C'est Lucie ! Elle vient me tirer de là !
Toutefois, Edith se décomposa lorsqu'elle découvrit que Lucie pointait un énorme couteau de cuisine pointé droit dans sa direction.
Henri s'exclama alors :
« Mais qu'est-ce que tu fais là ? »
Énervée, Lucie, haussa un sourcil dans sa direction.
« Qu'est-ce qui te prend ? » reprit Edith, d'une voix blanche.
Elle sentit Gustave se tendre comme la corde d'un arc.
« Quand je pense à toutes ces années où je t'ai gentiment fait confiance... » ricana Lucie en souriant comme une possédée.
Edith recula lentement, sans comprendre un traître mot de sa collègue.
« Et toi, » reprit Lucie, « Tu m'as trahie... Comme c'est... décevant... »
Henri ignora l'arme qu'elle brandissait
« Suzanne ? » appela soudain Henri en direction de la cuisine, complètement désintéressé d'Edith.
« Oh, oh, elle ne te répondra pas. Ça faisait des années que je rêvais de faire ça. »
« Faire quoi, Lucie ? » gronda Henri sur le point de bondir pour rejoindre son épouse.
Comment sait-il son nom ?
Edith ne comprenait rien à la tournure des événements.
« Je l'ai juste assommé, ne t'en fais pas », soupira Lucie, comme lassée de le faire poireauter.
Il fonça aussitôt vers la pièce à côté, au bord de la panique.
Edith n'en revenait pas. Plus rien n'avait de logique. À moins que...
C'est une diversion ! Elle vient me sortir de là !
Pourquoi avait-elle alors un très, très mauvais pressentiment ?
« Tu as trouvé des preuves contre lui ? » demanda Edith d'une voix peu assurée.
« Ah, ma chère Edith, que tu es naïve... Tu pensais vraiment qu'il y aurait des documents, ici ? Oh, non, Henri n'est pas le meurtrier. Ton air ahuri pourrait presque être convaincant si seulement ce n'était pas toi qui avais tué ma petite sœur... »
Edith, bouche-bée, ne comprenait plus rien. Il y avait eu un quiproquo ! Lucie s'approcha d'elle en la menaçant de son arme doublée de son regard fou.
« Lucie, pose ce couteau s'il te plaît », répondit-elle, les mains tendues devant elle pour essayer de lui faire entendre raison. « Que veux-tu dire ? »
Le mari revint dans le salon, un regard noir en direction de Lucie.
« La prochaine fois que tu l'assommes, je t'étripe », gronda-t-il.
« Allons bon, comme tu voudras », répliqua Lucie sans être impressionnée le moins du monde.
Edith commençait à saisir la situation.
« Tu connais cet homme », comprit-elle.
« Nous sommes de vieux amis, lui et moi », ricana-t-elle.
L'avocat leva ses yeux au ciel.
« Notre amitié est partie en fumée à la seconde où tu as levé ta main sur Suzanne », répliqua-t-il, sur le vif.
« Elle s'en remettra ! » râla Lucie en soufflant.
Edith se tordit les doigts en continuant de réfléchir à haute voix :
« Tu n'as jamais trouvé de message provenant de lui dans le téléphone de ta sœur. »
« Ah, tu commences à réfléchir, bien. »
« Ah bah voilà, je n'ai jamais envoyé de message à qui que ce soit ! » s'exclama Henri, soudainement soulagé.
« Toi, tais-toi ! » répliqua aussitôt Lucie, hors d'elle.
« Calme-toi », supplia Henri en posant une main sur l'épaule de la jeune femme enragée. « Le deuil de ta sœur est difficile, mais tu dois voir clairement les choses. Tu t'es trompée : cette fille n'est pas la meurtrière. »
« Non ! » s'exclama-t-elle en se tournant d'un seul bloc vers lui en baissant le couteau. « Edith savait pour Pascal et elle a dénoncé ma sœur à la PSRP ! Je vais lui faire payer ! »
« Les Echos sont déjà dans une fâcheuse position, tu es en train de nous tirer une balle dans le pied en menaçant une civile sans preuve. »
« Tu... tu... tu es une terroriste ? » réalisa Edith, blanche comme un linge.
Lucie explosa d'un rire mauvais avant de crier :
« J'ai la preuve ! »
« C'est impossible que tu aies une preuve pour quoi que ce soit parce que je n'ai rien fait ! » se défendit Edith.
Lucie sortit un document de sa poche et s'approcha de sa collègue sans baisser son arme. Edith prit le papier sans répliquer et le lut rapidement. C'était une déclaration sur l'honneur comme quoi, elle, Edith Boran, avait été témoin, grâce à son anomalie d'Eban, de plusieurs méfaits du Reflet dangereux de Juliette Colinga.
« Quoi ?! Mais ce n'est pas moi qui aie rédigé et signé ça ! » s'exclama-t-elle en enfonçant ses prunelles révoltées dans celles, énervées, de Lucie.
« Tu l'as dénoncée ! Aie la décence d'assumer tes actes ! » explosa Lucie en bondissant sur Edith.
Par réflexe, Edith esquiva de justesse le corps lent de sa collègue armée en se décalant sur sa droite. Terrorisée, elle recula encore d'un pas et trébucha sur la table basse en verre qu'elle n'avait pas vu derrière elle.
Son corps bascula en arrière et sa tête percuta violemment l'accoudoir du canapé.
Sonnée, elle hurla de peur. Une douleur sourde lui lacérait le crâne comme s'il s'était transformé en enclume martyrisée par un forgeron.
Lucie s'avança à pas de loup, le dos penché en avant, le regard fou.
« C'est un faux document ! » cria Edith, complètement désespérée en tentant de se relever en vain. « Jamais je n'aurais pu dénoncer une fillette comme Juliette ! »
« Comment oses-tu dire ça ?! Toutes les preuves sont là ! »
Lucie bougea d'un coup de pied la table basse, seul obstacle entre elle et sa proie.
« Hé, doucement avec mes affaires ! Elle m'a coûté une blinde cette... » glapit l'avocat, les mains en avant comme pour rattraper l'objet.
« La ferme ! » aboya Lucie en lui lançant un regard noir.
« Mais, c'est vous, les terroristes, qui avez tué Juliette ! » s'égosilla Edith en réussissant à se relever.
« Imbécile ! Tu crois que je tuerais ma propre sœur ?! »
Le silence se fit soudain : quelqu'un venait de toquer à la porte.
« Lucie ouvre cette porte ! Je t'entends hurler d'ici ! Ton fils a encore fugué de son collège ! » cria une voix masculine.
Edith ne comprit pas. C'était la voix de Roger Bérant ! Oui, cet agent double qui avait embrassé sa cheffe dans les toilettes !
Mais que faisait-il ici ? Et s'il... et s'il était en pleine mission sous couverture, sous son rôle de terroriste ? Il venait la sauver !
Mais depuis quand Lucie avait un fils ?!
Tandis que Gustave restait médusé devant l'enchaînement inédit d'informations, Edith jongla son regard entre Henri de Lacataille et Lucie Colinga sans comprendre. C'était un cauchemar ! Elle allait se réveiller !
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Le Souffle de Nos Reflets
General FictionLucien est du genre nerveux. La Police des Reflets Personnels est à ses trousses au moindre faux pas ! Un criminel ? Non. Une anomalie hautement recherchée ? Certainement ! Non loin de là, Edith, employée à la PRP, collectionne les gaffes. Pourtant...