Épilogue

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L'équipe D s'est soudée autour de Rachel pour une seule raison, elle est là pour ses gars, se bat pour et avec eux. Elle est en première ligne, si une gaffe est commise, elle en prend la responsabilité. Si l'un d'eux à des problèmes, elle fonce. Elle est respectée par tous. De ses hommes comme de sa direction.

Laura avait hérité de ses parents d'un local commercial qu'elle avait transformé en café, sandwicherie, épicerie fine, profitant de ses déplacements à l'étrangers pour dénicher de nouveaux produits et nouer des liens d'affaires. Son petit commerce fonctionnait plutôt bien. Les étages par contre laissaient à désirer. Elle habitait occasionnellement au premier étage quand elle n'était pas en déplacement ou chez Rachel, donc ne faisait aucun effort au niveau décoration et entretien. L'étage du dessus était vide et inhabité, le troisième était une terrasse, occupée par les pigeons.

Les filles adoraient le café et son style, bois et métal, mur d'ardoise. Le café était délicieux, comme la nourriture. Les étages supérieurs ne les impressionnent pas du tout, mais elles étaient à New York ! C'était l'essentiel.

Sam avait rencontré le Maire et lui avait fait une proposition en lui remettant sa démission. En ces temps de crises et de bouleversements, la ville avait besoin d'un symbole fort et non d'un sheriff qui chaque jour vérifiait la solidité de la charpente en tapant dessus. La famille d'Amy Johnson avait fondé cette ville, elle avait prouvé sa valeur sur le terrain en tant qu'adjointe, elle était respectée des adjoints. Sam avait remis son étoile en lui serrant la main, sereine, avant de prendre Amy dans ses bras alors qu'elle attendait dans le couloir.

« Passe nous voir de temps en temps, au moins pour la libido de Rochelle.

- Promis, » souria-t-elle en pleurant.

« Tu seras un sheriff exemplaire, suit un peu mon exemple, n'hésite pas à secouer les arbres pour voir ce qui tombe et si un jour tu es dans la merde, appelle-moi, je serais là.

- Merci Rachel. Tu vas me manquer.

- Tu as été ma meilleure amie, dès notre rencontre. Tu as du mérite pour m'avoir supporté ces quelques semaines.

- Ça valait le coup. Je t'aime, tu sais.

- Moins que Rochelle t'aime, j'en suis sûre, » rigola-t-elle avant de la serrer dans ses bras. « Putain, il y a quoi dans l'air de cette ville ? Je deviens sentimentale. Enquête là-dessus !

- Je le ferai, » souria-t-elle en essuyant ses yeux.

« Hum... Vous préférez que l'on remette ça ? » demanda le Maire dans leur dos, attendant depuis un moment. « Tenez votre plaque, allez-vous-en, Sheriff Johnson ! »

Les filles apprivoisent New York, revenant à l'appartement en extase chaque jour. Une partie de l'équipe travaillent sur la propriété, rénovant les deux étages en échange de bière et de nourriture, c'est bon pour la cohésion du groupe et s'ils le font pour Rachel, il le font aussi un peu pour Laura, la seule qui a réussi à s'approcher au plus près de leur boss, à la comprendre, elle et ses blessures.

« Je crois que je t'aime. »

Laura la regarde en souriant sans répondre, ce n'est pas la première fois que Rachel se lance, mais comme un soufflé raté, l'émotion retombe.

À la lumière des guirlandes lumineuses installées sur la terrasse fraîchement rénovée, elle la regarde, les yeux pétillants. Alice et Rochelle sont collées l'une contre l'autre, attendant. Elles ont beaucoup discuté avec Laura pendant que Rachel était au bureau à remplir des rapports et faire un débriefing complet. Laura leur a parlé de la Rachel qu'elle connaît, celle que Rachel elle-même ne connaît pas, celle qu'elle observe la nuit quand elle dort, celle qu'elle observe depuis sa lunette de visée alors qu'elle veille sur elle de loin, celle qu'elle aime, celle qu'elle a appris à aimer.

« On se voit, on s'aime, mais ce n'est pas là, pourtant tu m'acceptes telle que je suis. Et puis, je ne sais pas, depuis que j'ai les filles je me sens... bizarre. J'aime Alice, je l'ai toujours aimé, je l'ai mise au monde, c'est en moi, tu vois, un sentiment viscéral comme si un cordon ombilical me reliait à elle et puis je suis tombé sur Rochelle. Elle avait tant de haine pour moi. Dans ses yeux, ses paroles, mais je ressentais quelque chose, je m'y suis accroché et là, je ne sais pas pourquoi, mais il s'est passé quelque chose en moi. Je l'ai considéré comme ma fille, je la voulais avec moi, près de moi. Pour les besoins de ma couverture je me suis rapproché d'une femme un jour, le juge ne me quittait pas des yeux, j'avais peur qu'il me reconnaisse alors je l'air embrassé, au milieu d'un gymnase rempli de spectateurs. J'ai détourné ses soupçons. Cette femme est adorable, elle ne mérite pas ce que j'ai fait, mais je n'ai rien ressenti, pas la moindre étincelle de quoi que ce soit. Je me suis de plus en plus attachée à ces deux-là, et à leurs deux amies. Là, j'avoue que j'ai paniqué. J'étais rendu à vouloir les quatre filles pour moi. Je ressentais un vide en moi que je comblais à travers leur affection. L'amour d'Alice et de Rochelle m'était acquis, mais ce n'était pas ça. Puis il y a eu l'opération et je t'ai vu arriver, ma shuffle était là, devant moi. C'est con ce que je vais te dire, mais j'avais envie de pleurer, j'étais contente de te voir. Je ne pleure pas quand je vois O'Keefe et les potes, mais toi... wow ! Ça m'a percuté. Et...

- C'est bon, Rachel.

- Non, Laura, ça fait trop longtemps que je ne l'ai pas dit parce que je ne le ressentais pas, ce sentiment était mort en moi. Je t'aime.

- Tu as réussi, maman ! » rigole Alice en se levant pour l'enlacer.

« C'était long ! Moi, j'ai dit à Amy que je l'aimais dès que je l'ai vu, » rigole Rochelle.

« Tout le monde aime Amy ! » lui rappelle Alice.

« Ouais, mais nous deux c'est sincère, elle n'est pas encore prête à se l'avouer, un jour elle va s'apercevoir que je lui manque, elle va arriver ici pour réclamer son dû, mais je t'aurais épousée et ce sera trop tard pour elle, sauf si tu me demandes de l'aider, pour la bonne cause. Là, je me dévourai et j'en ferai une femme comblée.

- Tu es complètement obsédée par Amy ! » rigole Rachel.

« Je n'aime pas les flics, j'aime Amy, et toi... toi aussi Laura, parce que tu me laisses habiter ici, sinon c'est limite.

« Sympa, » éclate de rire Laura. « Je n'aime pas les enfants, juste vous deux, parce qu'un jour vous serez mes filles.

- Amen, belle-mère, » sourit Rochelle en se levant, se collant contre Laura. « Comme je vais rentrer au FBI un jour, tu veux bien m'apprendre à tirer ?

- Quelle mère je serais si je ne t'apprends pas un truc ou deux.

- Tu es plutôt cool, finalement, pour une flic. »


Fin

Shadowy justiceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant