Chapitre 5

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« Si nous voulons combattre une maladie, combattons l'une des maladies les plus terribles de toutes, l'indifférence. » Robin Williams

Angeline, quelques parts dans un endroit sombre et humide.


Ploc... ploc... ploc... ploc

C'est ce goutte à goutte continuel qui me sort de mon inconscience.

Ploc... ploc... ploc...

J'ouvre les yeux. La première chose que je distingue est un plafond en pierre vouté, je pense.

Ploc... ploc... ploc...

Je me redresse mais une douleur me vrille la tête, je pose immédiatement ma main à l'arrière de celle-ci. Mes cheveux sont bizarres, collants, je ramène mes doigt devant mes yeux mais la pièce est sombre, je ne vois pas grand-chose. Un rai de lumière passe entre deux pierres, sur le mur derrière moi, je m'assieds sur ce que je suppose être une planche de bois. Mes pieds touchent le sol irrégulier. Je frotte ces derniers sur la surface et sens une odeur de terre me prendre au nez. De la terre battue, sans nulle doute. Je me relève lentement mais un vertige me prend, me rasseyant. Je ferme les yeux, fronce les sourcils comme pour me faire passer ce mal de tête, prends une grande respiration puis me relève. Je me sens chancelante, je garde quelques secondes un appui sur mon couchage de fortune, puis me dirige vers cette petite lumière naturelle. Je passe ma main devant, retournant ma paume vers moi, je me doutais de ce que j'y trouverais, du sang. Le coup que j'ai reçu m'a entaillé la peau. Je me tourne pour essayer de distinguer l'endroit dans lequel je me trouve. Mes yeux commençant à s'habituer à la pénombre, je distingue une grille en face de moi, comme les barreaux d'une prison. Je m'approche de ces derniers puis en collant ma figure entre les tubes de fer, j'essaie de regarder où je me trouve. L'angle de vue n'est pas terrible, je ne vois rien hormis une allée de terre, il me semble. Je me retourne vers ce petit bout de vie extérieur qui filtre puis cherche d'où vient le ploc que j'entends depuis que je suis consciente.

Je longe le mur en face de ma paillasse, posant ma main sur les pierres, l'espace prend ainsi forme dans mon esprit. Je ne peux pas voir les endroits les plus sombres mais je peux les imaginer rien qu'en les effleurant. Je sens une pierre humide puis une goutte atterrit sur ma main. Je viens de trouver l'endroit d'où provient la fuite. Je porte ma main jusqu'à mes narines, sentant avant de gouter, ce liquide impromptu. Aucune odeur particulière. Je tire ma langue, posant son extrémité sur le fluide. Aucun goût particulier, de l'eau je présume et il va sans dire que j'ai la pépie, donc je considère cela comme une chance. Je suis avec ma main, la direction d'où provient ce liquide puis touche du bout des doigts, un tuyau. Un tuyau de cuivre, je reconnais au toucher, sa matière. Je colle ma tête contre les pierres, essayant de recueillir sur ma langue, les quelques gouttes tombantes. Les premières me tombent sur le front, puis dans les yeux avant de finir enfin, au fond de ma gorge. Je reste là quelques instants, me gorgeant de ce bien précieux. Le silence rempli cet endroit, il sent la mort et l'humidité. Je ne saurais expliquer cette sensation qui commence à me tordre l'estomac. La peur peut-être. La peur de ne pas savoir où je suis, qui ils sont mais surtout ce qu'ils vont faire de moi. Pourquoi suis-je intervenue pour sauver cet individu que je ne connaissais pas ? Pourquoi sauver un homme qui considère les femmes comme des êtres inférieurs ? Car soyons clair, j'ai très bien reconnu sa voix, c'est lui qui ne voulait pas qu'une femme touche à sa bécane. Une chose est sûre, c'est que plus personne n'y touchera, l'embrayage au moins n'a plus besoin d'être réparé, la bécane est devenue un tas de ferrailles brulés comme le garage, je suppose.

Le garage, mon dieu. Tout me revient comme un boomerang, un flash violent et brutal, qui me fait perdre l'équilibre. Le mur de pierre est mon allié pour ne pas tomber. Le premier flash est le visage d'Armando, figé dans la mort, les yeux encore ouverts, comme surpris par l'impact qu'il a reçu. Son cerveau n'a pas eu le temps d'enregistrer qu'il était mort. Le deuxième flash est lorsque je retourne le fauteuil de Charly, sa tête toujours appuyée sur le dossier, ses yeux clos. Ses bras ballant de chaque côté de son fauteuil.

Les Serviteurs du DiableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant