[Sterek] Un fil d'argent

Chapitre 21

Après un hiver particulièrement rude, Mars avait posé ses valises presque tout à coup, chassant la neige et amenant les pluies providentielles du printemps sur Beacon Hills. Avril l'avait suivi plus calmement et ses premiers jours avaient ouvert la voie à un soleil plus chaud. C'était l'un de ces rares jours ensoleillés qui se levait sur la petite ville, et les rayons d'un soleil encore timide réveillèrent doucement Stiles. Ses cauchemars avaient perdu en intensité, il dormait mieux même si son rapport au sommeil restait chaotique.
Ce matin-là, Stiles était de repos, chose rare le week-end puisqu'il s'était toujours rendu disponible spécialement les samedis et dimanches : il n'aimait pas ne rien faire chez lui et préférait se rendre utile au poste plutôt que de ruminer l'absence de son compagnon. Même si Derek était revenu depuis plusieurs mois, Stiles n'avait pas changé ses habitudes de vie : elles étaient tout ce qui restait des repères qui avaient constitué son quotidien durant des années.
Le jeune humain se leva tranquillement, étirant ses membres en traversant sa chambre pour aller choisir des vêtements dans son armoire. Son téléphone attira son attention alors qu'il s'apprêtait à rejoindre la salle de bain, et il dû retraverser sa chambre pour le récupérer sur la table de chevet.

- Scott ? Il est tôt, tout va bien ?
- Il faut que tu vienne au loft. Maintenant.

Immédiatement, le coeur de l'être humain battit dans ses tempes, accélérant le rythme pour pomper davantage de sang dans ses veines. Une chaleur brutale s'étala dans son corps et un engourdissement désagréable s'empara de ses membres. Stiles figea, incapable de faire autre chose, complètement désarmé.
Aller au loft de si bon matin, sans un bonjour, sans explication, ça ne pouvait signifier qu'une seule chose : il était arrivé quelque chose à Derek. Encore. Il allait le perdre. Encore.
Sa main libre s'éleva instinctivement jusqu'à sa bouche alors qu'il fixait le vide devant lui. Une pensée absurde lui vint et refusa de le quitter. Ils avaient failli s'embrasser, la veille, alors que Derek l'avait raccompagné chez lui après une séance de cinéma. Ils avaient failli s'embrasser et Stiles avait lâchement pris la fuite. Et maintenant, quelque chose était arrivé à Derek et il n'aurait peut-être plus jamais l'occasion de l'embrasser.
Les secondes s'égrainaient au téléphone, pendant lesquelles seules leurs respirations se répondirent. Stiles n'arrivait pas à poser la question fatidique, il ne pouvait pas entendre la réponse.

- Stiles ?
- Je viens.

Et sans mot dire de plus, Stiles raccrocha, laissant tomber son téléphone à ses pieds pour regarder sa main trembler devant ses yeux. Ca ne pouvait pas arriver. Il ne pouvait pas le perdre encore. Leur relation avait retrouvé un équilibre, fragile certes, mais elle était stable et elle convenait à Stiles. On ne pouvait pas lui prendre encore cet homme qu'il avait tant aimé, qu'il aimait encore, plus que tout. Il voulait revenir à la soirée de la veille et l'embrasser. Ne pas fuir, cette fois. Il voulait sentir les lèvres du loup contre les siennes.
L'humain mit encore de longues secondes pour se ressaisir. Il devait garder son sang-froid. Il n'avait pas le droit de paniquer. Pas après avoir rejeté les avances du loup-garou pendant plusieurs mois. Il n'avait pas le droit de perdre les pédales maintenant, Derek avait besoin de lui. Et cette fois, personne ne l'arrêterait. Personne ne lui prendrait encore l'homme de sa vie.

Stiles déboula dans le loft comme un ouragan, à bout de souffle et les cheveux en bataille. La meute de Scott était là au grand complet. Peter était en grande conversation avec le jeune Alpha et tous s'arrêtèrent de bouger pour constater l'entrée fracassante de leur ami humain.
Ce dernier jeta un rapide coup d'oeil autour de lui. Le loft était sans dessus dessous, tous les tiroirs étaient grands ouverts et des affaires jonchaient le sol. Aucun doute, il y avait eu lutte. Quelqu'un s'en était pris à Derek et Stiles ne le pardonnerait pas. Il tuerait quiconque se mettrait entre son compagnon et lui.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Où est Derek ?
- Stiles, calme-t/
- OU EST DEREK ?

Scott marqua une seconde d'arrêt, surpris par la réaction vive de son meilleur ami. Tous avaient bien remarqué que les deux anciens amants s'étaient rapprochés ces dernières semaines, mais pas assez pour justifier l'état dans lequel se mettait Stiles maintenant. D'autant qu'il avait toujours eu le sang-froid d'un enquêteur et aujourd'hui, ils avaient grand-besoin qu'il endosse la casquette du détective.

- On ne sait pas. Peter a trouvé le loft comme ça il y a une heure.
- J'ai tout de suite appelé Scott, mais j'ignore ce qui s'est passé ici. Il a laissé son téléphone sur la table.
- Stiles, nous n'avons repéré aucune odeur étrangère. Il n'y a que les effluves de la meute, rien d'autre.
- L'un d'entre vous a fait ça ?
- Quoi ? Non, pourquoi/
- Alors il y a forcément une autre odeur ! Cherchez mieux ! Qui a vu Derek en dernier ?
- C'était toi, Stiles.

Le jeune homme tourna ses yeux d'ambre vers Lydia, dont le regard lui signifia qu'elle savait pour la soirée de la veille. Leurs escapades à deux n'étaient pas un secret qu'il souhaitait spécialement garder, mais ils ne s'en vantaient pas particulièrement auprès de la meute non plus. Qu'elle fut au courant surprenait un peu Stiles mais pour l'heure, il se fichait pas mal de ce qui était su ou non. S'il était le dernier à avoir vu Derek, c'était devant chez lui. Et si personne n'était venu voir le loup entre-temps, il pouvait avoir disparu depuis la veille au soir. Le mystère s'épaississait, générant un état de stress chez l'humain qu'il lui était difficile de supporter.

- Stiles, peut-être qu'on s'inquiète pour rien ...
- Pour rien ? Qu'est-ce que tu crois, Scott ? Que Derek a été pris d'une soudaine envie de faire un grand ménage de printemps, et qu'il s'est coupé dans son élan pour aller faire une balade en forêt ? Descends de ton nuage !
- Stiles, s'il te plait ...
- Cherchez une putain d'odeur ! Il doit y en avoir une quelque part !

A la surprise du jeune humain, tous s'exécutèrent. Chacun reprit minutieusement la fouille du loft comme s'ils n'avaient pas déjà fait le tour avant que Stiles n'arrive, tandis que l'humain tournait en rond d'un meuble à l'autre pour tenter de trouver un détail qui aurait échappé à leurs sens surnaturels. Il ne le laisserait pas disparaître une seconde fois. Il ne permettrait pas à ce foutu loup-garou de l'abandonner encore.