[Sterek] Un fil d'argent

Chapitre 8

- Stiles !
- Stiiiles !
- Stiles !

L'être humain plissa prudemment ses paupières avant de les ouvrir : un rai de lumière traversait la fenêtre et l'aveuglait complètement. Il sentit autour de lui une masse s'agiter, comme si sa couverture avait sa propre conscience et tentait de s'extraire du lit sans lui. Stiles tourna lentement la tête de droite à gauche tandis que les voix continuaient de l'appeler dehors. Il lui fallut quelques secondes pour réaliser qu'il n'y avait aucune fenêtre et aucune couverture : la masse chaude et mouvante qui l'avait englobé était en fait recouverte de poils et sentait très fort. Il ne savait même pas identifier cette odeur, mais ça n'avait rien d'agréable.

- Stiles !

Les voix se rapprochant, la créature le poussa brusquement contre la paroi et s'éjecta hors de l'endroit exigüe où ils avaient trouvé refuge laissant un air froid envahir l'espace. Stiles se sentait tout étourdi et ne comprenait pas ce qui avait bien pu lui arriver. Il chercha dans ses souvenirs mais la soirée de la veille lui était difficilement accessible. Il avait une douleur qui lui fracassait le crâne et l'empêchait de se concentrer.

- Malia, où est-ce que tu va ? Stiles, t'es là-dedans, mon vieux ?
- Ouais ...

Sa voix éraillée galvanisa ses amis, qui s'agitèrent dehors jusqu'à ce que le visage de Scott apparaisse dans l'ouverture de terre.

- Est-ce que tu va bien ? Qu'est-ce que tu fais là-dedans ? On t'a cherché toute la nuit !
- J'en ai aucune idée, Scotty. Il ...

Il s'abstint de terminer sa phrase. Les derniers évènements lui revenaient en mémoire et il savait d'avance que ses amis ne le croiraient pas : au mieux ils n'écouteraient pas, au pire ils l'emmèneraient directement à Eichen House. Et Stiles n'avait aucune intention de redécouvrir ces lieux sordides.
Ses amis tendirent les bras vers lui pour l'aider à s'extirper de cet étrange endroit. Le froid hivernal lui mordit le corps aussitôt qu'il fut dehors mais la proximité de ses amis lui rappela brièvement la chaleur du corps qui l'avait protégé durant toute la nuit, et il se sentit aussitôt rassuré. Quelle qu'ait été cette créature, elle lui avait sauvé la vie.

- Il faut qu'on rentre, tu as eu beaucoup de chance de trouver ce trou.
- C'est une tanière.

Scott lança un regard menaçant à Isaac, lui demandant silencieusement de ne pas dégrader davantage la situation par sa maladresse. Scott avait bien senti une odeur étrangère et vu les empreintes de pattes à l'extérieur, mais il supposait qu'elle avait été abandonnée ou qu'au mieux elle appartenait au loup de la veille, mort désormais.

- Rentrons, les gars. J'en ai mare de jouer dans la neige.

Le jeune Alpha envoya à son meilleur ami un demi-sourire compatissant, puis les deux loups l'aidèrent à se déplacer en direction de la ville : Stiles avait abandonné sa jeep près du panneau de bienvenue la veille, lorsqu'il était venu traquer les fantômes de son passé.

Dans la jeep, l'atmosphère se réchauffa rapidement. Stiles s'endormit sur la banquette arrière pendant que Scott conduisait. Isaac tournait régulièrement ses yeux vers leur ami endormi : il murmurait le prénom de son ancien compagnon dans son sommeil.

- Il ne va pas bien ...
- Je sais, Isaac ... J'aurais dû réagir depuis longtemps, mais j'avais toujours l'impression qu'il ne voulait surtout pas en parler. Je pensais qu'il gérait, même si il était évident que ça l'avait profondément marqué.
- Tu crois qu'il va s'en remettre, un jour ?
- Ca fait huit ans. Il devrait déjà être passé à autre chose. Je ne suis pas sûr qu'il soit capable d'aimer à nouveau.

Isaac laissa son regard se perdre à travers la fenêtre. lui qui n'avait jamais connu l'amour de ses parents, se rendait difficilement compte de ce que pouvait éprouver son ami. Son propre instinct de survie le pousserait probablement à tourner la page rapidement, s'il se retrouvait dans ce genre de situation.
Son téléphone vibra dans sa poche, le sortant de ses pensées : un message de Malia venait de lui parvenir.

- Malia dit qu'il y a un autre loup. Elle a suivi sa piste depuis la tanière. Elle dit qu'il est comme nous, Scott ...
- Les empreintes me semblaient plus grandes que celles du loup d'hier soir, mais je ne voulais rien dire devant Stiles. Dis à Malia que personne ne doit être au courant. On s'occupe d'abord de Stiles, on verra le reste plus tard.

Melissa attendait l'arrivée de son fils devant la porte des urgences. Elle accueillit les jeunes adultes avec un fauteuil roulant où Stiles se laissa tomber docilement : il était encore frigorifié, sa température était retombée dès lors que la créature l'avait abandonné dans la tanière. Malheureusement il n'y avait pas grand chose à faire si ce n'était maintenir le jeune homme au chaud pendant quelques heures.

- Je peux l'obliger à rester un ou deux jours en observation, mais je ne pourrai pas le garder plus longtemps. Il n'a pas de blessures apparente. Et puis ... vous connaissez Stiles. Je suis déjà étonnée qu'il ait obtempéré.

A travers la vitre de la chambre, Scott observait son ami d'enfance paisiblement endormi. Il était épuisé autant physiquement qu'émotionnellement. Son corps le lâchait après des années à prendre sur lui, mais sa mère avait raison : il connaissait Stiles mieux que quiconque et dès qu'il aurait recouvré un peu d'énergie, il sortirait d'ici coûte que coûte.

- Essaie de gagner du temps, maman. Il y a un oméga dans les bois, je ne veux pas que Stiles se mette en danger.

Sa mère acquiesça, puis les deux loups quittèrent l'hôpital le coeur lourd. Scott n'aimait pas ce sentiment que la situation lui échappait, et Isaac était toujours mal à l'aise de laisser l'un de ses amis ici. L'Alpha posa un regard rassurant sur son bêta avant de sortir son téléphone de sa poche pour contacter Malia. A l'heure actuelle, c'était elle qui détenait le plus d'informations sur cette affaire. Ils avaient tous vu les traces d'un corps traîné dans la neige durant la nuit. S'ils avaient eu peur de retrouver le cadavre de Stiles, le fait de l'avoir retrouvé vivant ne pouvait signifier qu'une seule chose : l'intrus lui avait volontairement sauvé la vie.