Les Serviteurs du Diable

Chapitre 18

« Et si le passé était une leçon pour mieux affronter l'avenir ? »

Angeline, trois semainesplus tard, vendredi.

— Ange tu peux t'occuper du client qui vient d'arriver ? Le moteur de sa Harley Breakout, fait un sale bruit !

— Pas de soucis Chris.

Je pose la culasse que j'étais en train de nettoyer pour aller à la rencontre de mon client. Depuis que je suis arrivée ici mon ciel s'est éclairé, les nuages se sont dissipés. Mes nuits ne sont pas des plus sereines encore, beaucoup de démons me poursuivent, mais je vais mieux de jour en jour.

J'arrive dans l'allée centrale mais me stoppe à la vue de l'homme qui me fait face. Mon cœur tambourine, ma salive se bloque dans ma bouche, déglutir est difficile, une boule s'étant formée au fond de ma gorge. Des frissons ont envahi tout mon corps et mes mains se mettent à trembler.

— Ce n'est pas pour moi Chris ! crié-je pour qu'il m'entende. Mets Mark sur le coup !

Je tourne les talons pour retourner à mon poste et continuer mon ouvrage. Je vois alors une ombre se dessiner sur mon établi. Je me retourne d'un bloc, un tournevis à la main, le pointant vers son ventre, l'empêchant d'approcher.

— Partez ! fais je d'une voix blanche, qui n'a ni timbre, ni expression, ni résonnance.

— Attends, je voulais te parler.

— Pas moi ! Partez ! répété-je.

— Un problème ? me demande Mark.

— Non, fait il

— Oui, fais je au même moment.

Je le fixe puis détourne mon regard vers Mark.

— Pourrais tu demander à cet individu de disparaitre de ma vue, s'il te plait ?

— Monsieur, s'il vous plait, vous avez entendu la demoiselle, elle ne souhaite pas vous parler.

Il me fixe intensément pendant plusieurs minutes. Puis, baisse la tête et se retire.

Je relâche alors mon souffle, n'ayant pas pris conscience de l'avoir bloqué.

— Ça va mon ange ?

— Ça va merci pour ton intervention.

— C'est lui ton ex ?

— Non, lui c'est le diable !

Je me détourne vers mon établi, reprenant la pièce entre mes doigts.

— Tu es sûre de vouloir vivre seule ? Tu peux toujours changer d'avis, tu sais ?

Sans me retourner, je lui réponds d'une voix assurée.

— Oui, ma place n'est pas à vos côtés, je dérangeais votre intimité.

— Tu plaisantes ma belle ! Tu étais notre rayon de soleil !

Je souris à cette gentillesse mais n'en démords pas. J'ai trouvé un petit studio non loin du garage, je n'ai plus besoin de venir en moto, j'ai environ un kilomètre à faire, par les chemins de traverse, cela me permet de repenser à ma journée de travail, de peaufiner dans ma tête ce que je pourrais faire pour améliorer la performance de tel ou tel moteur.

La journée s'écoule ainsi sans plus aucun visiteur impromptu.

— A demain les amis !

— Non mon ange.

Je fais volte-face vers Chris.

— Pourquoi ?

— Je ne sais pas pour toi, mais pour nous c'est le week-end !