« Juste un peu d'amour
Rien qu'un peu d'amour
Pas de long discours
Juste un peu d'amour
Une épaule où se poser
Et dans des bras se serrer
On a tous besoin d'un peu d'amour... » Chanson de Frédéric François.
Angeline,
J'entends des petits coups frapper à la porte. Je me redresse sur mes oreillers grimaçant sous l'étirement que cela me provoque.
— Oui ? dis je en baillant.
Je vois alors une tête que je connais trop bien, pointer le bout de son nez.
— Bonjour jeune fille, comment vas-tu ?
— Bonjour Doc, souris je.
— Appelle moi Andy.
— D'accord Andy.
— Sean m'a raconté ce qu'il s'était passé, tu n'auras bientôt plus rien à craindre de cet homme. Je connais mon fils, je sais de quoi il est capable, je peux donc te certifier que lorsque tu vas ressortir d'ici, tu ne courras plus aucun danger.
Je baisse la tête sur mes doigts. Ces derniers tortillent le drap.
— Je n'aurais jamais pensé qu'il était ainsi. Je n'aurais jamais pensé qu'il puisse être violent envers moi. C'est lui qui m'a trompé, c'est lui qui a provoqué notre rupture. Pourquoi vouloir me récupérer à tout prix ?
— Parce qu'un ange, on ne le laisse pas s'envoler, ma belle.
— Je ne suis pas l'ange que tout le monde croit que je suis. Je n'ai pas été au côté de mon père pour l'aider fasse à la colère de mon frère, je n'ai pas su prouver à mon frère qu'il était aimé de nous deux, je n'ai pas su lui faire comprendre que je n'étais pas son ennemi.
— D'après ce que je sais de ton histoire, tu as su être courageuse et affronter sa colère et ses reproches, tu as su apporter de la joie et de la fierté à ce père qui t'aimait. Je suis sûr qu'il dirait la même chose que moi, s'il était encore à tes côtés. Tu as été son petit rayon de soleil au milieu des nuages noirs qui encombraient son esprit. Tu as su percer et prendre la place qui te revenait de droit à ses côtés, tu as su le soutenir là où il aurait fallu que ce soit l'inverse. Tu t'es battue avec la seule arme que tu avais et c'était l'amour que tu leur portais, à chacun d'entre eux. Ne te reproche pas quelque chose qui n'est pas de ton fait. Sean l'a fait pendant des années, j'ai cru que son cœur était sec jusqu'au jour où tu as fait irruption dans sa vie.
— Je ne suis pas sûre d'avoir réveillé son cœur, le jour de notre première rencontre ! dis je en souriant.
— Je ne peux qu'être d'accord avec toi, il a fallu que je rentre dans une colère noire pour le mettre face à face avec sa conscience. Tu as fait le reste, tu as su déboucher, les canaux irriguant son cœur, tu as su lui redonner vie, le faire battre de nouveau. En cela, je te dois beaucoup. J'avais perdu deux fils, me voilà avec le retour de l'un d'entre eux.
— Je suis tellement désolée que mon frère ait été celui qui vous a enlevé un enfant.
— Ne le sois pas, tu n'y es pour rien. Ton frère a fait ses propres choix, il a lui-même tracé sa route, sans jamais reconnaitre ses torts. N'oublie pas qu'il t'a vendu sans aucun remords. Je suis désolé de te rappeler cela mais il faut que tu prennes conscience que personne ne pouvait le sauver, personne. Il doit maintenant rendre des comptes là-haut pour accéder à la paix, je ne suis pas sûr que le chemin soit facile.
— Vous croyez à la vie après la mort ?
— Bien entendu que j'y crois. Lorsque tu penses à ceux que tu as perdu, ne ressens tu pas, ce frisson qui t'envahit, cette émotion qui te prend à la gorge ?
— Si bien entendu, mais c'est le chagrin qui parle.
— Le chagrin ne dure pas des années, la tristesse oui mais ce que tu ressens n'est autre que la présence de l'être disparu. Il veille sur toi, sois en sûre.
— Merci pour votre gentillesse, dis je en luttant pour ne pas fermer les yeux.
— Je vais te laisser te reposer, j'ai une mission à remplir.
— Une ... mission ... dis je de plus en plus faiblement, m'endormant.
— Oui, me chuchote t'il à l'oreille et elle est de la plus haute importance pour mon fils. Repose toi, on se revoit à ton réveil.
Je me laisse glisser dans les brumes du sommeil, rêvant du visage de Sean.
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Les Serviteurs du Diable
Ficción GeneralS'il est vrai que notre destin est déjà tout tracé, lorsque nous posons un pied sur cette terre, alors le mien a dû être écrit en lettres de sang. Angeline, c'est le prénom que l'on m'a donné, son diminutif m'est souvent octroyé, Ange. Drôle de surn...