"Le passé, c'est ce qui n'existe plus. Vivre dans le passé, ce n'est pas vivre : c'est être mort ou c'est vouloir peut-être mourir..." Roch Carrier
Angeline,
Son déhanchement s'accélère me procurant un plaisir que je ne connaissais pas encore. Je me sens emplie jusqu'au plus profond. Il est à sa place entre mes chairs et j'en déguste chaque seconde. Je ferme les yeux, revoyant notre parcours.
Ma fuite sous ce grillage, sa prise dans mes cheveux. Imaginant son regard derrière son écran, détaillant son visage lorsqu'il m'échangea puis sentant son parfum flotter dans les airs dans cette chambre d'hôpital, ses yeux me fixant derrière sa fenêtre et enfin son regard attristé devant ma main qui se replie, avant de voir cette étincelle lorsque je l'ai saisi. Là, ma jouissance explose, une lame de fond prend naissance au creux de mon ventre puis un tsunami vient frapper les rives de mon cœur. Ce dernier implose sous le coup de l'émotion qui me submerge alors, des rivières de larmes se présentent sous mes paupières, je ne peux les arrêter. Je ne les contrôle pas, il m'entraine avec lui pour que nous puissions nous coucher l'un en face de l'autre, allongés sur le flanc, lui toujours niché en moi. Mon chagrin est profond, je ne sais pas ce qu'il m'arrive, j'ai l'impression que les vannes se sont ouvertes et que personne ne peut les refermer.
Il passe son pouce sur mes larmes, puis d'un baiser délicat vient en recueillir le gout salé qu'elles déversent. Il butine mon visage, déposant de multiples baisers. Un poids vient libérer mes épaules, une certaine sérénité vient m'envahir. Lorsqu'il cesse ses baisers, j'ouvre mes yeux et plonge mon regard dans le sien.
— Je suis tellement désolé, me dit-il. Jamais je n'aurais cru un jour, briser les ailes d'un ange.
Des mini vaguelettes viennent floutées ma vision mais je ne les laisse pas sortir, il en est assez de ce chagrin, je dois me relever, ce qu'il m'apporte est sa tendresse, sa protection, je le sens, je le sais. Je dois laisser une chance à cet homme qui me fait face. Il était possédé par le besoin de vengeance, le diable avait pris possession de son cœur. Que n'aurais je pas fait pour venger la mort de mon père. Que n'aurais je combattu pour lui rendre justice. Je n'ai pas eu cette chance, je n'ai pas pu faire payer à l'assassin de mon père, le vide qu'il avait creusé. Cela sera mon plus grand regret.
— A quoi penses-tu ma belle ?
— A mon frère.
Je le vois se redresser sur son coude, posant sa tête dans sa paume.
— L'aimes-tu encore ?
— Non, il fut un temps où je me reprochais sa souffrance, pensant en être la cause. Maintenant, je me reproche juste de ne pas lui avoir fait subir toute la souffrance qu'il m'a causée, toute l'humiliation qu'il a porté contre mon père.
— Alors si je dois réparer ce cœur qui souffre, me dit il en posant son doigt contre ma poitrine. Je peux te dire que je lui ai fait payer cette douleur qui le saigne. Je lui ai fait comprendre ce que c'était de n'avoir qu'un membre pour tenir l'équilibre, je lui ai fait sentir les coups qu'il te portait, je ne lui ai donné la délivrance qu'après lui avoir donné la souffrance, pour venger ton père, pour te venger et pour venger la mort de mon frère.
Je détaille son visage, pose ma main sur sa joue puis suis le contour de sa mâchoire de mon index.
— Merci de m'avoir rendu justice, merci d'avoir honoré la mémoire de mon père. Je sais qu'il aimait mon frère comme il m'aimait. Je sais qu'il aurait voulu le sauver de lui-même, mais il y a des êtres dont le cerveau est tellement pourri que rien ne peut les ramener à la vie. Le mal était en lui, il fallait qu'il disparaisse avec lui.
J'effleure à présent son corps de mon doigt, laissant ce dernier dérivé entre sa poitrine puis descendre sur son ventre qui se rétracte. Je dérive vers son flanc où la dernière cicatrise est encore fraiche. Il vient se saisir de ce doigt posé sur cette balafre, souvenir d'un combat qu'il mena contre l'ennemi.
— Tu m'as sauvé ce jour-là, tu m'as sauvé et moi je t'ai puni de l'avoir fait.
Je viens de suite poser mon doigt sur ses lèvres, l'empêchant de continuer.
— Arrête s'il te plait, je ne veux plus en parler, j'ai la faiblesse de penser qu'aucun homme ne peut gérer tous ses actes et que c'est dans ces derniers qu'il trouvera la paix.
— Tu es vraiment un ange, n'en doute jamais. Je t'apprendrais à déployer de nouveau tes ailes, je réparerais si tu m'en laisses la chance, chaque fracture que j'ai causée.
— Alors aime moi de nouveau, montre moi ce que tu as à m'offrir.
Il me bascule sur le dos, vient sucer les pointes de mes seins qui se dressent sous le plaisir qu'il leur procure. Nos deux corps reprennent vie, ils se mélangent puis se soudent pour ne former qu'un noyau.
Aujourd'hui, je ne veux pas réfléchir à demain, aujourd'hui je veux seulement profiter de la vie.
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Les Serviteurs du Diable
Ficción GeneralS'il est vrai que notre destin est déjà tout tracé, lorsque nous posons un pied sur cette terre, alors le mien a dû être écrit en lettres de sang. Angeline, c'est le prénom que l'on m'a donné, son diminutif m'est souvent octroyé, Ange. Drôle de surn...