« Il y a deux manières de combattre, l'une avec les lois, l'autre avec la force. La première est propre aux hommes, l'autre nous est commune avec les bêtes ». Nicolas Machiavel
Sean, le lendemain.
Ma nuit fut courte et agitée, preuve en est de mes draps froissés. Je me relève le corps lourd, aujourd'hui, je dois clôturer le chapitre des Fous du Démon. Aujourd'hui, je dois tourner la page pour pouvoir passer à autre chose, pour pouvoir me reconstruire.
Je me dirige vers mon dressing et enfile un treillis militaire ainsi qu'un tee-shirt à manches longues de couleur noir, me collant à la peau. Je me chausse d'une paire de rangers puis descends vers la salle à manger, où je retrouve mes hommes attablés pour le petit déjeuner.
— Bonjour à tous ! fais je.
— Salut Prés ! me répondent ils dans une cacophonie.
Je prends place en bout de table. Je suis de suite servie par Amy, une de nos brebis qui s'occupent comme toutes ici, des taches ménagères, en plus de nous satisfaire sur le plan sexuel.
— Merci Amy, lui dis je lorsqu'elle m'a servi une tasse de café noir.
— A ton service mon chou, me répond t'elle langoureusement.
Ce sont des sifflets qui s'élèvent.
— C'est qu'elle aimerait bien un p'tit coup la Amy, s'écrie l'un de mes hommes. Eh, j'suis là moi, si tu veux.
Sur ces mots, il s'est relevé, soupesant ses bijoux de famille.
— Elle n'attend que toi ma beauté ! continue t'il.
— Il faudra que tu sois patient alors mon loulou, j'ai du travail en cuisine.
— J'peux t'aider à laver la vaisselle si tu veux ! J'ai jamais baisé une femme contre un lavabo, se marre t'il.
— Pourquoi pas, lui fait elle en penchant son derrière vers lui, ça pourrait être amusant à milieu des bulles de savon.
— Hum... j'ai le manche qui frétille ! dit il en se levant, suivant la brebis en cuisine.
Les gars se marrent alors que moi, je suis plongé dans mes réflexions, hermétique à ce qui m'entoure. C'est la main de Drew se posant sur mon bras, qui me sort de mes pensées.
— T'as l'air soucieux Prés ?
Le silence s'est fait, toute la tablée m'observe, attentive à mes moindres faits et gestes.
Je relève mon visage vers eux, je les regarde tous puis m'arrête sur Drew.
— Aujourd'hui nous allons en finir avec les Fous du Démon. Leur mort marquera cette journée, fais je d'une voix caverneuse, cette voix grave et vibrante qui semble venir des tréfonds de mon âme.
— Comment souhaites tu les éliminer, me demande Drew.
— Je veux que les hommes de Paco soient attachés dans la salle d'interrogatoire et je veux que le Doc, leur fasse des incisions précises et profondes pour que leur corps se vident lentement de tout le sang qu'il contient, fais je, le regard plongé au fond de mon bol.
— Et pour Paco ? me demande Keith.
Je sens ma tête être envahie par une brume noire, opaque. Une chaleur me saisit au niveau des entrailles et serpente vers mon cœur, s'enroulant autour de ce dernier, l'emprisonnant, l'étouffant.
— Celui-ci, fais je d'une voix désincarnée, comme si le diable avait pris possession de mon âme, je vais le faire souffrir.
Ma main enserre fortement ma tasse en grès. Quelques secondes suffisent pour que j'entende sa matière craquer puis exploser, me coupant légèrement la paume de la main.
Je me relève, essuyant sur mon pantalon, les morceaux restant accrochés sur ma peau. Des traces sanguines le macule.
— Que deux d'entre vous, aillent me récupérer Paco, menez le sur le ring !
— Es tu sûr de vouloir te battre contre lui ? me demande le Nerd.
— Plus que jamais !
Je quitte la pièce, traverse la cour puis pénètre dans la salle de sport. J'attrape une paire de gants dégageant mes doigts mais protégeant mes phalanges. Je m'échauffe en cognant dans le sac de frappe, enchainant coup de pied, coup de poing. Lorsque la lumière extérieur vient éclairer le sol du gymnase, je sais que la porte vient de s'ouvrir pour m'amener celui que je vais détruire.
Je pratique le MMA depuis ma plus tendre enfance, je reste invaincu auprès de mes hommes, même Le Guerrier n'a pu me vaincre. Je me retourne vers l'entrée, pour observer l'homme que mes frères trainent sur le ring. Ce dernier rue pour essayer de se libérer. Que croit-il ? Pense t'il sincèrement qu'il pourra échapper à son destin ?
Je fais craquer mes phalanges entre mes mains, délie mes cervicales, prends une profonde inspiration puis avance vers lui, la mâchoire crispée. Mes muscles sont bandés à leur extrême, je suis devenu roc, je suis devenu pierre. Rien ne peut m'atteindre dorénavant.
J'enjambe les cordes entourant l'arène. Il me fixe le regard noir, essayant certainement la technique Stare down, celle qui consiste à observer son futur adversaire avant un combat. Quelques secondes avant le début de notre affrontement, son objectif étant d'essayer de m'intimider pour prendre l'ascendant psychologique. Mais je décèle dans ses pupilles de la peur, il se veut courageux face à moi, mais il est très loin de me supplanter.
Je commence à sautiller autour de lui, pendant qu'il tourne sur lui-même, observant mes gestes. Puis je donne le premier coup, je jette mon pied droit dans l'articulation de son genou gauche, mes poings levés en défense. Sa jambe fléchie mais il reste droit, j'enchaine alors avec un coup de poing gauche qui vient exploser son arcade déjà fragile. Il secoue la tête comme pour s'éclaircir les idées puis les mains en défense, il s'approche de moi. Il projette son poing droit vers ma pommette gauche mais tape dans ma main mise en défense. Il enchaine avec une gauche qui me tape dans l'épaule. Sa proximité me permet de passer ma main gauche derrière sa nuque, la faisant fléchir pour l'attirer vers moi, il perd l'équilibre mais ne chute pas. Je profite de son manque de stabilité pour lui envoyer une gauche pleine pommette puis continue avec un coup de genou à hauteur de sa poitrine, suivi d'une droite qui fait une nouvelle fois mouche mais dans sa pommette droite. Il tombe en arrière, s'accroupissant pour ne pas tomber plus bas puis se relève. Il est moins vaillant qu'au départ, sa faiblesse va être ma force. Lorsqu'il est à ma hauteur, je frappe d'une gauche puis avec cette même main, viens lui abaisser la tête pour qu'elle rencontre mon genou, l'assommant à moitié. Il chute cette fois-ci au sol, j'arrive alors sur lui comme une balle puis commence à lui tambouriner la tête de plusieurs gauche, même ses mains en protection devant son visage, ne peuvent arrêter ce déferlement de haine. Je suis enragé, déchainé, mes yeux sont exorbités, comme habités par le diable. Je me recule pour le laisser reprendre ses esprits, il n'a pas perdu connaissance et s'est tant mieux. J'ai d'autres projets pour lui. Ses arcades sourcilières comme son nez et ses pommettes, ne sont que des rivières pourpres.
— Relève toi si t'es un homme ! l'invectivé-je.
Toucher l'égo est un point faible chez ce genre de type qui se croit surpuissant. Il finit par se relever, mais il vacille dangereusement. Je n'attends pas qu'il retrouve de meilleurs appuis, je saute littéralement sur lui, le couchant puis je viens lui faire une clef de bras, emprisonnant son membre entre mes jambes. Je l'étire, le faisant aller dans la direction opposé, c'est un craquement qui met fin à cette prise sous ses hurlements. Je viens de lui briser les os. Il hurle comme une truie qu'on égorge, se maintenant le bras contre la poitrine mais je n'en ai pas fini avec lui. J'entoure mes jambes autour de son coup et je serre, je serre. Il vient poser son bras valide sur mes jambes, essayant de les déverrouiller, rien n'y fait, j'ai le corps bandé au maximum, je mets toute ma puissance dans mes membres, fermant les yeux. C'est alors le défilé de tous mes frères morts sous ses balles que je vois, le visage de chacun d'entre eux, souriant à la vie, c'est avec ces multiples images en tête que d'un mouvement rapide du bassin, je viens lui vriller les cervicales, lui octroyant la mort comme fin de vie.
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Les Serviteurs du Diable
General FictionS'il est vrai que notre destin est déjà tout tracé, lorsque nous posons un pied sur cette terre, alors le mien a dû être écrit en lettres de sang. Angeline, c'est le prénom que l'on m'a donné, son diminutif m'est souvent octroyé, Ange. Drôle de surn...