Chapitre 20 : pâtes

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          Edith sortait de la salle de bain en fermant la porte derrière elle, le visage fraîchement débarbouillé. L'air tiède de l'appartement léchait sa peau humide. La cuisine était déserte. Il faisait déjà nuit. « Lucien en met du temps pour vérifier que l'on n'a rien oublié dans sa voiture. » pensa-t-elle en fronçant les sourcils.

« Peut-être qu'il est allé faire des courses. » raisonna-t-elle finalement.

Edith avisa la pièce d'un œil hésitant. Devait-elle se préparer à manger seulement pour elle ou bien aussi pour son colocataire ? Elle ouvrit le frigo et soupira devant la pile de lasagnes en barquettes rangées soigneusement d'un côté. De l'autre, trônait des yaourts, du lait, des lardons et toute sorte de produits qu'Edith avait ramené.

« Bon. » fit-elle, l'air résolu. « Je vais faire une bonne impression ! Il a l'air d'aimer les pâtes. Ce soir, cela sera pâtes carbonaras ! »

« Et s'il est parti manger dehors ? » questionna soudain Gustave qui apparut derrière son dos.

« Les pâtes, ça se réchauffe. J'en aurais pour demain midi comme ça ! » rétorqua Edith en sortant déjà une casserole d'un tiroir. « Reste à savoir s'il y en a quelque part... Ah ! J'ai trouvé ! »

Le chat blanc sortit alors de la chambre d'Edith et se posta devant elle, la mine envieuse.

« Petit coquin ! Tu veux aussi manger toi ! » s'exclama aussitôt la jeune femme en souriant.

* * *

Une demi-heure plus tard, tout était quasiment prêt, il était dix-neuf heures tapantes. « Un peu tôt, je me suis peut-être emballée... » soupira Edith en se frottant le front. Gustave resta dans un coin, silencieux.

Soudain, alors qu'elle ronchonnait dans sa barbe, la porte d'entrée claqua et une silhouette apparut dans la cuisine. Lucien croulait sous la fatigue. Son teint pâle contrastait maladivement avec ses cernes violets.

« Tout va bien ? » lança Edith en le fixant.

« Très bien. » répondit-il d'une voix détachée.

Il ouvrit le frigo, fermé comme une huître.

« J'ai... Euh... J'ai fait des pâtes carbonaras. »

Lucien se redressa, surpris. Il tourna enfin sa tête vers elle pour y plonger ses yeux bleus dans les siens. Sa main ferma le réfrigérateur.

« C'est... Gentil. » fit-il timidement.

Un sourire habilla doucement ses lèvres.

« Oh, ce n'est rien, c'est presque prêt, venez manger. »

Il sortit en réponse des assiettes et des couverts d'un placard.

« Votre chat se plaît bien ici ? » finit-il par demander en s'essayant sur une chaise, derrière un couvert.

L'animal dormait paisiblement sur le radiateur à côté du canapé. Lucien repositionna le dessous de plat sur la table afin qu'il soit parfaitement aligné avec les assiettes.

Edith sourit en apportant la casserole. D'un geste de maître, elle ne renversa rien.

« Il adore vos radiateurs à vrai dire. » répondit-elle se tournant vers Lucien, les yeux brillants de joie.

Son sourire était contagieux. Le jeune homme en oublia jusqu'à l'agression qu'il venait de subir pour s'abandonner un instant à une vie simple. La joie d'Edith doubla lorsqu'elle vit que son colocataire souriait un peu.

« Quel est son nom ? » demanda Lucien en zieutant la casserole fumante. Elle sentait drôlement bon.

« Je ne sais pas. » soupira Edith en touillant les pâtes avec une spatule.

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