Prologue 1

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Ceci est une fiction, les personnages sont sortis tout droit de mon imagination, toutes ressemblances avec des personnes existantes ou ayant existé ou ressemblants à des personnages d'autres romans, seraient tout à fait fortuite. Pour les lieux ou les évènements présents dans ce livre, je m'appuie sur des recherches internet. Je tiens à rappeler que cela est une fiction et doit être lu comme cela. Certaines scènes peuvent être choquantes par leurs violences. Ce livre est réservé à un public averti. Des scènes contenant des actes sexuels sont également présentes.


Prologue un

Joe,

Baltimore, février deux mille quatorze, dix-huit heures.

« Ancien GI, j'en ai fait des guerres mais j'étais loin de m'imaginer que ce serait une guerre familiale qui me tuerait ».

— Ça suffit Richie ! Tu n'auras plus rien de ma part ! J'ai ta sœur encore à élever, je t'ai déjà trop donné ! Tu ne fais rien pour pouvoir t'en sortir. Tu retombes inexorablement dans la drogue. Toutes les cures de désintoxication que je t'ai payées n'ont servies à rien, soit tu ne les finies pas, soit tu cours te racheter une dose en sortant !

— Tu ne m'as jamais aimé de toute façon, tu n'en as que pour ma sœur, ta petite reine !

— C'est bien trop facile de dire ça ! Si je ne t'aimais pas comme tu le dis si bien, jamais je ne me serais saigné aux quatre veines pour essayer de te sortir de toute cette merde ! Mais tu as raison sur un point mon garçon, ta sœur ne m'a jamais déçu comme toi tu le fais en ce moment, dis je en baissant soudainement le ton.

— Puisque tu ne veux pas m'aider, alors je vais me servir !

Mon fils se dirige vers ma sacoche, l'ouvrant pour me prendre ma carte bancaire. Je me saisis de ma béquille pour aller à sa rencontre, reprendre mon bien.

— Ne touche pas à ça, fiston sinon !

— Sinon quoi ? me dit il en se retournant vers moi, sortant de derrière son dos, une arme à feu.

— Qu'est-ce que tu fais avec ça, fils ? Sais-tu qu'une arme n'est pas un jouet ? Sais-tu que des hommes meurent chaque jour à cause de ça ? Et toi, tu me menaces avec ? Moi, ton père ? Ne t'ai-je rien appris sur les guerres que j'ai menées ? Ne t'ai-je pas appris le prix de la vie ?

— Je connais toutes tes histoires, n'aie crainte, tu nous as assez bassinés avec maman, ça doit être pour ça qu'elle s'est barrée, nous abandonnant !

— Je ne te permets pas ! Ta mère menait une double vie depuis notre mariage, peut-être même avant, elle a préféré un mec friqué, plutôt qu'un soldat qui se battait pour sa patrie !

— Tu aurais mieux fait de te battre pour ta famille, me crache t'il à la figure, les yeux vitreux, la bave aux lèvres.

— Que crois-tu que je fasse depuis son départ ! J'ai essayé de te sauver mais personne ne peut le faire à ta place si tu ne te décides pas toi-même ! Baisse cette arme maintenant et rends moi ma carte !

— Va te faire foutre !

Je m'avance vers lui, pensant me saisir de l'arme mais il donne un coup de pied dans ma béquille, m'envoyant chuter au sol. Le fait d'avoir perdu une jambe à la guerre ne m'est pas favorable dans ce conflit qui nous oppose.

— Tu ne vaux rien, tu n'es qu'une moitié d'homme, juste bon à ramper sur ce sol !

— Espèce de p'tit con !

Ce qu'il me dit me fait mal, me mettant face à mon handicap, face à mon impuissance d'homme, mais lorsqu'il va pour partir, je me jette sur sa cheville, bloquant son départ, geste ultime pour qu'il m'écoute, qu'il revienne à la raison.

— Lâche moi !

Il me balance un coup de pied dans la figure mais je tiens bon, même si je sens mon arcade saigner sous le coup qu'il vient de me porter. Je ne dois pas le lâcher, je ne dois pas. S'il passe cette porte alors il ne me reviendra pas. La ligne a été dépassée, il est dans une phase d'autodestruction, je dois le sauver comme si c'était un de mes frères sous les feux ennemis. Le feu ennemi, ici, c'est cette poudre blanche qu'il s'injecte dans les veines. Je dois mener le combat contre ça et si ce n'est pas avec lui alors je le ferais pour lui, je l'emprisonnerais jusqu'à ce que son corps ne réclame plus cette coke. C'est de mon fils qu'il s'agit maintenant, je dois absolument remporter cette ultime bataille.

— Tu ne partiras pas !

— Lâche moi putain ! Lâche moi sinon je te bute !

C'est la drogue qui parle, le manque. Cette douleur qui vous broie les tripes, qui vous vrille le cerveau, je ne dois pas le lâcher, il en va de sa survie.

Je suis étalé de tout mon long sur le carrelage, les mains accrochées à ses chevilles. Il se débat, me frappant dans les côtes avec son autre pied mais je résiste.

J'entends soudain une détonation, je lève les yeux vers mon fils, qui me regarde le visage pâle, les yeux exorbités, tenant l'arme encore fumante à la main, les mots qu'il me dit n'ont pas de sens pendant les premières secondes.

— Je t'avais dit de me laisser partir, tu l'as cherché, ce n'est pas de ma faute.

Puis la douleur qui me fait serrer les dents, celle qui me fait relâcher la cheville de mon garçon. Une douleur dans le ventre. Je baisse les yeux pendant que la porte d'entrée claque, m'indiquant le départ de celui que j'ai vu naitre, de celui que j'ai vu grandir, lui faisant faire ses premiers pas lors de mes permissions, lui apprenant le vélo sans les roulettes de maintien. Celui qui vient de me tirer dessus n'est autre que celui que j'ai chéri, consolé et nourri après le départ de sa mère.

Puis je l'entends, elle, ma fille. Elle crie après son frère.

— Bon sang Richie, qu'est-ce que tu fous ici, tu ne peux pas faire attention non ! Hé ? Mais c'est la pochette à papa !

J'entends ses pas précipités dans l'allée mais je n'ai plus la force d'ouvrir mes yeux pour la regarder une dernière fois.

— Papa ? Papa !

Elle glisse ses genoux sous ma tête, me caressant les cheveux.

— Papa reste avec moi, je t'en supplie ! Tout va bien se passer, ne t'inquiète pas tout va bien se passer.

Je l'entends alors qui fredonne, elle est partie mon petit ange, elle est partie comme moi je m'en vais. Ma petite Angeline, mon ange à moi, elle est combative, un vrai garçon manqué mais un cœur d'artichaud. Elle est forte ma fille, elle s'en sortira c'est sûr, j'espère seulement ne pas trop lui manquer. Je l'aime tellement cette petite poupée. Va ma fille, vie ta vie, suis ton chemin, l'avenir t'appartient. 

Les Serviteurs du DiableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant