Chapitre 15

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"La droite dit : la première liberté, c'est la sécurité. Nous disons au contraire : la première sécurité, c'est la liberté." Pierre Mauroy.

Angeline, une semaine plus tard.

Aujourd'hui je quitte ce club comme me l'avait promis le toubib mais avec deux jours de retard.

— Tiens petite ! me dit il en me tendant un jeu de clef.

— Je ne comprends pas ? fais je alors que je suis sur le pas de la porte.

— C'est pour démarrer ce petit bijou qui est garé là-bas ! me désigne t'il de son doigt.

— Une Harley Davidson Softail standard deux mille trois ?

— Exact ! Je vois qu'on ne m'a pas menti, tu es vraiment douée comme fille. Mais continue, que peux-tu me dire d'autres ?

On se rapproche du petit bolide. Elle est juste magnifique. Je vois que sa selle, son réservoir, son filtre à air ainsi que la majeur partie du moteur et le cadre sont couverts de noir. Le brillant n'en éclate que davantage, mettant à l'honneur les échappements Shotgun, les couvres-culasses, les jantes à rayons, les carters latéraux et la fourche.

Je lui décris dans les moindres détails, la composition de cette jolie monture. Je vois que ses yeux brillent, on dirait qu'il est fier de voir une femme parler d'une moto comme d'un bijou inestimable. Ce que cela représente pour moi d'ailleurs. Je ne sais pas pourquoi cet homme m'a fait un tel cadeau, je ne le connais que très peu. Est-ce pour se faire pardonner le mauvais traitement dont j'ai été victime ? Est-ce pour couvrir leur mauvaise conscience d'avoir détruit non seulement ma vie, mais aussi le garage de mon ami ? Je ne sais pas, je ne suis pas sûre de le savoir un jour. Toujours est il que j'ai posé en travers de ma selle, mon sac renfermant les seuls souvenirs de mon passé, à moi maintenant d'écrire mon avenir.

Je tourne la clef du démarreur et le moteur se met à ronronner. Cette musique est douce à mes oreilles. J'enfile mon casque sous le regard du Doc mais aussi des infirmières qui se sont occupées de moi. Ils sont tous les trois devant la porte d'entrée. Il y a Mina, c'est quinquagénaire d'un mètre cinquante-sept aux cheveux teints en blonds avec quelques mèches rouges, montrant son petit côté rebelle. Elle est assez corpulente par rapport à sa petite taille, cela donne envie de se plonger au milieu de ses bras. Ce que j'ai fait lorsque l'on m'a annoncé ma sortie. Pour me dire adieu, elle m'a ouvert ses bras et je me suis lovée dedans.

A côté de Mina, il y a Kathleen. J'ai appris que c'était la femme d'un des membres, surnommé le furet. Elle a vingt-sept ans, elle est blonde, ses cheveux fins lui arrivent dans le milieu du dos. Elle a de très beaux yeux bleus, qui dégagent une grande gentillesse, un petit nez rond et des lèvres fines rosées. Elle fait un mètre soixante-dix comme moi. C'est elle qui m'a prêté son tee-shirt de nuit, « besoin d'amour ». J'ai souri lorsque je me suis aperçue de l'inscription qu'il portait.

Alors que j'enclenche la première, des frissons me parcourent la nuque, je lève mon regard et mes yeux sont attirés par un mouvement derrière la fenêtre de l'étage. Je rencontre le regard du diable. Il me fixe puis se détourne pour disparaitre dans la pièce qu'il occupait. Je ne l'ai pas vu pendant mon séjour, je l'ai juste senti dans la nuit. Il laissait toujours une odeur de parfum derrière lui, je savais alors qu'il était passé.

J'appuie sur l'accélérateur puis file vers le portail. Je ne sais pas encore où je vais aller mais déjà, je vais rendre visite à mon père puis je repasserai au garage, voir ce qu'il en reste. Mon corps n'a jamais été retrouvée, je dois donc aller me présenter à la police, disant que je m'étais cachée après la fusillade. Enfin, j'inventerai bien une histoire.

Les Serviteurs du DiableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant