36. Vincenzo

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PDV d'Isis Moretti



Ses yeux perçants me fixaient avec insistance, son visage s'était soudainement assombri, une aura sérieuse et autoritaire se dégageait de son être, contrastant avec l'énergie lumineuse qui s'en émanait quelques secondes plus tôt.

Où ? répéta-t-elle froidement.

J'avais du mal à avaler ma salive, ma gorge était si sèche que je me demandai si j'étais réellement capable de prononcer ne serait-ce qu'un mot.

Ses yeux d'un brun profond continuaient de me toiser, filtrant toutes les micros émotions que je pouvais laisser passer.

J'entrouvris la bouche, aspirant une bouffée d'air avant de m'autoriser à lui répondre.

À la cheville, prononçai-je le souffle court.

Elle bascula son attention vers mes jambes, ses pupilles observèrent attentivement leur état. Elle finit par  relever doucement le bas de mon jogging, me faisant légèrement serrer des dents.

Elle mit à nue ma cheville droite, permettant à tout le monde de voir l'étendue de la déchirure qui en faisait le tour.

J'avais beau l'avoir nettoyée à l'eau claire et désinfectée hier soir, elle n'avait pas belle allure. Un petit cri de stupeur lui échappa face à la gravité de la blessure.

Elle reprit cependant rapidement son calme et son sérieux, et se releva doucement, avec toujours la même expression froide et fermée.

Elle se tourna vers les autres, une aura encore plus dévastatrice que toute à l'heure.

On va à l'hôpital, ordonna-t-elle vivement, maintenant.

Vincenzo soupira, se massant les tempes, fatigué. Eos lui, expira lourdement, soulagé. Andrea et Aslan quant à eux, ne disaient rien.

On ne peut pas l'emmener à l'hôpital, claqua la voix de Vince'.

Je m'en contre-fiche de ton avis Vincenzo, elle ne peut pas rester dans cet état là ! s'écria Nella à bout de nerfs.

Et tu vas leur dire quoi exactement à l'accueil ? « Oui excusez-moi ma copine s'est faite taillader la cheville par un psychopathe vous pouvez faire quelque chose ? » railla-t-il, mauvais.

Je vais te-

Du calme les gars ! intervint Eos, le seul pacifiste de cet appartement.

Que je me calme ? Mais c'est une blague j'espère ?! Il faut qu'elle se fasse examiner par un putain de professionnel ! rétorqua-t-elle furieusement.

Je mis leur dispute en sourdine, ayant déjà trop mal à tête pour m'épuiser à les écouter se lancer des joutes verbales. Je dirigeai alors mon attention sur Aslan qui n'avait pas bougé de sa place.

Il regardait dans le vide, ses yeux charbonneux paraissaient se tarir d'une couleur encore plus sombre.

J'interrogeai Andrea du regard, mais je n'eus pour seule réponse, le pincement nerveux de ses lèvres.

Et alors que je m'apprêtais à lui parler, Nella me prit par le bras, m'obligeant à la regarder.

On y va Isis, dit-elle d'un ton sec.

Putain Nella tu peux pas m'écouter pour une fois dans ta vie ?! s'énerva Vincenzo en haussant le ton.

Elle se raidit, l'expression qu'elle arborait était indescriptible. Entre impatience et rage, elle était surtout submergée par l'inquiétude, je le voyais dans le fond de ses iris qu'elle était rongée par son angoisse.

L'ange déchuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant