34. Fantôme

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PDV d'Isis Moretti




Le cœur au bord de la crise cardiaque, je retenais mon souffle pour faire le moins de bruit possible.

Mes yeux ne clignaient pas, mon attention était complètement dirigée sur eux, et plus particulièrement, sur leurs corps qui se tenaient à pas moins de trois mètres du mien.

Collée à la paroi gelée de la porte métallique, je me fondais dans la noirceur de son ombre.

Je réprimais un sursaut face au grondement de sa voix qui fit vibrer mon être tout entier.

L'homme qui se tenait à côté de mon bourreau était sans aucun doute plus âgé, malgré la pénombre, je lui donnai une petite quarantaine si ce n'était plus.

Bordel dans quoi je me suis encore foutue.

Je désespérais en silence sur ma misérable vie et sur le karma pourri qui m'était encore tombée dessus.

Cher destin, quand je dis « ça ne pourrait pas être pire », ce n'est pas un putain de défi !

Je m'autorisais à expirer lentement, respirant à petite dose l'air renfermé qui flottait dans cette maudite cellule.

L'estomac dans les talons, et le cerveau tournant à plein régime, j'étais vaseuse.

Faut que je me sorte de là.

Le temps m'était compté. Je savais pertinemment que je ne pouvais pas rester indéfiniment cachée ici, et que tôt ou tard, ils finiraient par me trouver.

En les voyant immobiles, j'hésitais à me glisser hors de la pièce, mais j'abandonnais cette idée, car ma cheville ne me permettait aucunement de me déplacer avec autant d'agilité et de rapidité qu'à l'accoutumée.

Son visage impassible et dégoulinant de folie se matérialisa dans ma tête en même temps que la menace tranchante qu'il avait proféré à mon encontre.

Ce mec fait froid dans le dos, pensai-je, un noeud d'angoisse se formant dans mon estomac.

Je pris le parti de ne pas bouger, me collant encore plus contre la surface de la porte. J'étais tellement compressée entre le mur et le fer, que j'avais l'impression de faire partie intégrante de la structure.

De ma position, j'étais en capacité de ne voir que la moitié de la pièce, qui comprenait le vieux matelas ainsi que les deux hommes.

Le psychopathe s'approcha lentement de la paillasse moisie, l'examinant avec trouble.

Où est la fille Luis ? redemanda l'homme d'une voix grave qui trahissait son impatience.

Je pouvais enfin poser un nom sur le visage sans vie et terriblement flippant de l'homme qui m'avait enlevée.

Luis.

J'avais déjà relevé l'accent étranger, mais maintenant je n'avais plus aucun doute sur la provenance de ces hommes.

J'observai la scène dans le plus grand des calmes. Mon cœur avait beau battre la chamade, je demeurai aussi invisible qu'un fantôme.

Elle était là, y'a pas moins de quinze minutes, affirma Luis, en se tournant vers son interlocuteur.

Tu te fiches de moi j'espère ?! Elle n'a pas pu se volatiliser comme ça ! Y'a pas moins d'une dizaine d'hommes rien qu'au rez-de-chaussée, cracha-t-il violemment.

Mes membres tétanisés par la peur, furent secoués par une vague de tremblements face à la tension qu'il venait d'imposer à l'air.

Finalement j'ai bien fait de ne pas tenter la fuite.

L'ange déchuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant