⁰ Chapitre ⁰
— Shéri réveille-toi, on doit descendre.
L’enfant se redressa instantanément dès qu’il ressentit le toucher du plus âgé dans son dos. Ramenant ses poings bien fermes contre ses yeux floutés, il les frottait en vue d'y voir un plus clair.Après un jour et huit heures de voyage sans compter les nombreux arrêts qu'ils durent effectuer en cours de bus, ils étaient enfin parvenus à destination.
Le calvaire avait enfin pris fin.
Et pour s’en assurer une bonne fois pour toutes, il leva la tête vers son aîné pour l’interroger :
— Grand-frère, on est arrivé ?
— Oui, le rassura l’oméga dans un sourire attendri, sa main toujours posée sur son dos, nous sommes à New-York !
— Ouiii, nous sommes à New-York ! Agita-t-il les bras en l’air pour exprimer sa joie.
L’enthousiasme du petit garçon eût le mérite d’arracher un sourire attendri à son frère aîné. Et lui qui avait sans cesse prié pour arriver sain et sauf, voir son vœu devenir réalité le fit presque pleurer. Pleurer de joie il allait de soi.
— Eh oui, on pourra désormais faire ce qu'on veut...
— Oui mais on n’a pas d’argent non ? S’inquiétait le petit.
— Mais tu es content ? D’être ici avec moi.
Shéridan hôcha positivement la tête et le plus grand le prit dans ses bras, restant dans cette position trois minutes environ avant de se détacher de lui et de lui prendre les joues en mains, le fixant droit dans les yeux. Même si Shéridan n’avait encore que six ans et demi, sa capacité à prêter attention aux autres était tout simplement hors-paire. Et dès qu’il vit le regard que lui adressa son grand-frère, il comprit qu’il s’agissait d’un sujet auquel il ne devait pas en rire.
— Shéridan, enchaîna-t-il, tu sais que je ferai tout pour toi n’est-ce pas ? Je te promet qu’on s’en sortira, tu verras.
En guise de réponse, le petit tomba dans les bras de son frère aîné qui lui frotta affectueusement les cheveux ainsi que le dos.
Lorsqu’il avait prit la décision de s’en aller pour ne plus revenir en arrière, Maël avait prit conscience des dangers et obstacles potentiels auxquels il allait se frotter. Le chemin n’allait peut-être pas s'avérer être un long fleuve tranquille pour tous les deux mais peu importe les difficultés, il donnerait tout de sa personne pour ne plus jamais y retourner.
Plus jamais !
Le bruit assourdissant du klaxon coupa court à l'élan d’émotions des frères Straton. Maël se levait, prit son sac au dos et attrapa la main du plus petit avant de cheminer dans les rangées vers les portes de sortie du bus.
Aussi, il pu entendre le chauffeur vociférer après eux :
— C’EST BON MAINTENANT ? VOUS ALLEZ DESCENDRE OU QUOI ?— Pardonnez-nous monsieur, on descend. Répondit Maël dans sa descente, écoutant encore le chauffeur râler.
Une fois sur le trottoir, ils virent le bus s’en aller d’une traite, restant désormais seuls sur cette voie routière aux allures lugubres.
— Grand-frère j’ai peur...souffla faiblement l’enfant, acculé par la pénombre autour d’eux.
— N’aies pas peur, je te tiens la main.
Lâchant néanmoins un soupir témoignant du sentiment de stress qui le gagnait, l’oméga balaya les yeux aux alentours. Était-ce ainsi que devait ressembler l’arrêt de bus Métropolitaine ?
Certainement pas.
— Je crois qu’il nous a déposé au mauvais arrêt. Souffla-t-il en se frappant le front.
— Ça veut dire quoi ?
— Qu’on aurait dû attendre de descendre devant, j’ai été bête, désolé.
— Mais grand-frère tu n’es jamais venu ici, ce n’est pas ta faute.
Maël esquissa un sourire rassuré.
— Allez viens, on va marcher un peu, je pari qu’il y’a une station de bus non loin. Si tu as mal aux jambes dis-le moi, je te porterai sur mon dos d’accord ?
— Mh.
Ce fût donc avec optimisme que tous deux se mirent en marche, dans l’espoir de trouver ladite station.
Maël souffla de soulagement dès qu’il vit qu’en effet, il y’avait une station proche mais sa joie retomba aussi vite qu'elle était venue en voyant le bus qui s’en allait déjà.
— Shéridan, cours ! S’écriait-il. ATTENDEZ, S’IL VOUS PLAIT NE VOUS EN ALLEZ PAS !!!
Alerté par l’intonation de voix aiguë juste derrière le véhicule, les passagers prévinrent le conducteur qui freina aussitôt. Soulagé comme il était, Maël porta son frère dans ses bras et accouru vers l’entrée du bus.
— Où est votre ticket ? Demandait brusquement le chauffeur.
Maël ravala sa salive.
— Euhm...je...j’ai de quoi payer en liquide si-
— Psst. Siffla-t-il. C’est bon, allez-y.
— Merci beaucoup monsieur, merci infiniment !
— Oui j’ai pas que ça à faire petit, allez vous asseoir rapidement.
Au final ils y étaient arrivés, tout ce grand monde autour d’eux, ces immenses édifices qui subliminaient la ville par l’éclat de leurs lumières, tous ces véhicules sur la voie routière, ils se retrouvaient à la Cinquième Avenue, le centre même de Manhattan.
Plus heureux que jamais, Maël qui était enthousiasmé d’assister à tout ces créations mondaines entraîna son frère avec lui à la cabine téléphonique qu’il avait repéré. Puisqu'il n’avait pas de téléphone portable, il lui fût impossible de contacter qui que ce soit en cours de route. Heureusement pour lui que dans cette grande ville, tout était à la disposition de qui le souhaitait. Poussant une pièce dans la caisse avant de décrocher le combiné, le jeunot gardait un œil sur le bout de papier qu’il tenait dans sa main gauche et sur lequel était inscrit des chiffres. Il jeta aussi quelques regards sur le petit garçon à ses côtés pour ensuite composer le numéro.
Tût, tût, tût...
Trente secondes...quarante-cinq secondes...
Le jeunot se mordilla nerveusement l’ongle du pouce gauche, tournant sur lui-même en patientant que le destinataire ne lui réponde au bout de cette piètre minute qui lui parut tout une éternité.
— Allô ? Répondit enfin son interlocuteur.
— S-Sergio, c’est Maël.
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𝖱𝖺𝖼𝖾 𝖡𝗋𝖾𝖺𝗄𝖾𝗋𝗌
General Fiction[Histoire terminée] En quittant la vie tumultueuse de 𝑆𝑎𝑙𝑡 𝐿𝑎𝑘𝑒 pour se reconstruire dans une nouvelle ville, Maël Straton qui espérait y trouver la paisibilité tant recherchée ne s'attendait pas à plonger dans le monde aussi fascinant que d...