Chapitre 37 : Fax

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          Chamboulée, Edith ne parla pas du prototype à Lucie et Roger. Comment pouvait-elle leur faire confiance ? S'ils comprenaient qu'elle en savait trop, ils pourraient la faire taire immédiatement.

Elle frissonna en sortant seule de la maison d'Henri.

Les Echos n'auraient jamais tué la sœur de Lucie. Pas tant qu'elle était toujours un membre actif. Le prototype était le coup de quelqu'un d'autre. Le fils de Lucie semblait en savoir un rayon et Roger aussi.

Qu'est-ce qu'ils mijotaient, ces deux-là ?

« Edith, je suis désolée qu'on en soit arrivé là », lâcha soudain Lucie alors qu'Edith avançait vers le portail du jardin.

Cette dernière se figea et tourna la tête de façon à l'observer.

« Pourquoi tu ne m'as jamais dit que tu avais un fils ? » répliqua Edith.

Lucie croisa ses bras sur sa poitrine en s'adossant à l'embrasure de la porte et soupira :

« Tu ne m'as jamais parlé de ta famille. C'est de bonne guerre ».

« On aurait pu être amies s'il n'y avait pas eu tous ces secrets », fit Edith en déglutissant. « Et si tu n'avais pas essayé de me tuer, par la même occasion. »

Lucie la fixa avec une intensité sincère teintée de non-dits. Après un moment, elle se décolla de l'entrée et se planta devant sa collègue.

« Je te dois une vie », dit-elle calmement. « Donne-moi n'importe quel nom et je ferais en sorte que cette personne ne soit pas visée par des Echos. »

Surprise, Edith resta silencieuse quelques secondes avant qu'un nom ne résonne dans sa tête.

Pourquoi lui ?

Elle ne trouva dans les yeux verts de Lucie que de l'honnêteté.

Pourquoi c'est lui qui me vient en premier ?

« Lucien Saguier », souffla-t-elle.

Lucie haussa un sourcil, puis hocha la tête.

« Fais attention... à lui », lâcha-t-elle.

« Attends, tu le connais ? »

« Je te dois une vie, pas des réponses ».

* * * 

Edith avait le poing levé devant la porte de sa cheffe.

Allez, tu entres, tu poses tes questions et tu ressors. Facile !

Il était quinze heures. Elle toqua et entra.

« Madame Boran ? » fit Diane Fredat, surprise. « Que puis-je pour vous ? »

« J'ai besoin de réponses », posa calmement Edith en refermant la porte derrière elle.

« Et en quel honneur je vous répondrais ? » s'impatienta sa cheffe, avant de hausser un sourcil. « Ah, je vois, vous me faites encore votre chantage ? »

Edith acquiesça.

« Je vous avais prévenu que je me débrouillerais pour vous faire virer si vous usiez encore du chantage sur moi », gronda la blonde.

« Je sais. Je prends le risque. »

Diane marqua un point de silence. Puis demanda :

« Que voulez-vous savoir ? »

« Sur quoi travaille Roger Bérant ? »

La blonde se mordit la lèvre et se repositionna sur son siège en cuir noir.

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