Chapitre 22

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"Un silence peut être parfois le plus cruel des mensonges." De Robert Louis Stevenson

Angeline,

Je me réveille lorsque je sens un rai de lumière venir éclairer mes paupières. J'ouvre les yeux, regardant si l'homme qui m'a donné tant de plaisir hier soir, est encore à mes côtés, mais la place est vide et froide. J'ai posé deux jours de congés, enfin disons que Chris m'a donné deux jours de congés, lorsqu'il a vu dans quel état m'avait mis mon ex.

— Sean ?

Aucune réponse.

— Sean, tu es là ?

Le silence me répond. Je tourne la tête vers l'oreiller qu'il occupait encore cette nuit puis j'aperçois un petit mot. Je me redresse pour en lire les quelques lignes.

« S'il était une étoile brillant au-dessus de ma tête, je la nommerais Ange, s'il était une femme me comblant de sa chaleur, je la nommerais Ange, mais je n'ai pas besoin de rêver de cela car cet Ange, partage déjà ma couche. » Je suis en bas, rejoins moi dès que tu le pourras.

J'ai un sourire niais, vissé sur le visage, en lissant ses quelques lignes. Jamais je ne l'aurais pensé si romantique. Je plonge ma tête dans son oreiller, me repaissant de son odeur. Je repense à ma journée de travail hier où je me suis fait charrier par mes collègues, parce que j'avais un sourire plaqué sur les lèvres. Enfin ça, c'était avant qu'ils se précipitent sur moi, découvrant mon visage couvert d'une belle teinte violette, le week-end n'ayant pas suffi à effacer les coups, même avec une bonne couche de maquillage.

J'ai dû leur raconter mes mésaventures ainsi que le sauvetage inopiné de Sean. Mes amis étaient fous de rage, ils voulaient que j'aille porter plainte mais sans témoin, c'était une parole contre une autre. Pas question que je demande à Sean d'être ce témoin. Thomas ferait tout pour le mettre derrière les barreaux par la suite.

Je repense encore à ces deux jours passés chez moi, sous la couette. Nous n'avons même pas mis le nez dehors, nous faisant livrer des plats cuisinés. Je ne sais pas combien de fois il a abusé de mon corps, ni combien de fois, j'ai abusé du sien. Tout ce que je peux dire, c'est que ce fut deux jours intenses. Comme cette nuit d'ailleurs, c'est un autre homme que je découvre, certes dur mais sous cette carapace se cache un cœur en or. Après notre première nuit d'ivresse dans les bras l'un de l'autre, il a voulu absolument qu'on reparle de ce qu'il m'avait fait, il en avait besoin. Il voulait comprendre pourquoi je ne lui en voulais plus. Pourquoi je ne lui plantais pas un couteau dans le dos. J'ai dû lui expliquer que mon père m'avait élevé avec des valeurs dont celle de pardonner, laissant la place à une seconde chance. Il me disait souvent que c'était une force d'y arriver, que l'être humain, quel qu'il soit, est fait de chairs et de sang, qu'il n'est pas un robot, qu'il peut donc se tromper, le principal étant qu'il s'en rende compte avant que le mal le détruise. Sur ce dernier point, Sean a beaucoup de mal, mais je ne doute pas de l'en convaincre.

Je me détends comme un petit chat, sous cette couette bien douillette et chaude puis je file dans sa salle d'eau, pressée de le rejoindre. J'allume le robinet pour qu'il déverse sa pluie froide avant de m'y glisser dessous, puis une fois que la vapeur englobe la pièce, je fonds sous cette averse qui soulage mes muscles malmenés par ses assauts. J'ai la tête penchée en arrière, pour noyer mon visage sous ce déluge. Hier, ma journée fut bien remplie, de nouveaux clients à satisfaire mais aussi de grosses pannes à réparer, nécessitant de soulever des blocs moteurs. Mes douleurs ne sont pas dues qu'à notre partie de jambes en l'air.

Je me saisis de son gel douche, l'odeur de ce dernier me propulse quelques semaines en arrière, lorsque j'étais entre ces murs, sur ce lit d'hôpital, ce parfum volait dans les airs chaque nuit. Il faut que j'en ai le cœur net, je dois lui demander s'il venait me rendre visite, même si je pense en connaitre la réponse.

Les Serviteurs du DiableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant