[Sterek] Un fil d'argent

Chapitre 18

- Tu es vraiment sûr de toi ? Scott a dit de ne pas me prendre la tête ...
- Est-ce que c'est Scott que tu as appelé au secours, finalement ?
- Non, et je commence à regretter de t'avoir appelée, toi.
- Allez Derek, tu es splendide ! Si Stiles ne craque pas, je te rembourserai moi-même !
- Je me fiche de l'argent, Lydia. Je veux seulement qu'il me voit.
- Il te verra ! Maintenant raccroche ! On se voit tout à l'heure.

Derek aurait bien fait un commentaire supplémentaire, mais Lydia avait déjà raccroché. Il soupira lourdement, en fixant son reflet dans la glace qui lui faisait face. Il ne se sentait pas du tout à l'aise dans sa tenue. Il avait l'impression de se préparer pour le bal de promo comme un gosse de seize ans, alors qu'il en avait passé trente.
En réajustant ses manches il tourna sur lui-même, mais ce nouveau mouvement ne le convainquit pas davantage que les précédents. Il se sentait ridicule. Il serait le seul habillé de la sorte et il imaginait déjà Stiles se moquer de lui devant toute la meute de Scott.

L'horloge du salon indiquait 18h57 lorsqu'il descendit l'escalier en colimaçon. Ses amis surnaturels ne tarderaient pas à arriver et il se demandait si Stiles serait le premier. Il en doutait : l'humain n'avait certainement pas envie de se retrouver en tête à tête avec lui ne serait-ce qu'une seconde. Il arriverait sûrement le dernier, pour ne pas dire carrément en retard. En tout cas, c'est ce qu'aurait fait Derek s'il avait voulu soigneusement éviter une personne pendant deux mois.
Son instinct ne se trompa pas : les premiers arrivants furent Scott et Malia, suivis de près par les autres membres de la meute. Peu à peu le loft se remplit, et si personne ne fit aucun commentaire sur sa tenue, Derek capta sans mal leurs regards appuyés : ils étaient juste trop polis pour se moquer de lui ouvertement. Ou alors ils sentaient sa nervosité jusque dans le couloir, ce qui ne l'étonnerait guère, et ils avaient assez pitié de lui pour ne pas enfoncer le couteau dans la plaie.

- Qui s'occupe de commander les pizzas ?
- Moi. Je prends comme d'habitude ?

Chacun acquiesça. Isaac s'éloigna de quelques pas dans la pièce, pour commander sans être parasité par les voix de ses amis qui discutaient tranquillement autour de la table basse.
Derek s'était assis sur une chaise, autour de la table à manger. Il ne parlait ni ne regardait personne depuis que ses amis étaient arrivés. Le regard rivé à la porte d'entrée, il attendait l'arrivée de Stiles et semblait incapable de se détendre.

- Il faut que tu te calme, Derek, ou tu va nous faire une attaque.
- Qu'est-ce qu'il fait ? Il devrait déjà être là. Tu as essayé de l'appeler ? Il a peut-être eu un problème. Il faudrait aller voir chez lui, s'assurer que tout va bien.

Derek s'était levé tout en parlant, sous les yeux exaspérés de Scott qui le regardait se diriger vers la porte sans trop savoir quoi dire. Stiles était effectivement en retard, mais il avait rarement été le premier à arriver aux réunions de meute : le retard était un peu sa marque de fabrique.

- S'il avait eu un soucis, il nous aurait appelé.
- J'ai un mauvais pressentiment, je vais chez lui. Et s'il refuse de venir, au moins je me serais assuré qu'il v/

La porte coulissa à l'instant où Derek levait la main pour attraper la poignée. Il se retrouva nez à nez avec Stiles, qui marqua un mouvement de recul pour ne pas lui rentrer dedans.

- Derek, qu'est-ce que/

Son regard tomba sur la tenue de Derek, un costume sombre qui lui donnait un air particulièrement chic et qui mit aussitôt l'être humain mal à l'aise. Il laissa tomber son bras le long de son corps, retenant juste assez sa main pour ne pas faire tomber une bouteille de vin qu'il tenait entre ses doigts. Son propre costume, bleu clair, lui donnait l'impression d'être bien plus insignifiant qu'il avait toujours eu l'impression d'être. Il se sentait ridicule dans son trois pièces, mais Lydia avait insisté pour qu'il respecte le code vestimentaire de la soirée.

- Ouah, ce truc rend vachement bien sur toi, Derek.

Stiles jeta dans la pièce des regards intéressés, mais constata rapidement que le port du costume ne concernait que Derek et lui. Il fronça les sourcils jusqu'à trouver les yeux rieurs de Lydia, qui semblait s'amuser particulièrement de la situation. Elle s'approcha d'eux rapidement, faisant claquer ses talons sur le sol, et attrapa son sac à mains au passage.

- C'est quoi, cette histoire, Lydia ? Tu m'as dit de me mettre sur mon trente-et-un ...
- Oui, et tu es splendide, Stiles.
- Mais, et vous ? Pourquoi il n'y a que nous deux qui/
- Parce que vous, vous avez rendez-vous à cette adresse. Merci pour le vin ! Allez, oust !

Stiles n'eut le temps de ne rien dire : Lydia venait de fourrer un morceau de papier dans sa main en échange de la bouteille, et l'avait flanqué dehors avec l'Alpha Hale avant de faire coulisser la porte sur eux. Les deux hommes se dévisagèrent longuement, un peu idiots, sans trop savoir quoi faire. Il fallut de longues secondes à Stiles avant d'oser déplier le bout de papier qu'il tenait malgré lui entre ses doigts.

- Qu'est-ce que c'est, un restaurant ? Tu étais au courant, toi ?
- Non, elle m'a juste obligé à porter ça ...

Stiles soupira en fixant la porte close. Il ne pouvait pas entendre ce qui se disait à l'intérieur du loft, pourtant il mourait d'envie de se fondre dans une conversation banale pour ne pas faire face à cette situation particulièrement gênante.

- Qu'est-ce qu'on fait ?
- Qu'est-ce que tu as envie de faire ?
- Pour être honnête, je pensais manger des pizzas avec la meute.
- Alors viens, retournons à l'intérieur.

Derek se tourna presque aussitôt et posa une main sur la poigné du loft dans l'intention de la faire coulisser. Stiles observa son dos un bref instant, touché par la détermination du loup à ne surtout pas l'obliger à sortir de sa zone de confort.

- Attends.

Le loup-garou tourna la tête vers lui, un air inquisiteur plaqué sur le visage. Il était prêt à obéir à la moindre demande de l'être humain et pour une raison qu'il ne s'expliquait pas, Stiles se sentait flatté.

- On a qu'à ... Je ne sais pas, tu veux qu'on essaie ce restaurant ?
- Tu veux aller au restaurant avec moi ?
- Pas toi ?
- Si ! Si, évidemment.

Derek eut un mal fou à contenir le sourire qui étirait le coin de ses lèvres. Il n'aurait jamais osé espérer autant de la part de son humain. Il était déjà bien conscient de la chance qu'il avait pour que Stiles eut accepté de venir ce soir. Jamais il n'aurait osé espérer qu'il voudrait carrément dîner en tête à tête avec lui.