Chapitre 21 : mission

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          Les mains d'Edith tremblaient. Ses cheveux dégoulinaient sur ses épaules agitées. La jeune femme se planta devant un guichet d'accueil où s'encastrait un employé à l'allure sévère.

« Vous êtes ? » demanda-t-il en guise de bonjour.

La jeune femme se racla la gorge.

« Edith Boran. Je travaille au service administratif. J'ai un message à faire parvenir au directeur du département de la PSRP. »

L'œil de l'employé, caché par ses lunettes rectangulaires, la scruta, dubitatif. L'écran de son ordinateur éclairait son visage sévère en lui donnant une allure blafarde.

« C'est urgent et confidentiel. » précisa Edith en n'en démordant pas.

« Très bien. Patientez dans la salle d'attente. » indiqua-t-il en désignant la rangée de sièges à côté d'eux.

Elle obtempéra. Ses fesses trouvèrent la première chaise venue adossée contre un mur vide. Le blanc des locaux donnait au bâtiment l'atmosphère nerveuse d'un hôpital. Edith fixait l'employé qui décrochait un téléphone fixe et prenait des notes activement.

Personne n'osait s'aventurer dans l'accueil principal de la Police Secrète des Reflets Personnels à cette heure. Le soleil tardait encore à se lever.

Edith triturait ses mains lorsqu'elle vit deux personnes traverser le grand hall. Leurs chaussures claquaient sèchement contre le sol propre.

« Vous trouverez les détails de l'affaire Walis dans ce dossier. » disait un homme en tendant une pochette à sa collègue.

Edith reconnut aussitôt l'énergumène. Un certain Fournier. Celui qui lui avait expliqué les tenants de son nouveau travail et qui avait, entre autres, de grandes oreilles. Elle hésita un instant à l'aborder et à lui annoncer en personne qu'elle acceptait le poste.

« Excellent. Et tenez-moi au courant pour la... »

« Excusez-moi ! » s'exclama Edith en bondissant de son siège.

Les deux personnes se retournèrent alors qu'une surprise non dissimulée étirait leurs visages fermés.

« Je suis Edith Boran, vous m'avez- »

« Parlons dans... mon bureau. » coupa l'homme, l'air contrarié.

La jeune femme déglutit en les suivant sans un mot.

Arrivés dans l'ascenseur, la petite femme qui jusqu'alors n'avait pas adressé la parole à Edith, lança :

« Vous avez finalement mis de côté vos convictions personnelles. »

« Non, au contraire. » répliqua Edith en baissant ses yeux vers l'intéressée habillée d'un costume ajusté.

« Les attentats de ce week-end vous ont-ils réveillé ? »

Edith fronça les sourcils avant de marmonner :

« En partie, oui. »

L'ascenseur s'arrêta au quatrième étage. Les portes s'ouvrirent.

« Dans ce cas, profitons de votre élan de lucidité. » clôtura la petite femme en sortant de l'habitacle.

Edith ne releva pas la pique en se contentant de hocher la tête sans rien laisser paraître. Fournier lui fit un geste de la main. « Un galant celui-là. » pensa la jeune femme. Elle passa donc devant l'homme pour suivre la jeune femme blonde qui marchait extraordinairement vite pour un être aussi petit.

Le Souffle de Nos RefletsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant