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EZIO



Quelque chose me hurle de la tuer, ou bien de la livrer aux supérieurs. Je mène une lutte contre moi même depuis que j'ai compris, et ce soir c'en est trop. Je sais qu'elle vient tout juste de tuer quelqu'un, un membre de mon clan. Mais cette fille... elle me rend fou. À tel point que je ne sais plus comment réfléchir convenablement. Je veux seulement qu'elle me parle. Je la veux elle et ça peut importe les problèmes qui vont avec.


Nous nous sommes tous les deux dirigés dehors. Le vent ce soir était bien plus fort que d'habitude. La seule lumière qui nous éclaire dans la nuit est celle d'un lampadaire au dessus de nous. Tout le reste autour est plongé dans l'obscurité. Ça aurait presque eu un coté amusant quand on se rend compte que cette scène est limite une caricature de nos âmes.

Plongées dans le noir, avec pour seule lumière ce petit point qui reste là, encore et encore.

J'en viens à penser qu'elle est mon point de lumière. Et je veux être le siens aussi.


Son regard triste tente d'esquiver le miens, et je m'approche d'elle pour lui parler ;

- J'ignore pour quelle raison Elaïa, mais c'est uniquement toi qui me rend ainsi. Je suis prêt à tout entendre pour te comprendre. Je suis prêt et je veux que tu me parles s'il te plait... parce que je te jure que je ne pourrais pas lutter encore longtemps si les seules réponses à mes questions sont celles que je me fais tout seul.
- Je- je te jure que j'aimerais Ezio.. je te le promets.. mais crois moi, je ne peux pas.
- Mais pourquoi putain ?! C'est ton père ?!


Elle ne dit rien et s'enfonce un peu plus dans ses épaules lorsque je cris devant elle.

- Dis moi juste la vérité..


Je tire sur mes cheveux, tentant à nouveau d'avoir des réponses.. mais elle reste figée, et ne me dit rien.

- Tu rends ça bien plus compliqué que ça ne devrais l'être... me dit-elle en faisant son possible pour ne pas laisser couler les larmes au bord de ses yeux.


Mes sourcils se froncent, et jamais je n'avais été plus frustré que ce soir. Ces semi réponses vont me rendre dingue.

- Ce que je vais te dire ne va pas te suffire je le sais, mais saches que c'est déjà suffisant pour me faire tuer s'ils l'apprennent.
- Qui ?!


Elle prend une inspiration, et elle continue cette fois en me regardant droit dans les yeux.

- Je n'ai jamais eu le choix, que tu le crois ou non Ezio. J'ai été bercé là dedans toute ma vie. Il faut que tu comprennes que c'est tout ce que j'ai toujours connu.


Elle fais une pause, et se balance sur ses pieds comme si cela l'empêchait de craquer.

- ... Jamais mes missions n'étaient devenues aussi dures. Parce qu'un tas de question a fait surface depuis que j'ai mit les pieds ici. Depuis que tu es apparu dans l'équation..


Sa voix se brise, et je fais mon possible pour ne pas bouger. Je me contente de la fixer, et la laisser finir.

- Et je crois qu'aujourd'hui je n'y arrive plus. Faire tout ça me brise et à chaque fois que j'essaie de me ressaisir tu es là. C'est toi qui changes tout Ezio..
- Pourquoi est ce que tu n'arrêtes pas tout simplement ?
- Je ne peux pas ! Je ne peux pas putain ! Je n'ai pas le choix !


J'aimerais lui dire le fond de ma pensée. Lui dire qu'on a toujours le choix. Mais une partie de moi comprend qu'elle n'est pas prête à l'entendre.

- Alors pourquoi est ce que tu m'avoue tout ?

Elle ouvre la bouche et reste muette face à ma question accusatrice.

- Tu risques de faire tuer et tu as envie de continuer ta putain de mission de merde contre mon clan. Alors pourquoi est ce que tu me dis tout ça si tu n'es pas foutue d'arrêter ?


Je vois dans ses yeux que je la blesse. Mais comme si de rien était, elle me répond la tête haute ;

- Je prend ce risque pour toi Ezio. Me répond-elle sèchement. Je prend ce risque parce que ça me brise de te cacher tout ça. Parce que si ça n'avait pas été ma vie, je serais quand même tombée sur toi. Je t'aurais quand même détesté, mais je sais qu'au final nous aurions été heureux ensemble.


À présent je comprend. Je comprend qu'elle n'est pas capable d'arrêter de suivre son clan mais qu'elle en rêverait. Elle n'a juste pas encore le cran de le faire, après tout c'est sa famille.

Mais je lui montrerais que la famille ne peut être qu'une merde. Je ferais en sorte de lui faire ouvrir les yeux, et je jure que cette femme sera mienne. Parce que même si sa présence ici depuis le début n'est qu'un plan mijoté des deux cotés, j'ai compris qu'elle et moi étions faits pour nous rencontrer.

Elle est la seule et l'unique qui m'ait fait ressentir tout ça. Elle est la seule qui m'ait fait douter d'un tas de chose. C'est elle et aucune autre, et c'est pour cette raison que je fais un pas vers elle. J'attrape son visage en coupe et l'oriente vers moi, juste pour que ses yeux plongent dans les miens et qu'elle comprennent à quel point je suis sincère lorsque je lui déclare le fond de ma pensée ;

- Alors laisses moi être celui qu'il te faut. Laisses moi lire en toi sans que tu aies besoin de te cacher Elaïa parce que je veux tout savoir de toi. Laisses moi te regarder indéfiniment jusqu'à connaitre ton corps et ton âme sur le bout des doigts. Laisses moi tout apprendre de toi, que ce soit de ta fleur préférée ou même la moindre parole de ton film favori. Laisses moi être là pour toi tout au long de ta vie, car je ne demande que ça. Laisses moi te soutenir et faire en sorte que tout ailles bien lorsque tu ne te sens pas suffisamment forte pour affronter le monde. Laisses moi te montrer à quel point tu mérites d'être aimer ma beauté parce que je sais que jamais personne ne te l'a vraiment montré auparavant. Laisse moi entrer dans ta vie pour te montrer que même si tu te sens faible, fatiguée, et tout ce que tu veux, tout ira bien. Parce que je serais là Elaïa..


Je n'étais plus capable de faire autre chose que de lier mes lèvres aux siennes. Je l'embrasse alors qu'elle ne m'a même pas répondu. En fait si, son regard en a assez dit.


Alors je continue de l'embrasser, encouragé lorsque ses mains s'agrippent à mon haut, comme si elle ne voulait pas que je parte. Je sens ses larmes couler jusqu'à nos bouches. Cette fois elle lâche réellement prise.


Ce n'est qu'après de longues secondes. Laissant nos souffles s'échouer contre l'autre, nos deux fronts liés, que j'ai de nouveau ouvert les yeux. Les siens, à elle, sont fermés, mais je reste là sans bouger.

- Je suis là... Tu peux me parler ou pas ma beauté, mais je suis là. Ai-je murmuré contre ses lèvres.



THE DANGEROUS SIDEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant