Bras brandis en l'air, Edith, aux anges, sautillait dans son appartement.
« Une visite ! Et cette après-midi ! » s'exclama-t-elle en cherchant son chat du regard.
Celui-ci, étalé sur le vieux canapé, leva son museau vers elle, pensant sûrement que cette attention lui serait récompensée par une friandise. Toutefois, rien ne vint : Edith continuait à lui parler. Quel charabia ! Déçu, il reposa sa tête sur ses pattes et l'ignora.
« Tu vas pouvoir habiter légalement chez moi ! » continua-t-elle en s'approchant du matou. « C'est formidable ! »
Gustave surgit alors dans la pièce, comme s'il venait de se réveiller d'une absence. Le reflet pouvait disparaître ainsi pendant plusieurs jours à la manière d'un appareil doté du mode veille. Il se racla la gorge.
« Il n'est pas trop cher cet appart au moins ? » commença-t-il d'une voix suspicieuse. « Et proche de ton travail ? »
Edith se tourna vers la position supposée de son reflet, au niveau de la porte d'entrée.
« Pas cher, mais c'est parce qu'il se trouve dans la banlieue de la ville. Tu as raison de penser à la localisation. Figure-toi que le bus passe tout près, ça ne me rajoute que dix minutes. »
Le reflet soupira.
« Bon, très bien, après tout, tu fais ce que tu veux. »
« Qu'est-ce qu'il ne va pas ? » fit-elle en perdant son sourire.
Le chat se redressa à mesure que Gustave laissait en suspens un silence inquiétant.
« Tu es sûr qu'il est réglo le type ? On a toujours été locataire, alors tu comprends ma résistance à partager notre vie avec deux parfaits inconnus ! Et si son reflet est dangereux ? »
« Écoute Gustave, on verra bien cette après-midi. Je te promets que si on a le moindre doute, on cherche autre chose ! »
Le chat se recoucha. Gustave devait s'être approché de lui. Les deux s'entendaient bien. L'animal pouvait sentir sa présence et l'avait sûrement jugée bienveillante. Depuis, il n'était pas dérangé par le reflet.
« Merci Edith. »
Le matou ronronna gentiment. La jeune femme retrouva son sourire, mais l'anxiété la prit. Gustave avait raison, il fallait qu'elle fasse attention. Des reflets comme Pascal ne couraient pas les rues, mais personne n'était à l'abri de croiser leur chemin.
« Pauvre Juliette... » murmura-t-elle.
« Elle a beaucoup sur les épaules cette petite. » commenta Gustave.
« Comment je peux l'aider ? »
« Tu ne peux rien. Il ne vaut mieux pas attirer l'attention sur elle. Je te rappelle que tu travailles pour la police des reflets personnels. »
Edith s'appuya contre le canapé, les mains sur le dossier, le regard perdu vers la porte d'entrée.
« Je sais, mais je suis dans l'administration. Je ne suis pas flic non plus. Enfin, pas encore. »
Elle pouvait sentir le regard persistant de Gustave sur elle.
« Fais attention. Tu es sur le point de devenir une espionne. »
« Pourquoi tout est si compliqué ? » fit-elle.
« Allez viens avec moi regarder un film, tu vas t'y faire. »
À demi-convaincue, elle fit la moue.
« Ton préféré ? »
Un petit sourire en coin habilla ses traits. Elle se mordit l'intérieur des joues.
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Le Souffle de Nos Reflets
General FictionLucien est du genre nerveux. La Police des Reflets Personnels est à ses trousses au moindre faux pas ! Un criminel ? Non. Une anomalie hautement recherchée ? Certainement ! Non loin de là, Edith, employée à la PRP, collectionne les gaffes. Pourtant...