Chapitre 23 : crêpe au sucre & terroriste

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          Edith croisa les bras sur sa poitrine avec un air définitif plaqué sur son visage. Oui, elle pouvait écouter le reflet de la cible, mais, non, elle ne prendrait pas l'espèce de médicament douteux que lui ordonnait d'avaler son coéquipier !

Un mal de crâne tenace l'empêchait d'avoir les idées claires : elle entendait depuis plus une demi-heure l'ensemble des reflets de toute la clientèle du restaurant. De quoi devenir fou ! Le reflet de son coéquipier était à la rigueur le seul supportable : il avait dû être briffé par son hôte pour se faire le plus discret possible.

« C'est pour décupler les effets, c'est sans danger. » chuchota l'agent de terrain en lui tendant une plaquette d'opercules roses. « On a besoin que vous soyez au maximum de vos capacités. »

« Il est hors de question que je décuple les effets comme vous dites. J'entends très bien comme cela, je peux vous l'assurer ! »

« Bon. D'accord, n'en faites pas toute une histoire... »

Il rangea sagement les médicaments dans sa poche. « J'y retourne pour garder un œil sur lui, vous, revenez dans quelques minutes. »

Edith acquiesça alors qu'il passait la porte des toilettes. La cible venait d'entrer dans le restaurant et voilà que déjà elle était à bout ! Elle n'y arriverait pas... Elle ne le sentait pas. Écouter les reflets demandait de l'entraînement afin de se focaliser que sur un seul spécimen. Ils n'auraient jamais dû arriver autant en avance...

Et pour qui se prenait-il, l'autre ? À lui demander de le rejoindre dans les toilettes pour lui ordonner d'avaler elle ne savait quoi !

Heureusement qu'elle avait quelques minutes seule pour décompresser. Elle soupira en posant ses mains sur le lavabo blanc. Le miroir lui renvoyait une image déguisée d'elle-même.

L'équipe de camouflage de la PSRP était diablement efficace : une simple couche de maquillage rehaussée par de fausses lunettes suffisait à métamorphoser son visage. Son teint halé tournait au vert à vue d'œil.

« Manquerait plus que je tombe malade... » se lamenta-t-elle.

Soudain, elle entendit une sonnerie de téléphone provenant d'une des cabines des toilettes. Elle se retourna d'un seul bloc. Elle n'était pas seule !

« Euh... Il y a quelqu'un ? » fit-elle en clignant des yeux.

Seule la sonnerie électronique lui répondit suivit d'une série de bruits de froissement. La personne devait être en train d'essayer d'éteindre son portable.

Bon. Ce n'étaient pas ses affaires après tout et il était grand temps d'aller retrouver son coéquipier à sa table. Alors qu'elle tournait les talons en remontant ses fausses lunettes sur son nez, un homme ouvrit la porte de la petite pièce et s'y engouffra.

Edith cligna des yeux bêtement alors que la sonnerie s'arrêta enfin.

« Oh, non, pas lui ! » pensa-t-elle en se décomposant.

Sa cible en chair et en os la fixait, l'air impénétrable. Et où était son satané coéquipier censé la protéger !

Elle ne donnerait pas cher de sa peau si l'homme à l'imposante carrure décidait de lui mettre la main dessus. Elle força un sourire poli et se dirigea vers la porte. Il la laissa passer sans résistance. Le voilà déjà qu'il entrait dans une cabine inoccupée sans un regard en arrière.

Edith se prit en face tous les chuchotis des reflets alors qu'elle s'avançait vers sa table. Son coéquipier se tenait droit comme un piquet, l'œil glacial. La jeune femme n'allait pas enfoncer le clou : le pauvre en avait déjà assez sur le dos.

Le Souffle de Nos RefletsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant