre et n'avait plus honte de déformer les faits ou d'en cacher d'autres. Pourtant, à cet instant, Scott était prêt à jurer que son meilleur ami était en train de lui mentir.

- Il y avait un loup.
- Ouais, et il est mort. Autre chose ?
- Stiles, je pense que tu sais aussi bien que moi qu'il y avait un deuxième loup, cette nuit-là.

Stiles eut envie de se montrer parfaitement insensible face à cette information, mais son visage trahit brièvement son trouble et Scott le remarqua aussitôt.

- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Je veux dire que si tu as survécu au froid, c'est grâce à l'animal qui t'a emmené dans sa tanière.
- Qu'est-ce que ça change ?

Voilà, il y était. Scott s'apprêtait à prendre la décision la plus difficile de sa vie. Il devait choisir entre l'intégrité mentale de son meilleur ami, et la survie de la ville dont il avait la responsabilité. Non sans mal, il relâcha un soupire résigné avant de se lancer.

- Celui-là, celui qui t'as sauvé, était bien un loup-garou.

[Sterek] Un fil d'argentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant